Humanités numériques
Les Humanités numériques (DH) sont désormais une discipline phare, parce que les ordinateurs nous sont devenus indispensables autant pour la recherche que pour l’enseignement des Humanités. En quoi consistent-elles précisément ? Les Humanités numériques sont une discipline auxiliaire des disciplines de sciences humaines traditionnelles (Etudes littéraires, Histoire, Langues, Histoire de l’art mais aussi Philosophie), et sont en tant que telles au service de la constitution de savoirs disciplinaires précis. Les Humanités numériques proposent aussi un nouveau rapport au savoir, qu’il s’agit d’aborder de manière critique.
Comme discipline auxiliaire, les Humanités numériques rassemblent les savoirs et les bonnes pratiques accumulées par plusieurs générations de chercheur-se-s qui, depuis les années 1950 et 1960 surtout, ont choisi d’utiliser les ressources computationnelles pour étudier des textes, rassembler, décrire et interroger des sources, analyser des images, des sons ou des vidéos. Les Humanités numériques enseignent à ce titre comment constituer des corpus avec des approches numériques adaptées ; comment les éditer et les publier en ligne ; comment analyser ces corpus ; comment récupérer et étudier des corpus rassemblés par d’autres ; comment publier des résultats de recherche en utilisant le numérique (sites web, visualisation, narration web, vidéos…), tout en respectant des règles scientifiques, juridiques et académiques aujourd’hui considérées comme incontournables (représentativité et qualité des données, respect de la propriété intellectuelle et du droit d’auteur, ontologies partagées et interopérabilité des données, open access, lisibilité des interfaces…).
Les DH incitent aussi à un nouveau rapport au savoir. Elles nous font réfléchir de manière critique à ce que les outils numériques changent dans notre manière de penser, de travailler, d’écrire. Un outil peut être puissant, il n’est jamais neutre. L’usage quotidien des machines peut nous fasciner, comme il peut nous tromper et nous insupporter. Les interfaces et les méthodologies numériques influencent également notre rapport à nos objets de recherche et aux Humanités en général. Plus généralement, les Humanités numériques nous poussent à analyser les cultures numériques contemporaines. Les fictions qui se répandent aujourd’hui sur les robots et l’intelligence artificielle sont-elles si nouvelles ? Que peut-on en dire en reprenant les apports de la philosophie, des études visuelles, des études littéraires, des études de genre et de l’histoire, par exemple ? Le numérique produit-il des images différentes de l’époque de l’imprimé – et que peuvent en dire les historien-ne-s de l’art ? Les mots du numérique sont-ils les mots des livres, et qu’en dirait une approche linguistique ?