Les études arméniennes
Le champ d'études
Les études arméniennes offrent une palette d'enseignements variés dans les domaines de la langue et de la littérature arméniennes anciennes, médiévales et modernes (occidentale et orientale).
Langue et littérature arméniennes anciennes et médiévales
L'arménien ancien existe sous forme écrite depuis le début du Ve siècle de notre ère. La création d'un alphabet propre fut pour les Arméniens la condition obligée pour la constitution d'un corpus littéraire en langue arménienne, corpus qui allait comprendre aussi bien des traductions, à partir du grec et du syriaque, que des œuvres historiographiques et théologiques. Travaillant à retrouver les racines du passé de l’Arménie, les historiens arméniens anciens s’efforcèrent en même temps de fournir aux Arméniens les instruments culturels et religieux susceptibles de favoriser la prise de conscience de leur identité nationale. L’urgence de ce travail de mémoire était dictée par le péril d’une assimilation auquel les Arméniens, serrés entre les deux superpuissances de l’époque - l’Empire perse et l’Empire romain - étaient alors confrontés. Les premiers traducteurs, de leur côté, concentrèrent leur activité tout d'abord sur la traduction de textes religieux dans le but d’achever la christianisation de leur pays. Dans un deuxième temps (vers la fin du Ve siècle), ils tournèrent leur attention également vers les œuvres de philosophie, de grammaire, de rhétorique et en général vers les œuvres scientifiques en langue grecque, en favorisant l’introduction et l’essor d’un cursus d’études encyclopédique en Arménie (grammaire, rhétorique, philosophie, arithmétique, géométrie, musique et astronomie). Sur les anciennes traductions des œuvres grecques (par ex. d’Aristote, Platon, Euclide, etc.) furent ensuite jetées les bases de la spéculation scientifique originale de l’Arménie, qui s’affirma surtout au Moyen Age. C’est également au Moyen Age que la poésie connut son essor, autour de thèmes à double vocation religieuse et laïque.
Depuis ses origines, la littérature arménienne se développa ainsi sous le double signe de l'originalité et de l'"emprunt" aux cultures voisines. La position géographique même de l'Arménie ancienne, vrai carrefour entre les mondes mésopotamien, iranien, gréco-romain, byzantin, arabe, mongol, etc., demande que l'étude de son histoire, de sa littérature et de sa civilisation soit nécessairement enracinée dans ce contexte multiculturel. Cette approche, d'ailleurs, rend l'arménien complémentaire de plusieurs autres disciplines enseignées à la Faculté des lettres et à la Faculté de théologie. L'Unité d'arménien est d'autant plus attentive à ces différents aspects et à cette dimension multiculturelle de l'histoire arménienne qu'elle trouve là la possibilité de différentes formes de collaboration avec d'autres enseignements de la Faculté des lettres.
L'enseignement de la littérature arménienne ancienne et médiévale prévoit un cycle qui porte sur trois ans, structuré selon la périodisation suivante:
a) Période classique et post-classique (Ve-VIe s.);
b) Période de la domination arabe et des royaumes indépendants (VIIe-XIe s.)
c) Période du royaume de Cilicie, haut Moyen Age et Moyen Age tardif (XIIe-XVIIe s.)
Chaque année, à travers une leçon d’introduction, les enseignant-e-s veillent à donner aux étudiant-e-s en début de cursus ainsi qu’aux étudiant-e-s provenant d’autres disciplines les informations essentielles leur permettant de suivre les cours et séminaires de l’année, même si ceux-ci portent sur la deuxième ou la troisième période littéraire prévue par le cycle. L'histoire arménienne ancienne et médiévale est présentée dans le cadre des cours d'histoire de la littérature (avec bibliographie d'appoint).
Langue et littérature arméniennes modernes (occidentale et orientale)
Vers la moitié du XIXe siècle, l'arménien se diversifie en deux branches, occidentale et orientale, les deux s'affirmant en tant que langues littéraires. L'arménien occidental, qui dérive du dialecte arménien de Constantinople et de Smyrne, est actuellement parlé dans les communautés arméniennes de la Diaspora et, en particulier, au Moyen Orient, tandis que l'arménien oriental, dérivé du dialecte arménien de Tiflis (aujourd'hui Tbilissi) et Erevan, est aujourd’hui parlé dans la République d'Arménie, dans les aires de l'ancien espace soviétique et en Iran. L'arménien moderne est enseigné à Genève dans ses deux ramifications et prévoit l'utilisation de méthodes audiovisuelles facilitant l'apprentissage de la langue parlée. Les séminaires d'initiation à l'arménien occidental ont lieu chaque année. Périodiquement, un séminaire d'initiation à l'arménien oriental est assuré. Ce séminaire est adressé aux étudiant-e-s ayant déjà des connaissances solides de l'arménien (ancien et/ou moderne occidental). Les deux traditions littéraires (occidentale et orientale) sont présentées, avec une attention particulière aux thèmes de l’exil, de l’identité, de la femme et d’autres encore. Comme pour le volet ancien, l'enseignement de la littérature arménienne moderne aussi prévoit un cycle qui porte sur trois ans, structuré selon la périodisation suivante:
a) L'entrée des Arméniens dans la modernité : "Renouveau", "Réveil" et Romantisme arméniens (1700-1885)
b) De la génération des réalistes à la Catastrophe (1885-1920)
c) Diaspora (depuis les années 20 du XXe s.); période soviétique (1920-1991); Arménie indépendante (depuis 1991)
Comme pour l'époque ancienne, chaque année, à travers une leçon d’introduction, les enseignant-e-s veillent à donner aux étudiant-e-s en début de cursus ainsi qu’aux étudiant-e-s provenant d’autres disciplines les informations essentielles leur permettant de suivre les cours et séminaires de l’année, même si ceux-ci portent sur la deuxième ou la troisième période littéraire prévue par le cycle.
L'histoire arménienne moderne est présentée dans le cadre des cours d'histoire de la littérature (avec bibliographie d'appoint).
Combinaisons de disciplines
Il est suggéré aux étudiant-e-s qui privilégient
- le cursus ancien et médiéval de combiner les études arméniennes avec les disciplines suivantes (selon les intérêts particuliers de chacun): a) en Faculté des Lettres: histoire des religions antiques, grec ancien et byzantin, grammaire comparée des langues indo-européennes (dont l'arménien fait partie), histoire ancienne et médiévale, histoire de la philosophie antique et médiévale, arabe, langues et civilisations de la Mésopotamie, copte, hébreu, Etudes genre, etc.; b) en Faculté de Théologie: histoire du christianisme ancien, sciences bibliques et littératures apocryphes;
- le cursus moderne de combiner les études arméniennes avec les disciplines suivantes (selon les intérêts particuliers de chacun): russe, grec moderne, histoire générale, linguistique, littérature comparée, Etudes genre, théories et histoire de la traduction (ETI).
Inversement, l'introduction à la littérature et à la civilisation arméniennes ainsi que l'apprentissage de la langue arménienne peuvent constituer des modules à option cohérents par rapport aux cursus des mêmes disciplines.