17 novembre 2022 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Des examens anonymes pour davantage d’équité

Après un essai pilote mené avec succès au sein de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, l’UNIGE va généraliser l’anonymisation des examens dès le semestre de printemps.

 

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Image: J. Erard/UNIGE


En tant qu’enseignant-e, il y a des biais de correction dont il vaut mieux être conscient-e avant de s’atteler à l’évaluation des copies de ses étudiant-es. C’est essentiel pour garantir un jugement objectif et impartial lorsque l’on passe des travaux de Morgane à ceux d’Alexandre, puis à ceux de Leïla. Mais ces biais interviennent aussi à l’insu de tout correcteur/trice. Afin de neutraliser autant que possible les effets de biais d’évaluation culturels ou genrés, l’Assemblée de l’Université et le Rectorat ont largement débattu ces dernières années avant d’aboutir, en 2017, à une motion considérant que «le processus d’anonymat offre des garanties de traitement équitable des étudiant-es» et de conclure que «l’Université doit anonymiser les examens qui peuvent l’être afin de favoriser l’égalité des chances». Une option que le Comité d’éthique et de déontologie a également recommandée.


«Dans un premier temps, nous avons commencé à développer l’e-assessment, en proposant des examens sur ordinateur, ce qui peut faciliter techniquement l’anonymisation, commente Micheline Louis-Courvoisier, vice-rectrice responsable de l’enseignement. Parallèlement, la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) a accepté de jouer un rôle de pilote pour implanter cette anonymisation quel que soit le support de l’examen (papier-crayon ou en ligne). L’expérience a toutefois été ralentie par la pandémie, qui a obligé l’institution à se concentrer sur des questions beaucoup plus urgentes. Le projet a pris fin au semestre dernier et la FPSE a rendu un rapport clair et précis sur la question. L’adoption, le 14 octobre dernier, du projet de loi "Examens écrits anonymes à l’Université de Genève" par le Grand Conseil a, par ailleurs, accéléré le processus.»

Utilisation du numéro d’immatriculation

Après avoir analysé les pratiques adoptées en la matière par cinq hautes écoles suisse, belge et françaises, l’anonymisation des copies par usage du numéro d’immatriculation est apparue comme la méthode la plus simple et la moins coûteuse. Des enseignant-es volontaires se sont ainsi livré-es à une première expérience, puis la Faculté a généralisé le projet à tous les examens écrits de la session de juin 2022.

Le dispositif ayant donné satisfaction, il a été reconduit pour la session de septembre 2022. Le rapport de la Faculté met en avant deux avantages liés à cette méthode: le niveau d’anonymisation induit par l’usage des numéros d’immatriculation est jugé suffisant par les étudiant-es et leurs associations représentatives; les enseignant-es ont jugé la procédure fonctionnelle, même si elle leur a parfois demandé d’aménager leurs modalités de contrôle des présences.

L’expérience a également montré que les deux enjeux les plus importants à anticiper étaient la communication avec le corps enseignant – afin qu’il comprenne bien la procédure et qu’il participe activement à l’implémenter – et le développement de l’infrastructure numérique appelée à soutenir le changement. «Le rapport de la FPSE est maintenant partagé avec toutes les facultés, qui vont pouvoir s’approprier l’expérience, complète la vice-rectrice. Dans cette optique, les développements informatiques encore nécessaires à cette généralisation vont être accélérés.»

Liberté du mode d’évaluation

Les modalités des examens – dont l’anonymisation fait partie – étant communiquées aux étudiant-es en début de semestre, celle-ci ne sera déployée qu’à partir du semestre de printemps. Les modes d’évaluation non anonymisables, comme les examens oraux par exemple, ne disparaîtront pas pour autant. «Un examen n’est pas seulement une sanction, il peut aussi faire partie du processus de formation, précise Micheline Louis-Courvoisier. En effet, si le QCM est parfois nécessaire, d’autres formats sont beaucoup plus pertinents pour évaluer avec finesse la progression d’un-e étudiant-e. Il est nécessaire de lutter contre les biais involontaires, mais il faut aussi pouvoir évaluer la progression en termes d’apprentissage et de raisonnement. Les techniques d’auto-évaluation peuvent ainsi être très formatrices.»

Les enseignant-es auront toute liberté pour choisir leur mode d’évaluation, mais devront se soumettre à l’anonymisation des examens en fonction du format choisi. Une directive fixant ce périmètre est en cours de rédaction.

 

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