Colloque "Mystique, langage, image. Montrer l’invisible" - 17-18 octobre 2019
Mystique, langage, image. Montrer l’invisible
Mystik, Sprache, Bild. Die Visualisierung des Unsichtbaren
Comment représenter l'invisible ? Parmi ceux qui ont, à travers les âges, répondu à cette question, le mystique a quelque chose de particulier à dire. Celui qui a une connaissance expérimentale et affective de la divinité, cherche des langages pour dire ce qu'il a vu, éprouvé, écouté durant l'expérience hors-norme qui le transforme corps et âme.
Dieu parle au-delà des Écritures et du livre de la nature. Il parle en mots sans syllabe ni voyelle et en mots qui se voient, dira Grégoire le Grand. Il parle en signes et en visions. Ce qu'il montre et fait entendre durant la vision mystique doit ensuite être traduit. L'être cherche alors à raconter ce qui fut, ce qu'il vit. Le récit visionnaire pose la question de la possibilité et des limites de la traduction des images intérieures en mots, de toute objectivation langagière de la subjectivité du sujet. Ce n'est pas par hasard qu'on trouve nombre d'images verbales dans ces récits ou que ceux-ci deviennent poèmes, canciones, lieux d'imagination de langues qui s'échappent des significations communes, voire de mots capables de contenir l'intelligence mystique pourvu qu'ils soient figures et non raisonnements, comme dira Jean de la Croix. L'être se raconte et raconte. Et ce qu'il raconte sera parfois traduit dans un autre langage encore qui est cette fois pictural – figures, dessins, tableaux, fresques représentent alors l'expérience mystique.
Les journées de ce colloque se proposent de considérer cette gamme d'aspects des relations entre expérience mystique, langage et image afin de décoder, par des exemples concrets du Moyen âge au XVIIème siècle, comment les auteurs ont tenté de montrer l'invisible à travers l'image verbale du récit, l'image poétique de la lyrique, l'image matérielle du dessin, de la peinture, de la sculpture.