7 mars 2024 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

Comment habiter un monde en pleine crise environnementale

Un cours de master, donné en Faculté de théologie durant le semestre d’automne 2023, a abordé la crise environnementale sous l’angle éthique. Les étudiantes étaient encouragées à esquisser des solutions et à les communiquer dans un rapport accessible au grand public.

 

 

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Repenser l’éducation à travers le prisme de l’environnement, comme cela se pratique dans les écoles en forêt, pourrait permettre aux élèves d’ébaucher une citoyenneté nouvelle. Photo: Point Nature


Comment la réflexion éthique peut-elle éclairer certains aspects de la question écologique? C’est, dans les grandes lignes, la question posée par le cours de master «Face à la crise environnementale: quelle(s) éthique(s)?» donné au semestre dernier par Ghislain Waterlot, professeur de philosophie de la religion et d’éthique, et Benoît Ischer, assistant doctorant en éthique, au sein de la Faculté de théologie de l’UNIGE. Pour le professeur, «la crise environnementale, avec les changements climatiques, la perte de biodiversité, la multiplication des phénomènes extrêmes, les migrations humaines ou les tensions internationales qu’elle provoque, est la crise la plus grave qui soit arrivée à l’humanité depuis des siècles. Cette situation implique que nous nous interrogions sur notre manière d’être au monde. Et, par conséquent, que nous questionnions l’éthique, au sens étymologique du terme ethos, soit la manière d’être et de se comporter, la façon d’habiter le monde, de se rapporter à la Terre.»

 

L’enseignement, entièrement à distance, invitait à puiser dans les théories philosophiques et théologiques pour envisager les transformations tant individuelles que collectives qu’exige la situation environnementale. Suivi par des étudiantes en théologie à l’UNIGE et deux étudiantes en études du tourisme à l’Université de Lausanne, le cours comportait des exposés théoriques, suivis de présentations orales données par les étudiantes sur des thématiques spécifiques, telles que l’importance de l’éducation en matière d’écologie, la responsabilité intergénérationnelle, la sobriété ou la justice environnementale. Pour terminer, un travail écrit, rédigé en groupe, devait permettre de transmettre l’ensemble de manière synthétique et vulgarisée au grand public (consulter le document pdf). «Nous n’avons jamais autant parlé d’écologie que depuis trois décennies et, pourtant, la situation n’a jamais été aussi mauvaise d’un point de vue écologique, complète Benoît Ischer. Le but était donc de travailler une thématique extrêmement concrète et actuelle, tout en consolidant des compétences en éthique. Il s’agissait aussi de contribuer au débat public, c’est pourquoi les étudiantes ne devaient pas se contenter d’un exercice critique, mais étaient aussi encouragées à chercher des solutions, à faire preuve de créativité.»

Original par sa thématique, le cours l’était aussi dans la manière dont il a été évalué, en combinant un travail de réflexion personnel et une rédaction de groupe, le tout à distance. À ce titre, il s’inscrivait dans la réflexion menée par le groupe de travail «repenser les évaluations» auquel participe Bérénice Jaccaz, coordinatrice de la formation à distance pour la Faculté de théologie. «Il était très intéressant d’aborder ce sujet en mélangeant les voix théologiques, scientifiques, philosophiques, sociologiques et économiques, confirme Rita Galvan, étudiante du Master en théologie. La rédaction du document final en groupe nous a forcées à faire des liens entre nos présentations et à envisager nos divers sujets avec une vision globale de la crise.»

Autre source d’intérêt: la réunion d’étudiantes issues de la théologie et du tourisme, qui a obligé les participantes à sortir de leurs discours et vocabulaires habituels pour échanger de façon interdisciplinaire. «Dans le cadre de notre Master en études du tourisme, nous suivons des cours de politique, de géographie, d’anthropologie, d’économie et de marketing; il nous manquait un apport réflexif, centré sur l’humain, que nous avons trouvé dans le cours d’éthique du professeur Waterlot», commente Élodie Vuichoud, qui a pris part à cette formation dans le cadre des crédits libres que son cursus permet.

 

 

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