Éditorial
Numéro 43 - juin 2022
Du local au global, la Faculté tisse des liens
Covid-19: année 3? L’été 2022 s’annonce enfin plus serein. Ainsi, depuis quelques mois, les mesures sanitaires ont pu être levées ; les auditoires de la Faculté reprennent vie et nous redécouvrons le visage de nos voisin-es de bureau et de labo. Si le Covid-19 n’a pas disparu, nous apprenons à vivre avec lui, en espérant que l’automne ne voie pas la résurgence d’un virus à nouveau immaîtrisable — ou d’une autre menace sanitaire tout aussi redoutable. Ce retour à une certaine normalité est réjouissant et me permet de remercier encore toutes celles et ceux qui ont porté la Faculté à bout de bras pendant ces deux longues années. Leurs efforts n’ont pas été vains et sont riches en leçons qui nous permettront de faire évoluer nos manières d’enseigner et de travailler.
Depuis le début de cette crise sans précédent, les médecins et les scientifiques sont sur le devant de la scène, applaudi-es, souvent, mais aussi décrié-es, parfois. Alors que nous avions l’habitude d’œuvrer dans l’ombre, cette soudaine visibilité a mis en exergue le fait que la science fait partie d’un écosystème beaucoup plus large: La Faculté de médecine s’ancre dans un terreau géographique, culturel, historique, économique et — pour le meilleur et pour le pire — politique.
Au quotidien, nos liens avec Genève et avec sa population se déclinent de multiples façons, par exemple au travers des soins dentaires dispensés par les étudiant-es et les membres de la Clinique universitaire de médecine dentaire (CUMD) ainsi que des soins cliniques dispensés aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ce lien fort s’exprime également sous l’angle de la vulgarisation scientifique et de la communication lorsque nos expert-es prennent la parole dans le débat public pour expliquer les sciences de la vie et en décortiquer les mécanismes. De même, il s’incarne dans le développement d’applications médicales concrètes issues de nos laboratoires. Nées de la recherche fondamentale, ces innovations visent à mettre à la disposition des médecins et de leurs patient-es de nouveaux dispositifs de diagnostic ou de nouveaux traitements contre un large éventail de maladies – cancer, diabète, maladies infectieuses ou encore maladies neuropsychiatriques. Malgré notre CMU perché sur la colline de Champel, nous ne sommes pas enfermé-es dans une tour d’ivoire high-tech!
Comme en est l’habitude dans ces pages, j’aimerais adresser mes félicitations aux 25 professeurs et professeures nommées, promues ou titularisées entre juin 2021 et mai 2022, ainsi qu’à celles et ceux — au nombre de treize cette année — qui ont pris leur retraite. Vous trouverez ici un aperçu de leur parcours qui illustrent la dimension à la fois locale et internationale de notre Faculté. Cela démontre l’importance de conserver un esprit généraliste en accueillant en nos murs des chercheuses et chercheurs fondamentaux, aux côtés de cliniciennes et de cliniciens, mais aussi d’autres spécialités – éthique, histoire, économie, physique, informatique, etc. qui contribuent collectivement aux progrès de la médecine et au bien-être des malades. Cette Newsletter est également l’occasion de présenter les nombreux prix reçus par des membres de la Faculté au cours de l’année écoulée. Ces distinctions participent à notre rayonnement au-delà de nos frontières, même à l’aune des relations plus qu’incertaines de la Suisse avec l’Union européenne.
À la Faculté de médecine, nous mettons forcément en avant les carrières académiques. Cependant, il ne s’agit pas de notre unique finalité. En effet, la grande majorité des scientifiques qui se forment ici poursuivront leur carrière dans d’autres cercles. Ils et elles seront les forces vives de bien des domaines, y compris la valorisation industrielle et les biotech. Plusieurs startups qui ont germé dans le terreau fertile de la Faculté en sont un bon exemple. L’environnement de la Health Valley lémanique leur permettra assurément de se consolider et de porter de beaux fruits. C’est en tout cas tout ce que je leur souhaite.
L’année académique 2021-2022 s’achève donc sur une note plutôt positive. Bien entendu, de nombreux défis restent à relever, localement comme à l’échelle globale. Par exemple comment contribuer à limiter l’impact du changement climatique sur la santé individuelle et collective? Que pouvons-nous faire, comme médecins, scientifiques, et citoyen-nes pour limiter le poids des systèmes de soins sur l’environnement? Un groupe d’étudiant-es et d’enseignant-es s’est récemment emparé de ces questions pour proposer un nouveau cursus en santé planétaire afin d’intégrer ces questions à la formation médicale et entamer une nécessaire révolution verte.
Certes, nous ne pouvons pas présumer de l’avenir, mais l’optimisme permet parfois de soulever des montagnes.
Professeur Cem Gabay
Doyen de la Faculté de médecine