Jean Kaempfer & Filippo Zanghi, © 2003
Section de Français – Université de Lausanne
Il s'agit des cas où le récit enchâssant, ou récit premier, n'est là que pour servir de cadre au récit enchâssé; le récit-cadre s'efface devant le récit encadré, qui occupe (quantitativement) la place dominante. Ces récits se différencient selon la fonction dévolue au récit-cadre.
Lorsque le récit-cadre sert à mettre en place les conditions (matérielles et psychologiques) d'une réception confortable
, on dira qu'il a une fonction phatique. Ainsi, Balzac ou Maupassant mettent-ils parfois en scène, dans un bref prologue, des causeurs
brillants et spirituels, qui ne tardent guère à se muer en narrateurs; leurs récits, sollicités par un auditoire attentif, sont ainsi mis en valeur.
Le récit-cadre peut aussi avoir une fonction plus importante, une fonction évaluative, lorsque le narrataire intradiégétique – à savoir le (ou les) auditeur(s) du récit enchâssé à qui l'on s'adresse au niveau du récit-cadre – apporte un commentaire à l'histoire qui vient d'être racontée, ce qui a (ou devrait avoir...) pour effet d'orienter l'interprétation du narrataire extradiégétique, c'est-à-dire le lecteur.
Par exemple, dans René, Chateaubriand a situé le récit métadiégétique du héros dans un contexte de condamnation morale. René, après avoir raconté sa vie, est jugé sévèrement par un de ses auditeurs, qui lui reproche son endurcissement dans la mélancolie.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004