23 août 2023 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Un expert de l’UNIGE cartographie les technologies de la supraconductivité pour le World Economic Forum

Professeur à la Faculté des sciences, Carmine Senatore est le premier expert de l’UNIGE à collaborer avec le World Economic Forum autour d’une «transformation map». Sa mission: mieux faire connaître les technologies issues de la supraconductivité dans les milieux économiques et politiques.

 

Photo: UNIGE

 

Le World Economic Forum a mis en place il y a 6 ans une plateforme nommée «Strategic Intelligence». Son objectif est d’identifier les innovations, technologies et autres productions académiques susceptibles d’avoir un impact sur les enjeux économiques, industriels et sociétaux actuels. Chacune d’entre elles fait l’objet d’une «transformation map» qui décline un certain nombre de questions clés relatives à la thématique. Celles-ci sont ensuite mises en relation avec d’autres questions clés dans d’autres domaines. Pour le Forum, il s’agit d’«un moyen dynamique d’explorer les forces de transformation à l’œuvre sur des problématiques telles que le changement climatique ou l’intelligence artificielle, en collaboration avec des universités de premier plan et des organisations internationales».

Pour la première fois, le World Economic Forum a fait appel à un expert de l’UNIGE, le professeur Carmine Senatore, pour réaliser une «transformation map» sur les technologies issues des recherches menées dans le domaine de la supraconductivité. Pour le professeur de la Faculté des sciences, qui s’intéresse depuis de nombreuses années aux liens entre la recherche appliquée et l’industrie, cette invitation – fruit des excellentes relations tissées ces dernières années entre l’UNIGE et le Forum – est une occasion unique de faire connaître à la communauté des décideurs économiques et politiques le degré de maturité atteint par les technologies qui utilisent la supraconductivité.

 

Des supraconducteurs pour une énergie propre et abondante

Carmine_Senatore-J.jpgL’imagerie médicale est le domaine dans lequel la supraconductivité trouve actuellement ses principales applications commerciales, grâce au développement des aimants à champs élevés employés pour l’imagerie à résonance magnétique et la spectroscopie à résonance magnétique nucléaire. Demain, elle jouera certainement un rôle de premier plan dans le domaine énergétique. La nouvelle génération de supraconducteurs à plus haute température permet en effet de concevoir des machines pour la fusion nucléaire beaucoup plus compactes que celles actuellement prévues pour le réacteur à fusion thermonucléaire expérimental international (ITER) en construction à Cadarache dans le sud de la France. «Ces progrès dans la technologie des supraconducteurs ont déclenché un enthousiasme croissant chez les investisseurs/euses et ouvrent la perspective de pouvoir fournir une énergie propre et abondante dans un avenir proche», souligne Carmine Senatore.

Les principaux acteurs de l’industrie aéronautique s’intéressent également aux moteurs supraconducteurs combinés avec de l’hydrogène comme combustible. Cette substance à l’état liquide est en effet suffisamment froide pour refroidir des matériaux supraconducteurs. Parmi les autres technologies mises en avant par la «transformation map» réalisée en collaboration avec le professeur Senatore, les câbles supraconducteurs permettent d’envisager une meilleure distribution de l’électricité dans les villes, ce qui va s’avérer crucial pour alimenter le parc grandissant des véhicules électriques. Autre champ d’application particulièrement prometteur de la supraconductivité: l’informatique quantique, avec à la clé une électronique plus rapide et moins gourmande en watts.

Dans certains de ces exemples, la technologie est au point. Dans d’autres domaines, il n’existe pour l’instant que des prototypes. «Je ne dis pas qu’il faudrait un Elon Musk pour la supraconductivité, conclut Carmine Senatore, mais c’est quand même un peu l’idée. La supra peut jouer un rôle central pour la transition énergétique, mais il s’agit de trouver des entités économiques capables d’investissements massifs. D’où l’importance d’amener la discussion dans une arène comme le World Economic Forum.»

 

Vie de l'UNIGE