L'étude propose de se pencher sur les fonctions épistémologiques des procédés basés sur l'analogie dans des textes à vocation essentiellement didactique, communément appelés "miroirs" ou compris comme tels. Le concept de miroir, qui en est à l'origine, domine souvent à la fois les niveaux macro- et microtextuels de ces œuvres littéraires et aussi d’autres textes sous forme de métaphores, d'allégories, d'exemples, de figurations, de références intertextuelles, de structures, etc. Dans tous les cas, il faut compter (aux niveaux intra- comme extradiégétiques), avec une attitude réflexive, c'est-à-dire avec un regard critique dans le miroir qui promet par l'analogie spéculaire une certaine connaissance et exige une correction.

Il convient de distinguer trois instances de connaissance : La création divine, dans son caractère de signe voulu par Dieu, fournit à l'homme des modèles et des explications sur le lien entre les choses et leur sens. Elle peut être saisie par l'utilisation des sens externes et de l'intellect et promet à la fois une orientation dans le monde et un salut transcendant, et ceci grâce à l'acquisition et à l'utilisation correcte de la connaissance du monde. Par analogie, les sens internes appellent à l'intériorisation et à l'introspection. L'âme - en tant que miroir de Dieu, au sens augustinien du terme, d'abord ombragé par le péché - est en mesure de générer une certaine connaissance de soi afin de garantir une attitude vertueuse dans la vie mondaine en vue du salut éternel. C’est en plus la condition préalable à une cognitio Dei immédiate, c’est-à-dire à l'unification du miroir divin et de son reflet dans l’âme dans une expérience de Dieu qui ne peut être atteinte ici-bas que comme un moment mystique instantané. Elle ne le sera de manière durable que dans l’au-delà.

Tous les ouvrages issus de la nommée 'littérature-miroir' n'offrent pas une telle vue d’ensemble des différents niveaux spéculaires qui ne doivent d’ailleurs pas forcément être compris comme des étapes se succédant les unes aux autres. La cohérence entre ces niveaux sera essentiellement créée par le biais de la théologie et des textes d’ambitions mystique ou mystagogique. En est un exemple la vaste allégorie sur le ‘mariage spirituel’ (Büchlein der geistlichen Gemahelschaft) d’un certain Konrad qui nous sert de texte directeur pour l'étude. Il explore tous les registres de la narration et de l'explication analogiques, notamment dans  l'épisode central, la vision de l'épouse dans le miroir de la sagesse.