29 février 2024 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

«La parole commence à se libérer et c'est essentiel»

L’Université de Genève lance une nouvelle campagne contre le harcèlement et les discriminations. Les ressources à disposition en matière de protection de la personnalité sont rendues plus accessibles grâce à un site internet bilingue.
 

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Visuel de la campagne «Pour une uni bienveillante!» Des stands d’information, des affiches et des objets de sensibilisation complètent le dispositif de promotion.


«Ici, on peut partager la même table sans partager les mêmes opinions», affirme l’un des quatre slogans de la campagne «Pour une uni bienveillante!» lancée le 26 février 2024, à l’occasion de la rentrée académique. Il s’agit pour l’institution de réaffirmer avec détermination son engagement en faveur de la protection et du respect des personnes. «En 2017, la campagne «uniunie» avait permis à la communauté universitaire de prendre conscience de l’existence du harcèlement au sein de l’Université, explique Aude Thorel, directrice de la Division des ressources humaines. C’est inévitable dans une institution de cette taille, avec des générations différentes, des personnes en situation d’apprentissage et des rapports de pouvoir déséquilibrés. Mais il faut que chacun et chacune sache qu’il ou elle a des moyens d’agir et que l’institution veille au respect de ses droits. De nombreux dispositifs ont été mis en place ces dernières années. Le défi, aujourd’hui, est de les faire connaître et d’encourager les personnes concernées à y recourir.»

 

Pour ce faire, un nouveau site internet bilingue (www.unige.ch/help) a été créé. Il rassemble les ressources à disposition, les formations utiles ainsi que les règlements internes en matière de protection de la personnalité et de gestion des conflits dans les relations de travail ou d’études. Pensé pour répondre aux besoins des personnes concernées, le site est organisé selon les situations vécues: harcèlement, discrimination, conflit ou violence. «Ces trois dernières années, le contexte juridique de ces problématiques a été clarifié, notamment pour définir comment agir dans chaque situation, expose Aude Thorel. L’institution s’est aussi entourée de personnes externes qui exercent dans un souci de confidentialité et qui sont là pour informer, orienter et aider à analyser la situation vécue. En cas de doute ou de malaise, il ne faut pas hésiter à faire appel à elles.»

Confidentialité et transparence
Aux nombreuses solutions internes (Division des ressources humaines, Service égalité & diversité, Service de santé des étudiant-es, Cellule respect pour la prévention de la violence, Psyline, Graduate Campus, etc.), s’ajoutent des ressources externes confidentielles: Cellule confiance pour les situations de harcèlement ou de discrimination, équipe de médiation indépendante pour gérer les conflits. «Ces instances externes respectent une confidentialité totale, confirme Aude Thorel. Seul le nombre de cas traités nous est communiqué. Par contre, il faut comprendre que face à une situation problématique qui doit évoluer, le recours aux ressources internes est nécessaire. En effet, pour que le changement soit possible, il faut que les gens, et surtout les personnes mises en cause, en soient informés.» Pour toute personne sous contrat de travail, c’est la Division des ressources humaines qui veille au respect des conditions-cadres. Pour les étudiantes et étudiants, la responsabilité est du ressort des facultés.

Nombre de cas en augmentation
Chaque année, l’institution publie les chiffres des situations traitées dans son Rapport de gestion. Alors qu’en 2022, la Division des ressources humaines avait traité 80 dossiers, en 2023, ce sont 126 cas de conflit, d’atteinte à la personnalité, de harcèlement moral ou sexuel qui ont été gérés, sachant qu’environ 40% sont réglés d’une année à l’autre. «Pour l'instant, nous voyons cette augmentation comme un indicateur positif, commente Aude Thorel. Cela signifie que les situations existantes nous sont davantage rapportées et sont gérées. La parole commence à se libérer et c’est essentiel. Nous constatons également que beaucoup de cas signalés durent de fait depuis plusieurs années. Plus nous pourrons intervenir tôt dans des situations d’opposition ou prévenir des abus, moins se produiront de cas graves.» Des mesures de protection peuvent être instaurées et, selon le niveau de gravité constaté, des enquêtes ouvertes et des sanctions appliquées. Ces dernières, prévues par le règlement du personnel de l’État, vont du blâme à la révocation et sont proportionnelles à la faute. En 2023, 23 contrats de travail ont été résiliés ou non renouvelés pour cause de comportements inadéquats.

«Les gens ont souvent peur des répercussions. C’est pourquoi nous travaillons à instaurer des mesures de protection pour s’assurer que les cas pourront être gérés sans que la situation s’envenime», précise Aude Thorel. Même si certains problèmes peuvent sembler difficiles à résoudre, il est primordial que les victimes ne restent pas isolées. Dans les cas de thèses, par exemple, où il existe une grande dépendance interpersonnelle, diverses solutions peuvent être proposées, telles que, entre autres, des codirections de thèse, l’accompagnement par les écoles doctorales ou la mise en place d’une observation neutre pour garantir des échanges corrects au niveau scientifique et une appréciation non biaisée.

www.unige.ch/help

 

Actions et activités marquent le 8 mars

Depuis 1977, la date du 8 mars est dédiée aux droits des femmes. Pour célébrer cette journée, une Semaine de l’égalité se tiendra à l’UNIGE du 4 au 8 mars 2024, réunissant diverses actions et événements dont l’objectif est de sensibiliser à toute forme de discrimination.

Le programme s’ouvre le lundi 4 mars avec la tenue de stands d’associations ou de services dans le hall d’Uni Mail (10h-15h). Le soir même, une conférence, suivie d’un débat, questionnera l’inclusivité de l’intelligence artificielle à Genève et en Suisse (18h30, Uni Mail, MR060). Le genre dans les travaux de traduction (12h15, Uni Mail, M2160) et le consentement dans les soins (17h30, HUG, salle Opéra Food) feront l’objet de discussions le jeudi 7 mars. Le vendredi 8 mars, le projet artistique Inside Out (11h15-17h45, Uni Mail, entrée Baud-Bovy) se fera sur la façade d’Uni Mail. Chacun et chacune sera invité-e à se faire prendre en photo et à ajouter son portrait au mur en l’associant à un message de paix. Entre midi et deux, la sociologue Éléonore Lépinard donnera une conférence intitulée «De quoi ‘féminisme’ est-il le nom?» à l’occasion de la parution de son livre (12h15, Uni Mail, MR070). Enfin, la semaine se conclura par un événement consacré au rôle des femmes dans les processus de paix et de sécurité (18h15, Uni Mail, MR380).

Programme complet

 

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