Méthodes et problèmes

Versification

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

II.2.2.2. Mètres composés

On identifie un mètre composé par une composition de deux nombres fixes de syllabes (appelés chacun hémistiche bien qu'ils ne coupent pas toujours le vers en deux parties égales) obligatoirement séparés par une limite de mot (ou césure).

Certains mètres composés, comme l'alexandrin, n'ont qu'une seule composition de nombres (ou position de césure) possible : 6 + 6 syllabes (mais non 3 + 9 ou 5 + 7 syllabes).

L'orchestre au grand complet // contrefait mes sanglots (6//6)

Aragon

D'autres vers, comme l'ennéasyllabe ou le décasyllabe sont susceptibles d'adopter deux formules différentes de composition métrique (et donc de position de césure). Dans ce cas là, un vers (défini par son nombre total de syllabes) recouvre donc deux mètres différents.

Ainsi l'ennéasyllable peut être un mètre 3+6 ou 4+5.

Sus debout // la merveille des belles
Allons voir // sur les herbes nouvelles (3//6)

Malherbe

Tournez, tournez //bons chevaux de bois (4//5)

Verlaine

Le décasyllabe peut être une composition de 4 + 6 syllabes ou de 5 + 5 syllabes, mètre dit taratantara, (mais non de 2 + 8 ou 3 + 7 syllabes).

La mer, la mer, // toujours recommencée! (4//6)

Valéry

Nous aurons des lits // pleins d'odeurs légères (5//5)

Baudelaire

Lorsqu'on traite un vers selon une formule métrique, on n'en change pas en cours de poème (jusqu'à Rimbaud). On ne peut donc trouver un poème en décasyllabes faisant alterner 4//6 et 5//5. Dans le décasyllabe 4//6, il arrive qu'on ait une césure exceptionnelle 6//4.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004