24 octobre 2024 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Les humanités numériques font leur entrée au musée

Lancée il y a deux ans, une collaboration entre le Musée d’art et d’histoire et la chaire des humanités numériques permet au musée de bénéficier des savoirs de l’alma mater en matière d’open data et aux étudiant-es de l’UNIGE de travailler sur des données concrètes et locales.


 

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Catalogue d'exposition de la Galerie Moos, mai 1920.
Image: MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève

 

Première galerie d’art moderne de Genève, la Galerie Moos a été fondée en 1906 par le marchand de tableaux Max Moos et ses activités ont perduré jusqu’en 1976. Dépositaire de ses archives et de ses ressources, le Musée d’art et d’histoire (MAH) a numérisé l’ensemble de ces documents pour les mettre à la disposition d’un large public, dans le cadre des activités de son Centre de documentation et de recherche, créé il y a deux ans.

«Cette collaboration offre, d’une part, aux différents chercheurs et chercheuses des humanités numériques la possibilité de ‘s’entraîner’ avec nos données et, d’autre part, au MAH de développer ses compétences en matière d’open data, explique Gabriella Lini, responsable du Centre. Bien que nos collections soient disponibles en ligne depuis 2010 déjà, nous souhaitions développer des fonctionnalités plus spécifiques à l’intention des chercheurs/euses.» D’où l’idée d’un partenariat avec l’UNIGE qui permet au Musée de bénéficier des compétences et de l’expertise de la chaire des humanités numériques ainsi que des outils qu’elle a développés.

 

Tout le monde est gagnant dans cette proposition. D’un côté, le MAH partage les métadonnées liées à ses collections, ses archives historiques ainsi qu’aux documents patrimoniaux numérisés (images, catalogues, archives et revues) et, de l’autre, l’UNIGE apporte son soutien aux projets de numérisation d’archives et à leur valorisation en ligne. Elle participe également à la structuration des données dans le but de créer une plateforme de recherche fédérée.

«Notre collaboration a notamment consisté à aider les collaborateurs/trices du Musée à mettre à jour leurs bases de données avec les techniques les plus récentes et en utilisant les formats standards internationaux, explique Béatrice Joyeux-Prunel, directrice de la chaire en humanités numériques. Le format IIIF (International Image Interoperable Framework), qui répond aux nombreux besoins d’exploitation des ressources visuelles dans le domaine des humanités, permet par exemple de travailler de manière très efficace sur des grosses masses de données.»

 

Numériser les catalogues d’exposition

La mise en valeur publique du patrimoine documentaire du MAH, à travers la base numérique de catalogues d’expositions Artl@s gérée par la chaire, fait, elle aussi, l’objet d’un projet de collaboration dans le cadre de ce partenariat. Géoréférencée et datée, Artl@s permet notamment de cartographier les expositions, de retracer la circulation des œuvres et les expositions des artistes. Elle permet aussi de relier les œuvres exposées à l’endroit où elles sont conservées, à leurs propriétaires ou encore au lieu de naissance de leur auteur/trice. «Notre base contenait jusqu’ici très peu de catalogues suisses, précise Béatrice Joyeux-Prunel. Il était dommage de ne pas faire coexister l’art suisse aux côtés de catalogues du Brésil, d’Allemagne, de France ou des États-Unis. Les catalogues du MAH ont donc commencé à y être intégrés, dans le cadre du cours d’introduction aux humanités numériques.»

Cette formation passe en revue toute la chaîne de traitement des humanités numériques: récupération des sources numérisées, transcription automatique, extraction des informations pertinentes à l’aide de scripts informatiques, transformation en base de données, enrichissement des données en ajoutant par exemple des informations sur le genre des artistes et les adresses indiquées dans les catalogues (latitude et longitude), pour enfin passer à l’analyse de données (statistiques, visualisation, analyse de réseau, cartographie).

En 2022-2023, les étudiant-es ont ainsi pu travailler sur les catalogues des expositions Turnus en Suisse – des expositions itinérantes appelées à diffuser l’art dans tout le pays qui ont tourné entre 1840 et 1961 (publiés en ligne par SIK-ISEA). Le travail a abouti à la rédaction d’un article collectif. «Près de 50 catalogues ont été retranscrits, décrits et structurés, puis géolocalisés, précise la professeure Béatrice Joyeux-Prunel. L’analyse des données permet de mieux comprendre les premières années de ces expositions qui étaient une plaque tournante pour les artistes suisses, voire un tremplin vers le marché européen de l’art.» Cette année, une nouvelle collaboration de mise en valeur des collections a été lancée avec le MAH, autour du fonds des galeries Moos.

 

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