18 septembre 2024 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Direction bien-être: suivez le guide!

La bienveillance envers soi-même mérite d’être cultivée pour améliorer sa santé mentale et son bien-être. Un guide pratique vient d’être publié. Il fait suite à un projet original réalisé à l’initiative d’une chercheuse en sciences affectives.


 

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«Je me souhaite d’être là où se trouvent mes pieds», «Ich bin ich, und das ist genug» (je suis moi, et c’est assez), «Merezco todo lo bueno que me sucede» (je mérite tout ce qui m’arrive de bien)… Des milliers de messages similaires peuvent se lire sur le «mur de la compassion» situé à la sortie du Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR). Un mur que Patricia Cernadas, postdoctorante au Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA), a imaginé à l’issue d’une visite guidée de l’exposition permanente. «On ressort généralement du musée en étant très chargé-e émotionnellement, car les objets présentés touchent à des thématiques lourdes, comme la guerre, l’exil, la souffrance, la détresse… explique la chercheuse. Avec Pascal Hufschmid, le directeur du Musée, nous avons donc discuté des moyens à mettre en œuvre pour que les visiteurs et visiteuses puissent repartir en pensant à eux/elles et en allant mieux.»

 

Régulation émotionnelle
Les recherches de Patricia Cernadas se focalisant sur la promotion de meilleures relations sociales à travers la compassion, c’est tout naturellement que celle-ci a élaboré un projet permettant d’entretenir cette émotion. Concrètement, un mur placé à la sortie du musée permettait aux visiteurs/euses d’inscrire des vœux de bienveillance qui leur étaient destinés. «De nombreuses études montrent que cultiver la compassion pour soi est efficace dans les moments de difficulté, explique la chercheuse. Les personnes qui sont bienveillantes avec elles-mêmes sont aussi en meilleure santé. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, une augmentation des comportements altruistes peut également être observée.»

Messages universels
La proposition a immédiatement rencontré le succès, avec plus de 5000 messages récoltés entre novembre 2022 et juillet 2023. «Face à l’ampleur de la participation du public, nous avons souhaité valoriser le projet en le faisant vivre hors du musée, ajoute la chercheuse. Ce qui est très surprenant, c’est que les messages, bien qu’ils soient très divers et issus de personnes inconnues, font écho à des situations que nous avons toutes et tous vécues. Il y a quelque chose de très touchant à pouvoir nous relier à travers ces inscriptions.»

Après avoir traduit les messages laissés en langue étrangère (chinois, japonais, russe, etc.), l’équipe s’est attelée à les classifier sous l’angle des trois composantes de la compassion pour soi: la gentillesse envers soi-même, la conscience que la souffrance fait partie de l’aventure humaine et l’ancrage dans le moment présent en acceptant ses émotions et ses pensées. «Cette classification s’est finalement avérée trop déséquilibrée, commente Patricia Cernadas. Peu de gens font par exemple l’exercice du moment présent. Nous avons donc choisi de sélectionner les messages qui résonnaient le plus en nous, en gardant ceux qui étaient les plus universels, mais aussi les plus inspirants et les plus drôles.» À l’issue de ce travail, les scientifiques se sont arrêté-es sur 150 coups de cœur, dont 40 ont finalement été retenus pour une publication en partenariat avec le Musée.

Pour aider les lecteurs/trices à cultiver cette forme de compassion, la chercheuse a ajouté, à la fin de l’ouvrage, des suggestions d’activités. «Il s’agit tout d’abord de rédiger ses propres vœux, dans l'idée de préparer le terrain pour la prochaine adversité, explique la psychologue. Un "carnet-remède" à utiliser quand ça ne va pas, mais aussi quand ça va bien.»

 

Patricia Cernadas Curotto
«À bras le cœur/Be gentle with your heart»
Helvetiq 2024
112 p.

 

 

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