6 juin 2024 - UNIGE

 

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Du glucose contre l’arthrose

Une nouvelle approche permet d’accroître la durée de vie des cellules souches injectées dans le cartilage et de faciliter la régénération de tissus endommagés par l’arthrose.

 

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Traitement par injection de cellules souches pour la régénération du cartilage. Image: UNIGE

 

Le traitement de l’arthrose basé sur l’injection de cellules souches dans le cartilage n’a jusqu’à présent pas tenu ses promesses, notamment en raison de la mort prématurée desdites cellules. Une approche développée par Éric Allémann et Olivier Jordan, respectivement professeur et maître d’enseignement et de recherche à la Section des sciences pharmaceutiques (Faculté des sciences), pourrait cependant changer la donne. Dans un article paru le 25 mai dans l’International Journal of Pharmaceutics, les scientifiques publient des résultats préliminaires prometteurs qui montrent qu’en combinant l’injection à un apport de glucose libéré progressivement, la survie des cellules souches est prolongée, permettant de stimuler la régénération du cartilage.

 

L’arthrose est une maladie dégénérative du cartilage. Elle peut apparaître dès 40 ans et se généralise avec l’âge, touchant 65% de la population de plus de 65 ans et 80% de la population de plus de 80 ans. Cette affection entraîne des frottements qui sont à l’origine d’inflammations, de douleurs, de gonflements et de raideurs, créant parfois de véritables handicaps. Elle se concentre majoritairement sur les articulations des genoux, les hanches, la colonne vertébrale et les mains. Malgré l’étendue de la population qui en souffre, relativement peu de recherches sont dédiées à cette maladie multifactorielle. Les personnes affectées se voient actuellement proposer des traitements anti-inflammatoires pour réduire la douleur ou des lubrifiants, tels que l’acide hyaluronique – naturellement présent dans le corps mais dont la production diminue avec l’âge –, pour limiter les frottements. Dans les cas les plus problématiques, la pose de prothèses s’avère nécessaire.

L’injection de cellules souches fait partie des nouveaux traitements thérapeutiques contre l’arthrose qui sont actuellement en développement. Le but, c’est qu’une fois dans les articulations, ces cellules libèrent naturellement des biomolécules, telles que des facteurs de croissance, qui interagissent avec les cellules du cartilage pour diminuer l’inflammation et stimuler la croissance de nouvelles cellules.

Le problème est que ces cellules souches, qui proviennent d’une autre partie du corps du patient ou de la patiente (en général la graisse ou la moelle osseuse), ne se retrouvent pas dans un environnement optimal pour leur croissance. Les tissus des articulations ne sont notamment pas vascularisés et ne sont donc pas approvisionnés en nutriments et en oxygène. Les cellules meurent donc très rapidement, sans avoir eu le temps de libérer suffisamment de molécules aux effets bénéfiques sur les cellules dégénérescentes.

Pour contourner ce problème, les scientifiques ont tenté de fournir à ces cellules souches une source d’énergie afin d’augmenter leur durée de vie. Le glucose, le meilleur candidat à première vue, a pour inconvénient d’être éliminé trop rapidement par les fluides du corps. La subtilité du travail genevois a consisté à accrocher le glucose à de l’acide hyaluronique, afin que les molécules de sucre ne soient pas tout de suite éliminées mais libérées par petites doses régulières.

Des tests ont montré que les cellules souches, injectées à des cultures cellulaires de tissu du cartilage, survivaient plus de trois jours en présence du glucose associé à l’acide hyaluronique, contre moins de 24 heures en l’absence de cette source d’énergie. Ces trois jours sont suffisants pour libérer les facteurs de croissance et les molécules activatrices à l’origine de la régénération du cartilage. Il convient désormais de confirmer ces résultats préliminaires sur un modèle animal.
 

 

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