6 juin 2024 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Deux jeunes cheffes dirigeront le Chœur et l’Orchestre de l’UNIGE


 

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Victoria Hall Genève, 4 mai 2024. Image: Fabien Scotti/UNIGE

 

Le Chœur et l’Orchestre de l’UNIGE se produisent régulièrement dans des salles de concert à Genève, offrant une belle visibilité aux activités extra-académiques proposées par l’Université à ses étudiant-es et collaborateurs/trices. En témoigne la dernière prestation du Chœur, au mois de mai, qui a fait quasiment salle comble au Victoria Hall. Accompagné-es par l’Orchestre de la Haute École de musique de Genève (HEM), les choristes y ont notamment interprété une œuvre de Philip Glass, tandis qu’était projetée une vidéo réalisée pour cette occasion par des étudiant-es de la Haute École d’art et de design de Genève (HEAD). Un moment très remarqué, attestant des possibilités créatrices et collaboratives de telles performances.

Dès la prochaine saison, le Chœur et l’Orchestre de l’UNIGE seront dirigés par deux nouvelles cheffes: respectivement Léonie Cachelin et Judith Baubérot. Rencontre.

 

Judith Baubérot

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Photo: Carole Parodi

Formée à la Haute École de musique de Genève, Judith Baubérot a fait ses classes de violon avec Sasha Rozhdestvensky et étudié la direction d’orchestre avec Laurent Gay et Nicolas Brochot. Elle s’est en outre formée à la musique de chambre avec Gábor Takács-Nagy et le Quatuor Voce. Durant ses études, elle a été amenée à diriger plusieurs orchestres tels que l’Orchestre des Pays de la Loire, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Orchestre de chambre de Genève ainsi que l’Orchestre de la HEM avec lequel elle a créé, en avril 2023, la pièce du compositeur genevois Xavier Dayer Étude de mouvements ou de repos, au Victoria Hall. À l’issue de son récital final, en juin 2023, l’Orchestre de chambre de Genève lui a attribué un prix spécial et l’a invitée à diriger l’Orchestre au cours de la saison 2024-2025.

Le Journal: Quel intérêt trouvez-vous à exercer dans une université, avec des instrumentistes semi-professionnel-les?
Judith Baubérot
: Je me réjouis énormément à l’idée de faire de la musique toutes les semaines avec des musicien-nes de tous horizons qui viennent uniquement par plaisir et par désir de jouer avec d’autres personnes. C’est à mon sens la grande force des orchestres amateurs et semi-professionnels. Cela leur donne une énergie particulière qui est très agréable à manier pour un-e chef-fe d’orchestre.

Comment envisagez-vous de construire la prochaine saison de l’Orchestre de l’UNIGE?
Je dois répondre à plusieurs contraintes. Il faut que les répertoires plaisent à l’orchestre et qu’ils le mettent au défi, sans pour autant le décourager si les difficultés sont trop grandes. En partenariat avec Léonie Cachelin, pour le concert avec chœur de décembre et avec les solistes que je voudrais inviter, je dois aussi construire une saison qui soit variée, originale et attractive.

Le milieu de la musique classique semble encore très masculin, surtout en ce qui concerne la direction d’orchestre. Est-ce aussi un défi pour vous?
La direction d’orchestre n’échappe pas à l’ensemble des professions qui impliquent un leadership et un pouvoir décisionnel. Celles-ci sont plus généralement confiées à des hommes et on a encore du mal à accepter un changement du modèle traditionnel de l’autorité. Cependant, ces dernières années, de nombreuses initiatives visent à faire évoluer les statistiques dans la musique et, bien que cela soit difficile, surtout lorsqu’il s'agit de faire changer la conscience collective, j’ai confiance dans un avenir plus égalitaire où il ne sera plus question d’être un homme ou une femme mais seulement d’être chef-fe d’orchestre.

