Media

Réagir face au sexisme en milieu médical

A travers une enquête et une campagne de sensibilisation, des étudiantes en médecine de l’UNIGE dénoncent le sexisme en milieu médical. L’UNIGE et les HUG soutiennent leur action et prennent des mesures.

© Giorgio Pesce / Atelier Poisson, Lausanne

Depuis quelques années, la parole se libère et les témoignages de sexisme, de harcèlement et d’agressions sexuelles font surface dans tous les domaines de la société. Le monde académique et médical ne fait pas exception. Des étudiantes en médecine humaine de l’Université de Genève (UNIGE) ont mené une enquête parmi leurs pair-es: leurs résultats montrent qu’au cours de leurs études les futur-es médecins y sont encore trop fréquemment confronté-es, en tant que victimes ou témoins, en particulier lors de leurs stages en milieu hospitalier. Les témoignages recueillis sont désormais au coeur d’une campagne de sensibilisation. Cette démarche, soutenue par l’UNIGE et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), a permis aux deux institutions genevoises de mesurer l’étendue du problème et de renforcer leurs actions de protection et de sensibilisation. Elles rappellent qu’elles ne feront preuve d’aucune tolérance en la matière.

Un sondage a été effectué en novembre 2020 auprès des étudiant-es de la 2e à la 6e année de médecine humaine afin de connaître l’ampleur du phénomène de harcèlement et de sexisme au cours des études de médecine. «Nous avons reçu 36 témoignages de harcèlement sexuel, par des victimes ou des témoins, qui concernent majoritairement des situations rencontrées lors de stages en milieu clinique dans plusieurs hôpitaux romands dont les HUG, mais aussi lors d’enseignements dispensés à la Faculté de médecine», expliquent Camille Bleeker et Lara Chavaz, étudiantes de 5e année et initiatrices de ce projet. «De plus, bien que la très grande majorité des victimes soient des femmes, les hommes ne sont pas épargnés.»

Des témoignages bruts pour sensibiliser

«Non, mais vous pouvez vous déshabiller», s’est entendu répondre une stagiaire qui demandait à son chef si elle pouvait revêtir une tenue chirurgicale pour assister à une opération. C’est l’un des cas mis en lumière par cette enquête, soutenue par les HUG et la Faculté de médecine – au travers de son Groupe médecine genre et équité et de sa Commission de l’égalité – ainsi que par le Service égalité & diversité de l’UNIGE. Le projet met en avant de tels témoignages et le ressenti des victimes sur des affiches à destination de l’ensemble du personnel des deux institutions. «Il est grand temps de mettre fin à cette culture sexiste qui gangrène notre profession», indiquent Camille Bleeker et Lara Chavaz. «Par ces affiches, nous voulons briser le silence et inciter les personnes témoins à intervenir pour soutenir les victimes, de même que rappeler l’impact que peuvent avoir des propos et des actes dont la gravité est encore trop souvent minimisée. Il en va de notre responsabilité commune!»

La campagne de sensibilisation permet aussi de parler du nouveau projet de l’Association des étudiant-es en médecine de Genève (AEMG), CLASH Genève. CLASH, pour Collectif de lutte contre les attitudes sexistes en milieu hospitalier, fait suite aux actions menées aux universités de Lausanne et de Fribourg et offre aux étudiant-es en médecine une hotline téléphonique pour les victimes de harcèlement.

Une réponse institutionnelle forte

«Au vu des résultats de l’enquête, nous avons décidé d’agir sur plusieurs fronts», explique Mathieu Nendaz, professeur et vice-doyen de la Faculté de médecine de l’UNIGE en charge de l’enseignement pré-gradué. «Nous avons ainsi interpellé les médecins-cadres des services hospitaliers où nos étudiantes et étudiants effectuent leurs stages afin qu’une plus grande vigilance s’opère au quotidien.» Sylvia de Meyer, responsable du programme égalité et diversité des HUG, ajoute: «notre direction a également envoyé un courrier aux médecins-cadres et responsables de soins pour rappeler que tout comportement sexiste ou discriminant est contraire aux valeurs de l’institution». Au-delà des actions de sensibilisation, la Faculté de médecine de l’UNIGE et les HUG soulignent que ces comportements sont inacceptables et seront sanctionnés. «Le constat d’aujourd’hui est sévère. Il faut absolument une prise de conscience de la part de toutes et tous, qui passe également par le renforcement des mécanismes de protection des victimes et de sanction des auteur-es », souligne le professeur Patrick Meraldi, président de la Commission de l’égalité de la Faculté de médecine.

Par ailleurs, Mathieu Nendaz précise que les formations à l’attention des enseignantes et enseignants seront renforcées. Et, avec la participation de cadres des HUG, un cours spécifique sera donné en 4e année de médecine, avant de débuter les stages, afin d’aborder le thème du harcèlement, sa reconnaissance et sa prévention. Des rappels sur les soutiens disponibles — groupe de confiance à même d’accompagner les victimes ou encore hotline à l’écoute pendant des horaires étendus — seront également faits régulièrement, dès les premières années de médecine. L’ensemble de ces dispositifs de soutien sont indiquées sur le site web de la Commission de l’égalité de la Faculté de médecine.

En parallèle, les HUG ont pris des mesures pour l’égalité et l’inclusion détaillées dans un récent communiqué de presse. Depuis lors, ils ont mis à la disposition de Clash Genève une ligne téléphonique pour les étudiant-es en médecine qui souhaitent des conseils, une orientation et un soutien de la part de la responsable du programme égalité et diversité des HUG.

Découvrir la campagne >>

22 mars 2021

Media