Media

Peut-on faire confiance aux applications numériques en matière de santé ?

Une équipe internationale propose d’intégrer des systèmes de feedbacks automatiques dans les applications de santé digitale afin d’identifier les problèmes de sécurité le plus rapidement possible et renforcer la confiance en ces nouveaux outils.

Image générée par IA

Les technologies de santé numérique basées sur l'IA sont en passe de transformer les soins de santé, notamment pour le diagnostic et le suivi thérapeutique et les adaptations des habitudes de vie. Toutefois, l'absence de feedback en temps réel sur la sécurité et les performances de ces technologies limite leur fiabilité.  Une équipe internationale de recherche de l’Université technologique TUD de Dresden, de l'Université d'Oxford et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) montre comment la confiance et l’utilisation des applications numériques de santé pourraient être améliorées en y intégrant des mécanismes de feedback obligatoires et transparents, reliés à des plateformes nationales en accès libre. En résulterait une meilleure expérience d’utilisation et une plus grande sécurité des patients et patientes grâce à l'identification précoce des problèmes, ainsi que des processus d’approbation régulatoire et de gestion plus efficaces. Un pas de plus vers une transformation numérique fiable et transparente. Une prise de position à découvrir dans la revue Nature Medicine.

L’histoire de la médecine montre que, bien souvent, les réglementations sont mises en place à la suite d’échecs importants. La tragédie du thalidomide dans les années 1960 ou, plus récemment, l’utilisation d’implants mammaires défectueux ont par exemple été à l’origine de la mise en place de législations nationales ou internationales. Or, le processus actuel d'approbation des dispositifs médicaux varie considérablement, contrairement aux réglementations très strictes qui s'appliquent aux produits pharmaceutiques. Dans le cas des technologies de santé numérique, il est urgent de mettre en place des systèmes robustes de retour d'information après leur mise sur le marché afin de recueillir des données concrètes et d'identifier les problèmes de sécurité le plus tôt possible.

« Certes, certains mécanismes de feedback existent déjà », explique Baptiste Vasey, du Nuffield Department of Surgical Sciences de l'université d'Oxford et médecin interne dans le service de chirurgie thoracique et endocrinienne aux HUG. « Mais il y a un manque d'harmonisation et de systématique aux niveaux national et international qui permettraient un retour d'information immédiat et transparent. Or, il est techniquement facile d’intégrer de tels outils dans les technologies de santé digitale, ce qui en faciliterait l’utilisation et augmenterait la confiance du public. »

Pour une réglementation harmonisée en Europe

L'approche proposée par l’équipe de recherche tire parti des caractéristiques uniques des technologies du numérique pour réduire considérablement le coût et l'effort nécessaire pour récolter, analyser et harmoniser les feedbacks des utilisateurs et utilisatrices. Elle permet non seulement d'améliorer les performances, mais aussi de renforcer la sécurité des patients et patientes.

Rebecca Mathias, auteure principale et chercheuse dans l'équipe du professeur Stephen Gilbert au centre Else Kröner Fresenius (EKFZ) pour la santé numérique à l'université de technologie TUD de Dresden, ajoute : « Notre travail, à l'intersection de la réglementation des dispositifs médicaux et de la santé numérique, vise à établir un équilibre entre l'innovation et la sécurité. Alors que la numérisation s'accélère, il est essentiel d'élaborer des réglementations adaptées tout en tirant parti des cadres existants pour assurer la mise en œuvre efficace et sûre des technologies numériques, même si les mises à jour réglementaires prennent du temps. »

Ce travail a été soutenu par la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon Europe et du projet ASSESS-DHT (101137347). Les participant-es britanniques au projet Horizon Europe ASSESS DHT sont soutenu-es par les numéros de subvention UKRI 10106825 (National Institute for Health and Care Excellence) et 10108522 (Université d'Oxford).

6 févr. 2025

Media