Conférence de M. Kostis Gotsinas

Buveurs et docteurs

La question de l’alcool en Grèce et en France au début du XXe siècle

Conférence de M. Kostis Gotsinas, mardi 26 mars

à 18h15 dans la salle U159 à Uni-Dufour

Dans les années 1870 une épidémie de phylloxéra, insecte qui détruit les vignes, ravage le vignoble français et incite l’industrie vinicole française à chercher de la matière première ailleurs. Les viticulteurs grecs saisissent l’occasion et au bout de quelques années la production de raisins secs explose dans le Royaume de Grèce, générant de grands profits mais aussi une grave crise économique et sociale, quand le vignoble français se rétablit vers la fin du XIXe siècle et les stocks de raisins secs pourrissent invendus dans les dépôts grecs.

Or, les lien entre les deux pays ne se limitent pas à des échanges commerciaux : des contacts intellectuels et académiques denses unissent les médecins, neurologues et psychiatres grecs avec la France et le discours médical sur l’alcool qui se développe depuis la fin du XIXe siècle. Les deux pays partagent, ainsi, non seulement un secteur vinicole influent et une culture du vin bien enracinée dans la société, mais aussi des politiques similaires en matière de consommation et de vente d’alcool.

Si dans d’autres cas le mouvement antialcoolique obtient des mesures drastiques, l’exemple le plus connu étant la « Prohibition » aux États-Unis (1919-1933), une approche plus modérée prévaut en Grèce et en France, prônant la consommation de boissons fermentées au lieu de produits de distillation.

Cette présentation analysera les discours médicaux et psychiatriques sur l’alcool en Grèce du début du XXe siècle, cherchant les influences des discours analogues en France et examinant les similitudes, les particularités, ainsi que les divergences au sein de la communauté scientifique grecque.

Ancien membre de l’École française d’Athènes, Kostis Gotsinas est historien, chercheur à l’Institut de Recherches Historiques de la Fondation Hellénique de la Recherche Scientifique. Il a fait ses études à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes et a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Ses intérêts scientifiques et ses publications portent sur divers domaines de l’histoire sociale et culturelle : les substances psychoactives, la déviance, les loisirs, la sexualité et le genre, la santé ou encore la Première Guerre mondiale. Dernière Monographie parue (en français) : Poisons sociaux, Histoire des stupéfiants en Grèce (1875-1950), Athènes, Ecole française d’Athènes, 2022.

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