Media

Réduire l'inflammation vasculaire dans le cerveau pour freiner la maladie d'Alzheimer

Une étude dirigée par une équipe de l’Imperial College de Londres, de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE) et du UK Dementia Research Institute a décrypté les mécanismes moléculaires qui sous-tendent les changements vasculaires associés aux premiers stades de la maladie d'Alzheimer. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Communications, pourraient permettre le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.

©Istock - Lars Neumann

La maladie d’Alzheimer, l’une des maladies neurodégénératives les plus fréquentes, entraîne une perte progressive de la cognition et de l’autonomie. Elle est caractérisée par l’accumulation dans le cerveau de protéines pathologiques, la plaque amyloïde et la protéine tau. Évoluant à bas bruit pendant des décennies, sa prise en charge précoce est essentielle pour espérer freiner le processus pathologique.

Dans ce contexte, l’impact de la maladie sur le système vasculaire cérébral reste encore mystérieux. « Pour mieux comprendre les mécanismes moléculaires en jeu, nous avons analysé la plus grande série de données de séquençage ARN à noyau unique spécifique pour les cellules vasculaires du cerveau» détaille Stergios Tsartsalis, psychiatre et chef de clinique scientifique au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’UNIGE et chercheur invité à l'Imperial College, premier auteur de ces travaux. « Or, il s’avère que des mécanismes neuropathologiques et génétiques de la maladie d'Alzheimer ont un impact direct sur les cellules endothéliales, un type de cellule qui tapisse les vaisseaux sanguins. Nos résultats montrent notamment que, parmi les cellules vasculaires, les cellules vasculaires expriment de manière spécifique les gènes associés au risque de la maladie d’Alzheimer. Cela souligne le rôle majeur que celles-ci jouent dans la maladie d’Alzheimer.»

Des cellules privées d’oxygène

De plus, les scientifiques ont mis en évidence le fait que les cellules vasculaires cérébrales souffraient d'hypoxie chronique (un manque d'oxygène), conséquence de l'augmentation de la protéine bêta-amyloïde qui bloque les processus normaux de réparation vasculaire. Ce phénomène est le résultat de l'activation inflammatoire, du vieillissement accéléré et de la mort des cellules endothéliales. Une stratégie thérapeutique ciblant les processus inflammatoires pathologiques induits par la protéine bêta-amyloïde pourrait rétablir, au moins partiellement, une fonction vasculaire normale et ainsi ralentir ou même retarder la progression de la maladie d'Alzheimer.

Le professeur Paul Matthews, directeur du centre UK DRI à l'Imperial, qui a dirigé ces travaux, souligne : "Nous apportons ainsi un nouvel éclairage sur le mécanisme à l’œuvre dans le dysfonctionnement vasculaire cérébral que l'on observe dans la maladie d'Alzheimer. En identifiant le rôle essentiel de l'activation inflammatoire des cellules endothéliales, nous avons pu établir le lien entre la pathologie vasculaire de la maladie d'Alzheimer et la pathobiologie, beaucoup mieux caractérisée, de l'athérosclérose. Cela indique donc que des nouveaux médicaments développés pour lutter les maladies cardiovasculaires pourraient également être utilisés comme traitements de la maladie d'Alzheimer".

 

18 mars 2024

Media