Postdigital 2021-2022: La circulation des images à l'ère du numérique
Le jeudi, de 10h à 12h. Salle Phil 211 (bâtiment des Philosophes).
Plans d'études concernés : Humanités numériques, Philosophie, Histoire de l'art, Histoire générale, Recherche (détails)
L’image numérique abonde et circule à une vitesse qui nous dépasse. Cette circulation favorise des diffusions inédites – qu’il s‘agisse d’images anciennes, reproduites, retravaillées et réinterprétées à loisir, ou d’images nouvelles, diffusées en quelques minutes jusqu’aux confins de la planète, qui peuvent transporter de manière très efficace ces Fake news dont notre époque a si peur. Le régime numérique des images nous pousse aussi à renouveler nos méthodes pour étudier la circulation passée des images, partant de corpus numérisés dont nous connaissons les dates et les lieux de diffusion.
Le séminaire aborde le phénomène des circulations visuelles au présent comme au passé, en faisant place à toutes les méthodes envisageables pour le faire: esthétique, histoire de l’art (méthode iconographique, iconologie, histoire sociale des images), visual studies, transferts culturels, humanités numériques (statistique appliquée aux banques de données visuelles, traitement algorithmique des images, cartographie…) La plupart des séances proposent de confronter les thèmes abordés à la production artistique contemporaine.
Le séminaire est ouvert à tou-te-s. Il s’inscrit dans un programme d’étude des cultures numériques, « Postdigital », organisé en partenariat avec le l’Ecole normale supérieure et l’École des beaux-arts de Paris dans le cadre du Centre IMAGO (Centre européen d’excellence Jean Monnet), et dans le projet FNS Visual Contagions porté à l’UNIGE par la Prof. Béatrice Joyeux-Prunel. Un ordinateur portable sera utile, avec accès internet et droits d’administration sur la machine.
La validation se fait par 1/ la participation régulière au séminaire, et la validation des tests de lecture des textes donnés sur l'année, 2/ la participation aux ateliers d'écriture, 3/ la présentation orale d’un exposé (grille d'évaluation disponible dans Moodle). Pour les étudiant.e.s présentant le séminaire dans le cadre du Bachelor de Philosophie, un petit mémoire est rendu aussi en fin d'année, sur un sujet défini avec l'enseignante.
23 septembre 2021. Introduction (Béatrice Joyeux-Prunel)
30 septembre 2021. L'art pense-t-il, et comment, le déluge et la viralité des images? (Béatrice Joyeux-Prunel)
Texte à lire pour la séance : Jacques Rancière , « 1. Du partage du sensible et des rapports qu’il établit entre politique et esthétique », dans : , Le partage du sensible. Esthétique et politique, sous la direction de Rancière Jacques. Paris, La Fabrique Éditions, « Hors collection », 2000, p. 12-25. URL : https://www.cairn.info/le-partage-du-sensible--9782913372054-page-12.htm.
7 octobre 2021. Les NFTs - une approche sociale et historique (Béatrice Joyeux-Prunel)
Texte à lire pour la séance : Theodor W. Adorno, "L'industrie culturelle", communications, Année 1964, 3, p. 12-18. https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1964_num_3_1_993.
14 octobre 2021. Atelier d'écriture. Logistique de la circulation des images numériques
L'objectif de cette séance est de s'entraîner, collectivement, à écrire sur l'art. Chaque étudiant.e est invité à lire le texte de la séance '(et répondre au test de lecture), regarder l'oeuvre proposée, et rédiger un texte commentant l'œuvre, en 500 mots maximum, en tenant compte des horizons ouverts par le texte.
Chaque texte est à envoyer à l'avance, au plus tard le lundi 10h, via la plateforme Moodle.
- Texte à lire : Peter Szendy, « L’argent, ou l’envers des images », dans Peter Szendy, Le Supermarché du visible, Paris, Minuit, 2017, p. 11-23.(document ci-après)
- Œuvre proposée : Minerva Cuevas, Horizon II, 2016.
