27 juin 2024 - Léa Jacquat

 

Vie de l'UNIGE

Un nouveau chapitre pour l’étude du langage

Dans un environnement technologique en pleine évolution, le Pôle de recherche national Evolving Language entame la seconde phase de son programme.

 

IRM avec Alessandra Rampinini ©PRN Evolving Language-J.jpg

Photo: DR

 

Renforcer toujours plus son expertise afin de percer les secrets passés et futurs du langage: tel est l’objectif du Pôle de recherche national (PRN) Evolving Language, qui entame un nouveau chapitre après quatre ans d’existence. La professeure Nina Kazanina, spécialisée dans les neurosciences du langage à l’Université de Genève, reprendra notamment le poste de codirectrice en septembre, en remplacement de la professeure Daphné Bavelier (FPSE). Le pôle élargit encore son champ de compétences en accueillant l’Université de Neuchâtel comme nouvelle institution mère. Le PRN nourrit ainsi sa transdisciplinarité, pierre angulaire de son identité, afin de répondre aux défis posés par les nouvelles technologies.

 

Depuis quatre ans, le PRN, codirigé jusqu’alors par l’UNIGE et l’Université de Zurich, s’attelle à déceler les secrets du langage. Si entamer une conversation dans un train ou raconter des anecdotes à ses ami-es semble aussi commun que banal, il est encore difficile de savoir d’où vient cette faculté et pourquoi les humains sont les seuls à la maîtriser à cette échelle. Grâce à une collaboration d’expert-es venant de différents domaines et issu-es de toute la Suisse, le PRN a déjà apporté des contributions notoires dans ce domaine. Des primatologues et des psycholinguistes ont notamment démêlé les origines du «parler bébé». D’autres recherches ont démontré que la compréhension des événements, c’est-à-dire «qui fait quoi, à qui?», reposait sur des processus cognitifs partagés par les enfants, les adultes et les grands singes. «Tout en restant focalisé sur l’étude liée à l’évolution biologique du langage, le PRN s’intéresse également à son futur», complète Nina Kazanina.

Les nouvelles technologies au cœur des objectifs

Les outils d’intelligence artificielle se sont progressivement installés dans le quotidien de chacun-e. Aujourd’hui, il existe des logiciels capables d’ingérer un nombre sans précédent de données afin, notamment, de créer du langage. Mais, que signifie réellement de converser avec ChatGPT et quelles en sont les conséquences sur l’évolution du langage? Ces questions seront au cœur de la prochaine phase du PRN. D’autres projets explorent déjà la question cruciale du fonctionnement de ces intelligences, des similitudes et, surtout, des différences qu’elles ont avec l’intelligence du cerveau humain. «Au-delà des questionnements et des défis qu’elle soulève, l’intelligence artificielle offre de nombreuses opportunités en termes de recherche dans le domaine du langage, affirme Nina Kazanina. Cette technologie permet en effet d’analyser un volume de données jamais égalé, et donc d’avoir un meilleur contrôle sur les variables expérimentales.»

Le développement de la neuro-ingénierie apporte également son lot d’opportunités pour la recherche. Le PRN explore d’ailleurs déjà certaines de ces technologies, notamment dans le cadre d’un projet faisant appel à de la neurostimulation. Cette technique non invasive, qui permet d’influencer le cerveau à l’aide de champs électromagnétiques, permet en effet de mieux comprendre le fonctionnement neuronal du langage. Ces avancées ouvrent la voie à de potentiels nouveaux traitements pour des troubles du langage, notamment consécutifs à un accident cérébro-vasculaire, ou pour la dyslexie.

Une interdisciplinarité renforcée

Si l’étude du langage a longtemps été cantonnée aux sciences humaines, elle concerne aujourd’hui une palette de disciplines bien plus large allant de la biologie à la psychologie. Afin de maximiser les résultats, le PRN encourage cette transdisciplinarité depuis sa genèse. Le consortium intègre ainsi un éventail d’expertises très riche, issues des sciences sociales et naturelles, ainsi que des sciences humaines, informatiques et de la médecine. Pour être à même de suivre l’évolution constante de la société et de ses nouveaux modes de communication, le PRN va par ailleurs laisser davantage de place aux neurosciences, à la génétique et à l’anthropologie au cours de cette nouvelle phase.

 

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