Léonie Cachelin

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Photo: Augustin Laude

Née en Suisse, Léonie Cachelin commence à chanter à l’âge de 11 ans à la Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève. Diplômée d’un Bachelor of Arts en chant lyrique et d’un Master of Arts en pédagogie vocale de la Haute École de musique de Lausanne dans la classe de Jeannette Fischer, elle étudie également la direction de chœur en deuxième master à Genève et à Stuttgart auprès de Celso Antunes et Denis Rouger. Après avoir créé à l’âge de 18 ans son propre ensemble vocal, L’Ensemble C’est Tout, elle dirige ensuite entre 2014 et 2018 le chœur des Stages musicaux d’Évolène. Depuis 2022, elle est cheffe invitée de l’Ensemble vocal Buissonnier. Léonie Cachelin cultive par ailleurs une riche activité de chanteuse: elle se produit régulièrement comme mezzo solo en oratorio et chante comme choriste dans des ensembles de renommée tels que l’Ensemble vocal de Lausanne. Depuis quelques années, elle développe une complicité musicale avec l’organiste Vincent Thévenaz qui les amène à proposer plusieurs récitals orgue et voix. Lauréate du prix d’excellence du cursus en pédagogie de la HES-SO en 2019, Léonie Cachelin a également remporté deux prix avec l’Ensemble Diaphane dont elle est membre fondatrice: le premier prix du Concours international de musique et d’art dramatique Léopold Bellan en 2020 et le prix Les Art’Scènes du concours «Osez!» en 2023.

Le Journal: Avez-vous un intérêt particulier à travailler avec un chœur universitaire?
Léonie Cachelin
: Je me réjouis d’abord de travailler avec un grand chœur, c’est nouveau pour moi de faire face à une centaine de choristes: c’est très galvanisant et cela ouvre des perspectives de grand répertoire. Le défi, mais aussi la richesse, que représentent les changements d’effectifs d’année en année est aussi une source de motivation: les étudiant-es, alumni, et autres membres du chœur sont là pour un temps seulement. Tout est à rééquilibrer d’une volée à l’autre et il s’agit de reformer une pâte sonore. C’est un travail que j’adore. Ces mouvements créent par ailleurs un dynamisme exceptionnel et donnent au chœur une forme de jeunesse éternelle.

Comment envisagez-vous de construire la prochaine saison du Chœur de l’UNIGE?
Avec ma collègue Judith Baubérot, nous aimerions beaucoup faire collaborer l’Orchestre et le Chœur dans la continuité de ce qui a déjà été fait par nos prédécesseurs, notamment pour les concerts du mois de décembre. Il y a également une volonté de pluridisciplinarité qui nous parle à toutes les deux et qui pourrait nous amener à créer des programmes avec une dimension scénique et/ou visuelle, pour les saisons prochaines. Pour ce qui est de la saison à venir concernant le Chœur, j’ai très envie de proposer un programme de musique baroque italienne, qui est un répertoire que j’affectionne tout particulièrement. L’énergie et l’efficacité de cette musique m’ont toujours portée et fascinée, j’ai donc hâte de les partager avec le chœur.

Le milieu de la musique classique semble encore très masculin, surtout en ce qui concerne la direction d’ensembles. Est-ce aussi un défi pour vous?
Il est vrai que les métiers de chef-fes de chœur et d’orchestre ont longtemps été réservés aux hommes. Heureusement, les choses bougent et aujourd’hui, on voit de plus en plus de femmes à la tête de chœurs et d’orchestres, même si on est loin de la parité. Pour ma part, la direction de chœur a été assez rapidement une évidence et je n’ai pas eu le sentiment que ce métier m’était interdit, car j’ai eu la chance de connaître plusieurs femmes cheffes de chœur dans mon parcours de musicienne. Par contre, je me rends compte avec le temps que la position de cheffe me met face à de drôles de mécanismes, probablement très ancrés et inconscients liés au patriarcat: je déteste diriger en robe ou en jupe, car j’ai littéralement le sentiment de perdre toute ma force. Je pense que c’est assez révélateur. Je note aussi qu’en Suisse, au niveau professionnel, les orchestres et les chœurs sont systématiquement dirigés par des hommes… Il y a donc encore pas mal de chemin à faire.

Le Chœur et l’Orchestre de l’UNIGE, dirigés par Pierre-Antoine Marçais, clôturent l’année académique lors de la Fête de la musique, par une interprétation du «Requiem» de Mozart.
Cathédrale Saint-Pierre, Genève
Samedi 22 juin à 20h15

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