28 novembre 2024 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

Elise Vonaesch, une vie entre études et carrière littéraire

Étudiante en français moderne, la Genevoise Elise Vonaesch est également autrice. Elle publie «Télé-Riviera», une satire de la téléréalité, le troisième roman de sa jeune carrière.


 

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Elise Vonaesch suit la majorité de ses cours dans le bâtiment des Philosophes. Photo: Fabien Scotti


Certain-es ont besoin d’isolement pour écrire. Elise Vonaesch n’est pas de ces gens-là. Sortir, suivre des cours, rencontrer du monde, échanger: l’étudiante de 25 ans en a besoin pour nourrir sa plume. «Pendant le confinement du printemps 2020, alors que j’avais beaucoup plus de temps, le fait d’être privée de toute stimulation extérieure m’a complètement bloquée dans mon écriture, se remémore la jeune femme. Mais dès que la situation sanitaire s’est détendue, c’est reparti en flèche.» C’est alors qu’elle pose les bases de son troisième roman Télé-Riviera, paru récemment aux éditions genevoises 5 Sens. Dans cette fiction satirique, huit célébrités tombées dans l’oubli espèrent renouer avec le succès en participant à une nouvelle émission suisse de téléréalité, Télé-Riviera, produite par un homme impitoyable et aveuglé par le gain. «En l’écrivant, précise-t-elle, je me demandais ce qui me motivait et je revenais souvent au thème de l’argent. On lui donne tellement de place dans nos vies, dans notre société. Je me suis aperçue que j’avais besoin de m’exprimer à ce sujet. Et cela a débouché sur l’écriture de ce livre.»

 

Elise Vonaesch écrit depuis l’âge de 13 ans. Depuis qu’elle a lu Le Journal d’Anne Franck. Discrète et de nature introvertie, elle y trouve un moyen de s’exprimer plus commode que la parole. Elle commence par des nouvelles courtes. Reçoit son premier prix littéraire à 16 ans, puis se lance le défi d’écrire un roman à l’occasion de son travail de maturité. Mission accomplie: Clandestines paraît aux Éditions Olivétan en 2019. L’auteure y raconte le destin de deux femmes engagées, l’une prenant part à la guerre des Camisards, la révolte protestante du XVIIIe siècle, l’autre à la Résistance française pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce récit historique sera récompensé par le prix de théologie des universités romandes, ainsi que par le prix Colladon de l’Église protestante de Genève.

Sa maturité gymnasiale en poche et des projets d’écriture plein les tiroirs, Elise Vonaesch se lance dans des études de lettres à l’UNIGE. «Au collège, c’était un peu compliqué de jumeler écriture et étude, alors j’ai choisi de mener mes études à temps partiel, rapporte-t-elle. Cela me laissait beaucoup de temps pour écrire et je pouvais le faire quand j’avais de l'inspiration, sans avoir besoin de m’organiser. C’est un luxe.» C’est ainsi que, tout en menant ses études en français moderne et russe, elle travaille à son deuxième roman Comment volent les oiseaux blessés? (Éditions 5 Sens, 2022) qui, sur fond d’amour lesbien, brosse un portrait noir du milieu de la mode et du journalisme sensationnel.

Relève littéraire
L’année suivante, la Genevoise est sélectionnée pour participer à un programme de relève littéraire. Destinée à dix «représentant-es de la nouvelle scène romande», cette formation pratique vise à offrir aux jeunes auteur-es une meilleure connaissance du milieu littéraire et de la chaîne du livre, ainsi qu’un réseau et des contacts, éléments indispensables à la suite de leur parcours. Pour Elise Vonaesch, la parution de son troisième livre et les activités de promotion qui en découlent sont déjà l’occasion de mettre à profit ces nouveaux apprentissages. «Quand mon premier roman est sorti, j’avais à peine 20 ans, je n’étais pas prête, concède-t-elle. Je ne savais pas ce qui était attendu de moi et j’ai fait le minimum. Aujourd’hui, je vais mettre en œuvre tout ce qui est en mon pouvoir pour faire connaître mon nouveau livre. Il y a tellement de parutions, c’est très dur de se faire une place.»

Au cours de sa dernière année à l’université, la jeune femme se concentrera donc sur ce travail de promotion, ainsi que sur la rédaction de son mémoire de master qu’elle consacrera à Elsa Triolet. Plus connue pour avoir été l’épouse de Louis Aragon, cette dernière a pourtant beaucoup écrit, notamment sur la Résistance, à laquelle elle a participé, et a été une source d’inspiration pour la jeune romancière. Quant au prochain roman, il faudra attendre encore un peu pour en découvrir la teneur, Elise Vonaesch avouant ne pas avoir de projet sur le feu. Elle porte cependant quelques espoirs sur son dernier cours, un enseignement d’écriture créative duquel pourrait bien surgir une envie.

 

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