21 octobre 2021 : Circulation massive des images, réappropriations et créativité artistique. Rencontre avec la classe de photographie de Marie-José Burki, Beaux-arts de Paris (+exposé)
La séance se déroulera en trois temps:
- un exposé (15 minutes) d'un.e étudiant.e de l'Unige sur l'oeuvre de John Heartfield, en lien avec la réflexion de Walter Benjamin dans la première partie de sa Petite histoire de la photographie ;
- un exposé (15 minutes) d'un.e étudiant.e de l'Unige sur l'oeuvre de Robert Rauschenberg, en lien avec le même texte de Walter Benjamin
- un dialogue sur le travail de Marie-José Burki, mis en route par la Professeure Béatrice Joyeux-Prunel
Texte à lire : Première partie de Walter Benjamin, « Petite histoire de la photographie », traduction d'André Gunthert. Études photographiques, 1 | Novembre 1996, mis en ligne le 18 nov. 2002. URL : https://journals.openedition.org/etudesphotographiques/99.
Œuvres à regarder avant la séance :
- John Heartfield (1891-1968, Der Rote Stern, p. 5. Photomontage, The New York Public Library / Art Resource, New York. https://archives-dada.tumblr.com/post/69161385977/john-heartfield-page-5-of-der-rote-stern
- Robert Rauschenberg (1925-2008), Odalisk, Odalisque, 1955-1958
Freestanding combine. Huile, aquarelle, crayon, pastel, papier, tissu, photographies,
reproductions imprimées, journal, métal, verre, oreiller, poteau en bois
et lampes sur structure en bois avec coq empaillé, 210,8 x 64,1 x 63,8 cm. https://www.rauschenbergfoundation.org/art/artwork/odalisk.
- Marie-José Burki, Horizons of a World, VII-2, 2018. Video, couleur, muet. 59 min 40 sec. https://vimeo.com/284308812/48313117f0
28 octobre 2021. Face au déluge (exposés)
Texte à lire pour la séance : Guy Debord, La Société du spectacle, chapitre I, "La séparation achevée". http://classiques.uqac.ca/contemporains/debord_guy/societe_du_spectacle/spectacle.html
Œuvres à considérer :
- un artiste confirmé : Grégory Chatonsky, All these Images, 2011http://chatonsky.net/all-theses/
- une jeune artiste : Nora Fatehi, Click Me, 2021. https://www.unige.ch/visualcontagions/events/newmedia/vcnm-artists
11 novembre 2021. Visite des étudiants des Beaux-Arts de Paris
18 novembre 2021. Robin Champenois (artiste) : Ces si grands espaces numériques et leurs habitants : le cyberespace dans les arts
Le concept de "cyberespace" désigne en général la manière dont les données numériques constituent un "univers d'information" propre, dans un monde technologique très interconnecté. Mais il peut aussi être compris dans un sens très littéral, comme un espace dans lequel vivent, grandissent et meurent des données et des êtres artificiels, et que l'on peut représenter de nombreuses façons.
L'une des descriptions les plus intéressantes d'un cyberespace riche et varié se trouve dans le cycle de romans Hyperion de Dan Simmons, dans lequel une partie importante de l'intrigue se déroule dans "l'Infosphère", terre des intelligences artificielles et de divers êtres étranges. De manière plus générale, que ce soient par de simples grilles axiales 3D ou des Métavers ouverts et infinis, de nombreuses œuvres d'art mettent en scène des univers virtuels dans lesquels interagissent des robots, des I.A. ou des humains. Ces univers alternatifs peuvent se limiter à un moyen de rendre tangibles des actions abstraites, ou bien constituer de vraies contrées imaginaires aux ouvrant des possibilités inconnues du monde physique.
Comment ces espaces sont-ils représentés ? Qui sont leurs habitants, et quelle langue parlent-ils ? Qu'est-ce que ces lieux apportent aux œuvres qui les mettent en scène ?
Robin Champenois est doctorant en création artistique et intelligence artificielle.
Son goût pour les sciences l'a d'abord conduit à étudier l'informatique et les mathématiques à l'École normale supérieure (Paris), puis à se spécialiser en vision par ordinateur et intelligence artificielle à l'Université Paris-Saclay. À travers plusieurs stages et une année de diplôme à l'Institut de Technologie et d'Innovation de l'Université PSL, il a également eu un aperçu du monde des startups et des entreprises.
En parallèle de ses études, Robin a développé sa propre pratique artistique et a contribué à plusieurs expositions étudiantes et festivals artistiques. C'est finalement dans la recherche d'une pratique sensible de l'I.A. qu'a pris forme son doctorat, dans lequel il explore les territoires irrationnels de la pensée humaine et des machines, en tissant des liens entre l'informatique, l'histoire de l'art, les sciences cognitives, la philosophie et la psychanalyse.
