Séminaire de Recherche en Linguistique

Ce séminaire reçoit des conférenciers invités spécialisés dans différents domaines de la linguistique. Les membres du Département, les étudiants et les personnes externes intéressées sont tous cordialement invités.

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Titre Quand some (‘certains’/‘quelques’) présenté en isolation déclenche une inférence scalaire. Étude électrophysiologique d’un conflit type Stroop
Conférencier Cécile Barbet (Université de Genève)
Date mardi 24 octobre 2017
Heure 12h15
Salle L208 (Bâtiment Candolle)
Description

Beaucoup d’études en pragmatique expérimentale ont conclu que les inférences dites scalaires (quand par ex. ‘certains/quelques X sont Y’ implicite ‘pas tous les X sont Y’) sont le résultat de calculs pragmatiques fortement dépendants du contexte réalisés après le calcul du sens sémantique. Cependant, la force du support contextuel nécessaire au déclenchement de telles inférences n’est pas claire.
L’étude présentée cherche à tester si l’inférence scalaire ‘not all’ (‘pas tous’) que l’on peut tirer de l’emploi du quantificateur some (‘certains’/’quelques’) peut être déclenchée en l’absence de support contextuel linguistique. Pour ce faire, les modulations d’amplitude des potentiels évoqués (ERP) élicités par des conflits de type Stroop sont examinées chez des participants devant indiquer en appuyant sur des boutons d’un boitier de réponse si des suites de lettres sont présentées entièrement en majuscules ou non. Parmi des non-mots et des mots distracteurs, apparaissent de façon aléatoire les mots all (contrôle sémantique), some (test pragmatique) et case (contrôle neutre) présentés avec toutes leurs lettres en majuscules ou dans un mélange de majuscules et minuscules.
De façon attendue, ‘aLl’ par ex., par rapport à ‘ALL’, produit un effet N450 significatif
associé à l’interférence entre le sens du mot et la réponse à fournir. De façon plus surprenante, et bien que la plupart des réponses des mêmes participants dans une tâche de vérification phrase-image soit logique/littérale, un effet N450 similaire est obtenu pour ‘SOME’ par rapport à par ex. ‘sOmE’, alors que ‘SOME’ ne peut produit un tel conflit de type Stroop que s’il est interprété pragmatiquement. Aucune modulation de type N450 n’apparaît pas pour ‘cASe’ par ex. vs. ‘CASE’, c’est-à- dire dans la condition contrôle neutre.
Ces résultats suggèrent que some peut apparaître incompatible avec le concept de ‘tous’ quand le support contextuel est minimal. De plus, il n’y a pas de corrélation entre la taille de l’effet N450 et le taux de réponse de type pragmatique dans la tâche de vérification phrase-image.
Cette étude montre pour la première fois que le sens dit pragmatique de some peut être dérivé en l’absence de support contextuel linguistique. Par conséquent, l’inférence scalaire ‘not all’ déclenchée par some devrait être considérée comme sensible au contexte plutôt que dépendante de ce dernier, c’est-à- dire plus ou moins saillante et pertinente selon le contexte plutôt qu’entièrement tributaire du contexte.

   
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