14 octobre 2021: Leçon d'adieu Prof. Golay
12H30
CMU - AUDITOIRE MÜLLER (a250)
Alain GOLAY
Professeur ordinaire
Département de médecine & Centre facultaire du diabète, Faculté de médecine UNIGE
Médecin chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient, HUG
«Pourquoi est-ce si difficile de maigrir?»
De la physiopathologie à l’éducation thérapeutique des patient-es
Nous ne sommes pas toutes et tous égaux devant les calories. Ainsi, certaines personnes brûlent peu de calories et mangent plus, particulièrement en période de stress. De plus, alors que la graisse dite «brune» a notamment pour fonction de dissiper de l’énergie, ce mécanisme s’enraye chez certaines personnes obèses qui, comme ils ne brûlent que très peu d’énergie, développent une résistance à la perte de poids.
La régulation centrale du poids est assurée par l’hypothalamus, par le cortex préfrontal et par le système mésolimbique, appelé aussi le système de la récompense. Le liraglutide (GLP-1), un médicament prescrit aux personnes diabétiques ou en fort surpoids, agit sur ce système en améliorant la satiété. Ainsi, en bloquant le système endocannabinoïde, cette molécule engendre une diminution de la faim et donc une perte de poids. «Docteur, je ne mange rien et je grossis!»… et si c’était vrai? En effet, de récents travaux mettent en évidence le rôle jusqu’ici insoupçonné du microbiote intestinal dans la prise de poids. La prolifération d’une mauvaise microflore pourrait en effet faire grossir. À l’inverse, une bonne microflore permettrait de maigrir.
Comment motiver nos patient-es? Avec une approche humaniste, centrée sur la personne, l’éducation thérapeutique des patient-es (ETP) améliore la qualité de vie et l’adhésion au traitement, tout en diminuant les complications et les coûts de la santé. Pour les personnes concernées, cette stratégie thérapeutique vise principalement à améliorer les connaissances de sa propre maladie, de la comprendre et de l’accepter. Parfois, elle permet même de nous faire grandir et de trouver un nouveau sens à la vie.
Biographie
Alain Golay effectue ses études à Lausanne où il obtient un diplôme de médecin et un doctorat. Il est également titulaire d’une maîtrise universitaire de pédagogie dans les sciences de la santé et d’un titre de spécialiste en médecine interne et en endocrinologie-diabétologie. Après plusieurs années à l’Université de Stanford, où il mène des recherches en diabétologie, il rejoint en 1989 le Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques des HUG, devenu depuis le Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient. Il prend la tête de son service, par ailleurs centre collaborateur de l’OMS, en 2003, et est aussi directeur du Centre d’éducation thérapeutique du patient depuis 2019.
Le professeur Golay s’est d’abord intéressé aux mécanismes physiopathologiques impliqués dans l’obésité et l’insulino-résistance, puis a élargi son champ d’étude à la psychologie des personnes souffrant de maladies métaboliques, et notamment aux troubles du comportement alimentaire. Il prône ainsi une vision holistique et humaniste de la prise en charge des patient-es qui combine une connaissance des mécanismes biologiques à celle des malades en tant que partenaires de soins. Il a mis en évidence le rôle essentiel de l’éducation à long terme des patient-es et de leur prise d’autonomie dans la gestion quotidienne de leur maladie.
Au cours de sa carrière, Alain Golay est le lauréat de nombreuses distinctions, dont le European Health Education Prize, ou encore le Prix de recherche de la Société suisse de médecine. Il a été président et fondateur de l’Association suisse pour l’étude du métabolisme et de l’obésité. Il a également été, pendant plusieurs années, président de l’European Society of Patient Education ainsi que du European Group of Insulin Resistance. Nommé privat-docent de la Faculté de médecine en 1994, puis professeur adjoint au Département de santé et médecine communautaires en 2003, il est promu à la fonction de professeur ordinaire en 2011. Il est aussi membre du Centre facultaire du diabète depuis sa création en 2016. Il est nommé professeur honoraire en octobre 2021.
14 oct. 2021