25 novembre 2021. "Images radioactives" (exposés)
Texte à lire pour la séance : Yves Citton, «L’hétéromation des images radioactives », in Lauren Huret, Praying for my Haters, Paris, Centre culturel Suisse, 2019, p. 7-14. Accessible sur le site personnel d'Yves Citton : http://www.yvescitton.net/wp-content/uploads/2020/08/Citton-Huret-HeteromationImagesRadioactives-FR-2019.pdf
Oeuvres à commenter :
2 décembre 2021. Vie et mort des images, réunion avec les Beaux-Arts de Paris
Texte à lire pour la séance : Régis Debray, Vie et mort de l'image: Une histoire du regard en Occident, Esprit (1940-), No. 199 (2) (Février 1994), pp. 57-66.
Oeuvres à commenter :
- une fois n'est pas coutume, un manifeste : Hito Steyerl, In Defense of the Poor Image, 2009. https://www.e-flux.com/journal/10/61362/in-defense-of-the-poor-image/
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Max Ernst, Les Cormorans, (groupe D, Cologne), 1920, collage, collection particulière (private collection), Paris. https://archives-dada.tumblr.com/post/19789562882/max-ernst-les-cormorans-groupe-d-cologne
9 décembre 2021. Nachleben (Exposés)
Lecture : Georges Didi-Huberman, L'Image survivante. Histoire de l'art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Editions de Minuit, 2002. Extraits : "Lebensfähige Reste: la survivance anachronise l'histoire" (pp. 82-90) et "Les images aussi souffrent de réminiscences" (pp. 307-314)
Œuvres à commenter :
Exposé d'Adélaïde Quenson : Romuald Hazoumè, Dream, 2007. Photographie montée sur bois, barque faite de bidons de plastic, bouteilles de verre, bouchons, cordes, lettres, photographies. Aue Pavilion, Documenta 12, https://universes.art/en/documenta/2007/aue-pavilion/romuald-hazoume
Exposé de Tiago Ferreira Figueiredo : James Rosenquist, President Elect, 1960-1961, huile sur toile, 228 x 122 cm; Centre Pompidou, Paris. https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cezX7AK
16 décembre 2021. Comment cerveau et intelligence artificielle analysent-ils les images? Thomas Deneux, CNRS
La vision est certainement la modalité sensorielle qui véhicule l'information la plus abondante, aussi occupe-t-elle une place prépondérante tant dans le cerveau de la plupart des animaux que dans le domaine de l'intelligence artificielle. Mais comment le cerveau ou une IA font-ils pour analyser images et flux visuels ? Comment à partir d'une grille de "pixels" peut-on remonter à la détection de ce qu'elle représente ? Nous présenterons un panorama de ce que nous apprennent neurosciences et IA sur la vision et sur les images, dressant certains parallèles entre les deux domaines, pour toucher également à la question du pouvoir des images. Les explications sur l'IA seront agrémentées de démonstrations avec le robot éducatif "AlphAI" qu'on peut entraîner à prendre des décisions de locomotion à partir de son image caméra.
23 décembre 2021. Réappropriations (exposés)
Exposés sur les œuvres suivantes:
Marcel Duchamp(1887-1968), Roue de bicyclette, 1913/1964. Assemblage d'une roue de bicyclette sur un tabouret. Métal, bois peint, 126,5 x 31,5 x 63,5 cm. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. https://www.centrepompidou.fr/es/ressources/oeuvre/gCIMyPS
*Mel Ramos (né en 1935), Plenti-Grand Odalisque, 1973, huile sur toile, Louis K. Meisel Gallery, New York. https://www.meiselgallery.com/artwork/plenti-grand-odalisque/
Cette séance réintroduira les problématiques du séminaire, en axant la question sur la circulation des images - et celle des images qui ont eu le plus de "succès" au passé comme au présent.
Nous reprendrons également le projet d'exposition prévu pour le mois de mai 2022 dans le cadre de notre collaboration avec la classe de Marie José Burki à l'Ecole des Beaux-arts de Paris.
