21 novembre 2024 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

La durabilité progresse dans l'enseignement supérieur suisse

Pour la quatrième fois, le WWF a évalué la place du développement durable au sein des hautes écoles suisses. Les résultats sont encourageants, révélant une progression importante à l’échelle du pays. L’UNIGE se place en bonne position.


 

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Scientral Park est une zone de détente urbaine située entre les bâtiments de Sciences 2 et Sciences 3. Ouvert au printemps 2023, il était avant cette date occupé par le parking des membres du personnel. Le nom du lieu a été choisi à l’issue d’un processus collaboratif. Photo: DR


Surtout connu pour ses activités en matière de protection de la nature, le WWF souhaite également jouer un rôle dans l’intégration des questions de durabilité au sein de l’enseignement supérieur suisse. Le 8 novembre dernier, l’ONG publiait pour la quatrième fois son évaluation du développement durable dans les hautes écoles du pays. Elle y mesure l’ancrage de la durabilité au travers d’une quarantaine d’indicateurs répartis en cinq dimensions: stratégie à long terme, implémentation dans les processus institutionnels, mise en œuvre au quotidien, collaboration avec les différents acteurs et actrices, résultats concrets du domaine de l’enseignement. «Depuis le premier état des lieux, il y a sept ans, la progression est considérable, commente Léo Gilliard, responsable du projet au WWF Suisse, dans un communiqué de presse. Aujourd’hui, toutes les hautes écoles suisses sont actives sur le thème de la durabilité, bien qu’elles le soient à des degrés variés.» En effet, 17 des 29 institutions examinées se trouvent dans la tranche supérieure moyenne, et l’UNIGE en fait partie. Le WWF relève toutefois qu’aucune université ne peut se targuer d’être visionnaire.

 

La démarche de l’organisation internationale n’a pas pour objectif d’établir un classement menant à une comparaison directe entre les hautes écoles. Il s’agit plutôt de faire un état des lieux par rapport à une image idéale que le WWF soutient. «Certaines institutions sont forcément plus proches de cette vision et pourraient être considérées comme meilleures de ce point de vue», remarque Fabrice Calame, responsable des objectifs de développement durable à l’UNIGE et conseiller au Rectorat. En réalité, l’UNIGE n’est pas trop éloignée de la philosophie de l’ONG et, à son image, elle défend une position transversale de la durabilité, qui doit se penser comme un tout porté par l’ensemble des acteurs et actrices de l’institution.

L’UNIGE en progression
Le rapport du WWF révèle une progression de l’UNIGE en regard de la précédente évaluation qui datait de 2021 et portait sur les réalisations de 2020. «À cette époque, les choses commençaient à se structurer, nous venions de formuler notre stratégie et entamions la mise en place d’un conseil consultatif et d’une équipe autour de ces questions, explique Fabrice Calame. Trois ans plus tard, ces entités existent, sont opérationnelles et contribuent graduellement à la transformation de l’institution.»

Parmi les éléments positifs relevés par l’organisation, il y a le fait que l’UNIGE aligne ses efforts sur les 17 Objectifs de développement durable (ODD), que les offres de formation intègrent cette dimension et que la recherche axée sur la durabilité est encouragée. L’évaluation souligne également que l’institution s’engage à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et se dote d’une stratégie de réduction des émissions de carbone comprenant des actions clés telles que la réduction de la consommation d’énergie des bâtiments et l’élargissement des options de mobilité douce.

De l’avis de l’auteur du rapport, il manque toutefois un cours d’introduction au développement durable obligatoire pour l’ensemble des étudiant-es, lequel garantirait une base cohérente de connaissances en la matière. «Plutôt qu’un enseignement généraliste obligatoire, nous avons pour objectif de faire entrer dans chaque matière une prise en compte des enjeux disciplinaires, répond Fabrice Calame. Il s’agit de s’adresser aux futur-es médecins, chimistes, avocat-es ou théologien-nes et de les préparer aux défis qui les attendent. Ces jeunes vont évoluer dans un monde où le réchauffement climatique va notamment chambouler les manières de travailler. Quel sera leur rôle dans les changements à venir? Quelles seront leurs capacités d’action dans leur domaine?» Une offre de cours transversaux est par ailleurs disponible pour celles et ceux qui souhaitent se former sur les principes de la durabilité.

Développement de l'enseignement
La Faculté de médecine a déjà franchi le pas. Sous l’impulsion d’étudiant-es et d’enseignant-es, un cursus en santé planétaire a vu le jour en septembre 2021. Il permet aux médecins de demain d’intégrer, dès le début de leur formation, la dimension environnementale de leur métier. «L’impact des systèmes de santé sur l’environnement est complètement ignoré, souligne Johanna Sommer, professeure à l’Institut universitaire de médecine de famille et de l’enfance et responsable du cursus en santé planétaire. Et pourtant, plus de 4% de l’empreinte carbone mondiale est liée aux soins de santé, soit le double de la pollution engendrée par les voyages en avion. Il y a donc une marge de progression considérable.»

D’autres initiatives émergent, notamment en Faculté des sciences. Pour accompagner ces démarches, il est prévu d’engager au sein de l’alma mater un-e chargé-e de projets «enseignement et recherche» dès 2025. Cette personne sera rattachée au SDG Office et aura pour mission non seulement de soutenir les activités existantes, mais aussi d’aider au développement de nouvelles initiatives par les facultés, centres ou départements intéressés. Elle devra aussi établir une cartographie de tout ce qui existe pour mettre en valeur ces activités, aider le Rectorat à avoir une vision globale et contribuer au partage de bonnes pratiques.

 

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