2 novembre 2023 - Rachel Richterich

 

Vie de l'UNIGE

Dans les coulisses du Concours de Genève

Dans le cadre d’un séminaire de musicologie, des étudiant-es de l’UNIGE explorent l’envers d’une compétition internationale de musique classique.

 

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Les participant-es au séminaire «Initiation à la médiation musicale" ont produit des documents d'accompagnement pour le Concours de Genève. Image: N. Donin/UNIGE


L’interprétation est-elle sincère? Les musiciens parviennent-ils à restituer l’univers de l’œuvre? Ce sont quelques-unes des questions que doit se poser un jury d'un concours musical, pour ne pas se laisser influencer par ses goûts personnels. Celles-ci ont été rassemblées dans une brochure résultant d’un projet mené par des étudiant-es de l’Unité de musicologie de l’Université de Genève pour le compte du prestigieux Concours de Genève. Mené conjointement avec la Haute École de musique (HEM), le projet s’inscrit dans le cadre du séminaire «Initiation à la médiation musicale».


En fort développement dans les institutions culturelles depuis une vingtaine d’années, cette approche vise à transmettre au public les codes de compréhension d’un genre, d’une œuvre ou d’une démarche artistique – dans le cas présent, de la musique classique. «Mais aussi à créer une ouverture pour permettre à des personnes, éloignées de ces institutions culturelles, de l’apprécier», indique Raphaël Eccel, assistant à l’Unité de musicologie et référent pour la médiation, lui-même médiateur pour l’Opéra de Fribourg.

Au total, 11 étudiant-es ont participé à l’opération, en se focalisant uniquement sur l’épreuve du quatuor à cordes, «un pilier de la musique occidentale», dont le lauréat, Novo Quartet, a été primé dimanche dernier, souligne Raphaël Eccel. Ils ont contribué à l’événement, d’une part, en tant que membres du jury pour décerner le prix des étudiant-es. Et, d’autre part, en réalisant des supports de communication autour de cette compétition de musique classique renommée, dédiée cette année aux quatuors à cordes et à la flûte, épreuve dont la finale a lieu samedi prochain.

C’est ainsi qu’est née la brochure rassemblant les questionnements auxquels se trouve confronté un jury. Intitulée L’Art de juger un quatuor à cordes, elle relate notamment leur propre expérience en tant que juré-es. «Pour le public, le choix de l’œuvre peut être éliminatoire. S’il n’aime pas, il va l’exprimer. Les juré-es doivent, pour leur part, s’en distancier», illustre Lucie Regaissé, étudiante en musicologie qui a participé au projet.

La brochure aborde aussi la préparation nécessaire en vue de l’évaluation des épreuves ou la gestion des différents points de vue au sein des membres, dans le but également de donner des clés au public et de lui faire prendre conscience de ces biais pour son vote à lui. Le propos est enrichi de témoignages émanant de musicien-nes de quatuor ainsi que de membres du jury officiel. 

 

Un podcast en cinq épisodes

Un deuxième groupe de cinq étudiant-es a réalisé un podcast en cinq épisodes – un par quatuor semi-finaliste au concours. Le ton très libre qui est d’usage dans ce médium permet de démythifier et de désacraliser la musique. «Au cours des entretiens menés avec les musicien-nes, on découvre que ce sont des jeunes qui écoutent de l’électro et mangent des biscuits en forme de panda. Plus sérieusement, ces entretiens brisent l’image parfois trop lisse qui colle à la peau de ces musicien-nes et leur donnent des traits plus humains», s’enthousiasme une autre participante, Lucia Vité.

Les deux étudiantes ont par ailleurs apprécié le déroulé très concret et très appliqué de l’exercice qui leur a permis de conduire un projet de bout en bout. D’autant que ce séminaire, qui se veut professionnalisant, s’est déroulé dans des conditions proches de la réalité, avec des délais serrés à tenir. De quoi peut-être susciter des vocations? «Je ne connaissais pas la médiation culturelle avant de participer au projet, c’est une belle découverte et je peux me projeter dans un métier tel que celui-là», confie Lucia Vité.

 

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