10 octobre 2024 - Jacques Erard
L’Université perfectionne ses installations numériques dédiées à la recherche
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Depuis que le concept de la science ouverte a été intégré dans les stratégies nationales, il y a une dizaine d’années, les infrastructures numériques dédiées aux données de la recherche gagnent en importance. Chercheurs et chercheuses sont encouragées, voire obligées de déposer leurs travaux sur des plateformes afin de les partager et de les pérenniser. Swissuniversities et le FNS ont adopté en 2017 une stratégie nationale pour l’open access, qui a fait l’objet d’une révision en 2024. Les instances universitaires nationales ont également publié en 2021 une Stratégie sur les données de recherche ouvertes. Dans le but d’encourager ces démarches, le FNS peut octroyer un financement pour les activités de dépôt.
Par le biais du numérique, les scientifiques bénéficient par ailleurs d’une puissance de calcul qui révolutionne la façon dont la recherche est menée, aussi bien en sciences humaines et sociales qu’en sciences naturelles.
À l’UNIGE, le programme «Infrastructures et services numériques pour la recherche» propose depuis cette rentrée académique plusieurs nouveautés. En s’appuyant sur les standards des humanités numériques en matière de partage des ressources visuelles, le service hedera facilite désormais l’analyse de données sémantiques, leur interopérabilité et leur partage ainsi que leur traitement éventuel par l’IA. Des archéologues de l’Université y ont déposé un ensemble de plus de 8700 diapositives d’objets archéologiques qui témoignent de l’importante évolution sociologique qu’a connue l’être humain entre le néolithique et l’Antiquité. L’un des avantages d’hedera est qu’il permet la visualisation et la gestion d’images via le protocole IIIF (International Image Interoperability Framework) qui s’adapte à une grande variété de formats. Des historien-nes de l’art l’utilisent également pour étudier les phénomènes liés à la mondialisation des images.
Hedera est par ailleurs connecté à la plateforme Yareta. Reconnue par le FNS et utilisée depuis plusieurs années à l’UNIGE pour le dépôt et le partage des données, cette dernière s’est récemment enrichie de nouvelles fonctionnalités. Les scientifiques peuvent notamment y déclarer le degré de sensibilité de leurs données ainsi que des conditions d’accès relatives à des obligations contractuelles. Créée à l’initiative de l’État de Genève, Yareta a récemment obtenu la certification internationale Core Trust Seal.
L’interface de l’Archive ouverte UNIGE, sur laquelle les chercheurs et chercheuses déposent leurs articles scientifiques et leurs travaux de thèse afin de les diffuser le plus largement possible, a, quant à elle, été entièrement revue. Chaque auteur-e dispose désormais d’un tableau de bord personnalisé répertoriant toutes ses publications ainsi que les statistiques de consultation et de téléchargement. Les identifiants ORCID, qui permettent d’identifier les auteur-es de contributions académiques de manière universelle, sont également intégrés dans ce dépôt institutionnel, né dans le giron du mouvement de l’open access. Ils offrent la possibilité de compléter de manière automatique le profil des chercheurs et des chercheuses avec leurs publications.
Enfin, un nouveau cluster de calcul à haute performance appelé «Bamboo» a été mis en service au Campus Biotech. Il s’ajoute aux deux installations du même type déjà existantes, Baobab et Yggdrasil. Particulièrement adapté aux simulations 3D, au machine learning et à l’IA générative, il répond aux dernières exigences en matière de consommation énergétique. Pour des raisons tant environnementales qu’économiques, son utilisation sera rendue payante au-delà de 100’000 heures de calcul, dès le mois de janvier 2025. Cette pratique est déjà courante dans la plupart des hautes écoles suisses.
L’empreinte carbone liée à l’utilisation des infrastructures numériques de recherche devenant une préoccupation centrale, un plan de remplacement du parc des serveurs les plus anciens de l’Université a également été prévu.