Le besoin d’un « Siècle d’or » dans la Hollande du XVIIe siècle
Face à cet axe lié à la production, il sera nécessaire de tenir compte d’une troisième dimension du Siècle d’or, non plus du point de vue de la production en tant que telle, mais en nous tournant cette fois-ci vers les consommateurs et leurs attentes individuelles et collectives. Il s’agira de comprendre dans quelle mesure les clients des peintres avaient besoin que leurs œuvres mettent en image un « Siècle d’or » hollandais.
Nous nous intéresserons aux horizons d’attente particuliers et les différents consommateurs qui ont contribué à influencer la production et la réception des œuvres. Dans quelle mesure l’appartenance d’un spectateur à une communauté confessionnelle joue-t-elle un rôle dans la détermination des sujets, de leur traitement par les artistes ou des critères selon lesquels leurs œuvres sont jugées ? Peut-on accepter l’idée que l’interprétation morale constituait au XVIIe siècle le principe retenu par la plupart des peintres et le principal moyen d’accéder à leurs œuvres ? Faut-il retenir l’idée que certains de ces tableaux, comme ceux d’Adriaen Brouwer ou de Jan Steen, avaient une fonction principalement comique ou considérer que, dans les collections auxquelles ils appartenaient, ils étaient également appréciés en fonction de principes strictement esthétiques ?
Pour répondre à ces questions, nous étudierons les conditions socio-économiques de la réception des œuvres, en concentrant notre attention sur le corpus de récits de voyage que nous établirons dans le cadre de ce projet. Ces textes sont indispensables pour comprendre comment les pratiques artistiques du Siècle d’or ont été interprétées par les visiteurs étrangers, en mesurant les écarts entre la perception de l’art des Provinces-Unies à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, par des acteurs mais aussi des observateurs de sa vie artistique.