27 mars 2025 - Manon Voland

 

Vie de l'UNIGE

Déconnecter son smartphone, pour mieux connecter son esprit

À l’ère des notifications incessantes et des distractions numériques, l’Université de Genève a lancé l’initiative «(Dé)connexion» afin d’aider les étudiant-es à reprendre le contrôle sur leur usage du téléphone. Deux étudiant-es partagent leurs impressions après une journée sans leur smartphone.

 
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Légende. Image: DR

 

Proposer à dix étudiant-es volontaires d’enfermer durant une journée leur téléphone dans une pochette verrouillable – idéalement en mode avion –, c’est le défi que propose de relever l’initiative «(Dé)connexion: déconnecter son smartphone, pour mieux connecter son esprit». Un projet pilote qui vise à confronter les étudiant-es à leurs réflexes face à l’absence de cet objet aujourd’hui devenu indispensable.L’expérience a permis à Shelly Teixeira Costa – étudiante de Bachelor en langue et littérature anglaises et histoire générale – comme à Alexandre Guerra Marques – étudiant en Master en communication et cultures numériques – de prendre conscience de comportements parfois inconscients. Témoignages.

 

Lucides face à la dépendance à leur téléphone, les deux étudiant-es usaient déjà de stratégies pour réduire leur présence sur les réseaux sociaux, avec des applications bloquant certaines fonctionnalités du smartphone ou limitant son temps d’utilisation. Les deux jeunes cherchaient alors à pousser l’expérience plus loin et à tester leurs comportements face à une déconnexion totale. «Je voulais voir comment ça me ferait réagir», témoigne Shelly Teixeira Costa. Elle a rapidement constaté qu’elle était constamment tentée de s’emparer de son téléphone presque par réflexe. «Dès que j’avais une minute de libre, je tendais la main pour prendre mon téléphone, sans réfléchir. Ce n’était même pas un besoin précis, juste un automatisme.» Même constat du côté d’Alexandre Guerra Marques qui concède qu’une grande partie de sa consommation de téléphone était instinctive et non réfléchie. «J’ouvre mon téléphone, je clique sur une application, sans même m’en rendre compte», souligne l’étudiant.


Savourer les moments de pause
Si, pendant les temps d’études, Shelly Teixeira Costa et Alexandre Guerra Marques estiment avoir été peu déstabilisé-es par l’éloignement de leur smartphone, c’est surtout pendant les pauses que l’absence de téléphone s’est fait sentir. «J’ai l’habitude de regarder des vidéos pendant ma pause, et là, j’étais complètement perdue. J’ai même hésité à sortir mon ordinateur, mais je me suis ravisée en me disant que c’était un poil ridicule», confie l’étudiante en lettres. Un sentiment partagé par l’étudiant en communication, qui a constaté que ses pauses étaient devenues plus courtes et plus efficaces. «Avant, je pouvais passer une heure et demie à regarder des vidéos ou à scroller sur les réseaux sociaux. Maintenant, trente minutes suffisent, et je suis plus productif ensuite. Je suis également davantage connecté à la réalité et attentif à ce qui m’entoure», confirme Alexandre Guerra Marques.


Reprendre le contrôle
Ces premières observations semblent prouver l’efficacité de l’initiative, qui vise à améliorer la concentration et l’engagement des étudiant-es. Autre bénéfice constaté: ce sevrage volontaire permet d’optimiser le temps de travail et de dégager ainsi davantage de temps libre, ce qui réduit à la fois le sentiment de culpabilité et le stress. «Je voulais être moins dérangé, avoir plus d’espace mental, c’est désormais chose faite», se réjouit Alexandre Guerra Marques.


Pour les étudiant-es ayant du mal à se passer de leur téléphone, l’expérience «(Dé)connexion» est un premier pas vers de nouveaux réflexes. «Ne vous mettez pas trop de pression. C’est une opportunité pour observer l’impact de la déconnexion, même pour une petite heure», conseille Shelly Teixeira Costa, qui envisage d’utiliser les pochettes verrouillables en période d'examen, lorsque le stress la pousse à chercher des distractions. Son camarade en Master de communication complète: «Il ne s’agit pas d’être parfait, mais de prendre conscience de ses habitudes et d’essayer de mieux les contrôler.»

À votre tour de vous (dé)connecter? 
Si l’expérience vous tente, les inscriptions à l’atelier «Mieux gérer mon smartphone durant mes études pour optimiser mon attention», qui se tiendra le lundi 7 avril, sont encore ouvertes.

Le projet «(Dé)connexion: déconnecter son smartphone, pour mieux connecter son esprit» est actuellement en phase de test dans trois lieux de l’UNIGE: la bibliothèque Ernst & Lucie Schmidheiny (Sciences), la bibliothèque d’Uni Mail et le Point Vie de campus à Uni Dufour. 

La procédure:
1.    Demandez une pochette verrouillable à la réception et glissez-y votre smartphone.
2.    Gardez votre téléphone en mode avion avec vous dans la pochette pendant que vous travaillez.
3.    Retournez à la réception pour déverrouiller la pochette et la restituer.

 

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