14 novembre 2024 - UNIGE

 

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Un virage technologique révèle l’impact du diabète gestationnel

Grâce à un dispositif portable, une équipe de chercheurs et de chercheuses a identifié des dysfonctions persistantes dans la régulation du glucose chez les femmes ayant eu un diabète gestationnel.

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Les femmes ayant eu un diabète gestationnel continuent de présenter des altérations dans la régulation de leur glycémie après l’accouchement. Image: DR

 

Complication liée à la grossesse, le diabète gestationnel (DG) augmente le risque de développer un trouble du métabolisme, notamment le diabète de type 2. Ses effets après l’accouchement restent cependant mal compris. Pour combler cette lacune, une équipe de l’UNIGE, en collaboration avec le CHUV, les HUG, l’UNIL et l’EPFL, a utilisé des dispositifs portables pour surveiller la dynamique du glucose, l’activité physique, le sommeil et la fréquence cardiaque de femmes avec ou sans diagnostic de DG. Les résultats révèlent que des perturbations de la régulation de la glycémie persistent après l’accouchement chez les femmes touchées par cette affection, malgré des données cliniques usuelles comparables à la normale. Ces travaux, publiés le 12 novembre dans la revue Diabetologia, plaident en faveur d’un suivi adapté, même après l’accouchement.


Le diabète gestationnel survient durant la grossesse et touche environ 14% des femmes enceintes dans le monde, 10% en Suisse. Il se caractérise par une élévation de la glycémie, soit le taux de sucre dans le sang. «Contrairement à l’idée reçue que le DG disparaît après l’accouchement, nous savons maintenant qu’il peut augmenter le risque de diabète de type 2 à long terme jusqu’à 10 fois et favoriser l’apparition d’autres maladies cardio-métaboliques», indique Tinh-Hai Collet, professeur assistant au Département de médecine et au Centre facultaire du diabète (Faculté de médecine).


Les dynamiques du glucose perturbées
Avec une équipe de scientifiques, le chercheur a voulu mieux évaluer ce risque en suivant les marqueurs physiologiques et les habitudes comportementales de femmes durant la période post-partum. L’étude montre que les femmes ayant eu un DG présentent un poids plus élevé que la moyenne. Par ailleurs, même en consommant moins de glucides, leur glycémie met plus de temps à revenir à la normale après les repas. Leur rythme quotidien de glycémie est également perturbé, ce qui suggère un dysfonctionnement de leur horloge interne, ou rythme circadien.


«La dynamique physiologique de la glycémie comporte deux aspects, révèle Jardena Puder, coauteure de l’étude. Après les repas, notamment, une augmentation transitoire est généralement observée. Il existe également un cycle de la glycémie sur vingt-quatre heures influencé par les rythmes circadiens. Ces deux dynamiques sont perturbées chez les femmes ayant eu un diabète gestationnel.»


Surveillance continue
Les chercheurs et chercheuses ont suivi des femmes issues du CHUV, avec ou sans diagnostic de diabète gestationnel, grâce à des dispositifs portables de pointe capables de mesurer en temps réel la glycémie, les habitudes alimentaires, l’activité physique, le sommeil et la fréquence cardiaque pendant vingt-quatre heures. «Par exemple, nous avons pu intégrer les données de glycémie à une application pour smartphone de type journal alimentaire pour analyser la dynamique du glucose après les repas, indique Charna Dibner, coauteure de la recherche. Ce sont vraiment ces nouvelles technologies qui ont fait la différence pour cette étude.»


Ces mesures ont été effectuées sur une période de deux semaines, entre un et deux mois après l’accouchement, puis répétées six mois plus tard. L’étude a inclus 22 femmes avec un diabète gestationnel et les a comparées à 15 femmes avec un métabolisme du glucose normal pendant la grossesse qui précédait.


Nouveaux marqueurs identifiés
Les femmes ayant eu un DG continuent donc de présenter des altérations dans la régulation de leur glycémie, y compris celles qui avaient des valeurs glycémiques normales dans leur prise de sang habituelle. «Les techniques conventionnelles utilisées aujourd’hui pour le suivi en clinique sont adéquates, précise Tinh-Hai Collet. Toutefois, notre approche montre que le diabète gestationnel ne disparaît pas complètement après l’accouchement. Un trouble de la régulation du glucose persiste. Cela pourrait avoir des conséquences à long terme, et ce, même quand les valeurs glycémiques dans le sang sont normales.»


Ces travaux suggèrent qu’une surveillance de la variabilité de la glycémie durant la période post-partum permettrait d’identifier les femmes à risque. Les mesures effectuées par l’équipe de recherche pourraient servir de marqueurs de complications potentielles, même si ces dernières devront être définies sur le long terme, en particulier leur lien avec le développement du diabète de type 2.

 

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