Jean Kaempfer & Filippo Zanghi, © 2003
Section de Français – Université de Lausanne
Considérant les temps verbaux du français, le linguiste E. Benveniste a distingué deux systèmes, qui manifestent deux plans d'énonciation différents, [...] celui de l'histoire et celui du discours
(Benveniste, 238). L'énonciation historique se caractérise par l'utilisation du passé simple, ainsi que par l'effacement du sujet de l'énonciation. On la trouve dans les récits des historiens ou dans ceux des romanciers.
(4) Après un tour de galerie, le jeune homme regarda tour à tour le ciel et sa montre, fit un geste d'impatience, entra dans un bureau de tabac, y alluma un cigare, se posa devant une glace, et jeta un regard sur son costume, un peu plus riche que ne le permettent en France les lois du goût. Il rajusta son col et son gilet de velours noir sur lequel se croisait plusieurs fois une de ces grosses chaînes d'or fabriquées à Gênes; puis, [...] il reprit sa promenade sans se laisser distraire par les oeillades bourgeoises qu'il recevait.
Balzac, Gambara, cité et souligné par Benveniste
En (4), le texte est régi par le couple passé simple/imparfait, qui fait se dérouler le récit comme naturellement. Il ne semble pas y avoir de traces du locuteur dans l'énoncé. Apparemment, ce paragraphe est dépourvu de narrateur et les événements semblent se raconter eux-mêmes.
(Benveniste, 241)
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004