Le phénomène de circulation et de mutation des images, amplifié par nos infrastructures numériques et le partage en ligne de contenus iconographiques, nous demande de repenser notre épistémologie du visuel. En partant du concept d’hantologie de Jacques Derrida, nous appréhenderons le fameux flux d’images composant notre culture visuelle non pas par le volume ou la vitesse de son débit mais par la capacité de certaines images à persister. Le principe de survivance tel qu’il est formulé par Georges Didi-Huberman afin d’actualiser l’iconologie d’Aby Warburg sera au cœur de cette démarche. En effet, si l’historien de l’art était parvenu à renouveler la science des images en soutenant qu’une image puisse survivre au temps et refaire apparition sous la forme d’un symptôme, l’hantologie nous invite à considérer ce qui aurait pu être davantage que ce qui a été. Ainsi, à partir de l’étude d’un corpus d’œuvres rejouant à leur manière les enjeux de la spectralité de l’image – chez Philippe Parreno, Alfredo Jaar, Tania Mouraud ou encore le duo Émilie Brout & Maxime Marion – nous proposerons une démarche proactive en vue d’inclure dans notre réflexion les images absentes, supprimées ou potentielles et d’entamer un dialogue avec autant de spectres.
Simon Zara est artiste-chercheur, doctorant à l’Université de Lille et enseignant en Arts Visuels à l’Université de Strasbourg. Ses recherches portent sur la vision et les régimes visuels dans lesquels nous naviguons quotidiennement, et plus spécifiquement sur la circulation des images. Il est chercheur associé au CEAC (ULR 3587) et à l’ACCRA (UR 3402), et membre du groupe de recherche Cultures Visuelles (ACCRA).
Muséographie virtuelle et Unheimlichkeit — étude de cas d'une "œuvre dispositif"
Abstract
Rui-Long Monico viendra présenter la muséographie virtuelle de l'exposition "contagions visuelles — les images dans la mondialisation" dont il est le créateur et qui sera prochainement inauguré au Jeu de paume. Dans son travail de conception, il a exploré la notion d’Unheimlichkeit, si présente dans la culture Internet, puis réfléchi à une interface graphique flottant entre familiarité inquiétante et plaisir déconcertant. Outre servir de cimaise aux œuvres numériques des artistes invités, le site web ainsi créé se veut une "œuvre-dispositif" à part entière ; une mise en abîme du concept de déluge des images qui relie l'ensemble des œuvres y étant présentées. Le site se caractérise par un subtil équilibre entre respect et mépris des règles de création d'un site web – se jouant ainsi des attentes de l'internaute en termes de mise en page, de navigation et d'expérience utilisateur. Au fil de sa déambulation, l'on s'y sentira étonné ou agacé – toutefois le site saura révéler son lot de surprises au visiteur sachant s'égarer. Par sa réalisation, l’œuvre de Rui-Long Monico rappelle que les images numériques ne circulent jamais de manière autonome, mais systématiquement par la médiation d'un dispositif dont la neutralité n'est qu'apparente.
Bio
Rui-Long Monico est artiste plasticien, designer et directeur de création de l’atelier de communication visuelle Candy Factory à Genève. Passionné par la genèse et le rôle des images dans la société contemporaine, il travaille à une thèse de doctorat – entre histoire de l'art (Université de Genève) et sciences de la communication (Hochschule der Medien Stuttgart) – ayant pour thématique la canonisation esthétique, technique et sécuritaire de l’École suisse du billet de banque.
Lecture : https://candyfactory.ch/de-leconomie-dans-lart-contemporain-entrepreneuriat-profit-et-critique/
Deux exposés proposés (15 minutes chacun):
* 1. courte histoire critique de l'iPhone.
* 2. courte histoire critique des réseaux sociaux.
Texte à lire (avec test à valider) pour préparer la séance :
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Exposés (atelier) : sujets proposés :
* La théologie de l'icône en 15 minutes -
* Une icône d'aujourd'hui : Kim Kardashian -
Pour préparer la séance :
Loiselle, Marie-Claude. « Entretien avec Marie-José Mondzain. » 24 images, numéro 172, juin–juillet 2015, p. 20–24. Téléchargeable sur https://www.erudit.org/fr/revues/images/2015-n172-images01913/78105ac/.
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10h15 : rendez-vous sur le lieu de l'exposition, dans le hall de Dufour.
Nous continuerons probablement la séance sur place à la cafétéria !
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