19 octobre 2023 - Rachel Richterich
Sur les traces des enfants de la migration
Le projet poliScope de la Faculté des sciences de la société inaugure une nouvelle plateforme de vulgarisation illustrée, consacrée à la migration pour et par les enfants.
Le nouveau module du poliScope, spécifiquement développé pour un très jeune public, est accessible aux écoliers dès la 7P. Image: poliScope
Le bruit des bombardements résonne encore dans l’esprit de Daryia quand elle raconte comment elle a fui son pays natal, l’Ukraine, avec ses parents. Parti-es de Syrie, Hana et Issam se souviennent, quant à eux, de leur traversée de la Méditerranée vers un monde inconnu. Il y a aussi ce jeune garçon qui tait son nom, car arrivé clandestinement en Suisse avec sa famille et qui vit son quotidien dans le secret. Ces récits côtoient ceux d’Anna et de Luka, enfants de travailleurs/euses expatrié-es confronté-es à d’autres difficultés d’intégration ou celui de Flavio, issu de la troisième génération d’immigré-es italien-nes.
«Nous avons cherché à voir la migration à travers les yeux des enfants»
Le dernier module de vulgarisation du poliScope destiné aux enfants s’appuie sur les recherches de Philippe Wanner, professeur à l’Institut de démographie et socioéconomie, et de son équipe.
Le Journal: Pourquoi avoir choisi de travailler sur des trajectoires d’enfants migrant-es?
Philippe Wanner: Nous souhaitions trouver un angle d’approche qui soit accessible aux plus jeunes, raison pour laquelle nous avons choisi de raconter la migration avec des récits d’enfants et à travers des dessins. Il s’agissait aussi de combler une lacune. Les récits de migration sont généralement racontés par des adultes, les enfants n’étant souvent considéré-es que comme des accompagnant-es. Nous avons cherché à voir la migration à travers les yeux des enfants. Nous voulions adopter leur regard et montrer comment ces enfants vivent leur parcours migratoire.
Comment avez-vous procédé?
Nous avons commencé par chercher à identifier les différentes trajectoires, grâce aux chiffres et aux statistiques officiels auxquels nous avons accès. De cette petite enquête, il est ressorti cinq parcours types. Puis, nous nous sommes basé-es sur l’abondante littérature existant sur la migration pour créer les différents scénarios.
Ces investigations seront-elles approfondies?
Elles nous ont permis de soulever des problématiques qui peuvent constituer des axes pour de futurs travaux de recherche. Il subsiste en effet tout un pan de la vie en migration dont on ne sait que peu de choses, notamment quant à la langue qui est parlée à la maison par ces enfants migrant-es ou aux relations qu’elles et ils entretiennent avec les enfants natifs/ives, par exemple.