Séminaire de Recherche en Linguistique

Variation syntaxique dans les interrogatives partielles des langues romanes 

Une observation cruciale concernant le développement syntaxique des langues romanes est que les interrogatives partielles sont caractérisées par un ordre général ‘syntagme interrogatif-verbe(-sujet)’ (QuV(S)). Dans le cadre de la grammaire générative, cet ordre est généralement considéré comme résultant du déplacement du syntagme interrogatif vers la périphérie gauche suivi par le déplacement du verbe vers une position adjacente. Étant donné la caractérisation générale des langues romanes anciennes comme ayant une grammaire ‘verbe en seconde position’ (V2), l’ordre QuV(S) est lié à une règle générale de placement du verbe conjugué vers la périphérie gauche. Par conséquent, dans les langues romanes modernes, qui ont perdu la grammaire générale V2 à la fin de la période médiévale (sauf quelques variétés du romanche), l’ordre QuV(S) est considéré comme « effet de V2 résiduel ». Cela est typiquement capturé par la supposition selon laquelle le syntagme interrogatif et le verbe conjugué se déplacent obligatoirement vers la périphérie gauche. En conséquence, le verbe doit être en position adjacente au syntagme interrogatif et le sujet, s’il est exprimé et s’il ne représente pas le syntagme interrogatif, doit apparaître en position postverbale. 

Cependant, si cette restriction semble être confirmée empiriquement pour les langues romanes anciennes, ce n’est pas toujours le cas pour les langues romanes modernes qui présentent un nombre de déviations relativement élevé à cette restriction. Dans cet exposé, j’examinerai quelques-unes de ces déviations sur la base de données provenant d’un vaste corpus de textes parallèles de différentes périodes et je lancerai une discussion sur la question de savoir s’il est possible de retracer le changement diachronique et la variation synchronique concernant l’ordre des mots dans les interrogatives partielles dans les langues romanes sur la base d’un tel corpus.