- Vie académique
Alliance inédite autour du Centre de médecine de premier recours
Inauguré le 27 novembre dernier, le Centre de médecine de premier recours (CeMPR) réunit les différents projets de la Faculté de médecine et des HUG visant à renforcer la médecine de premier recours en regard de son rôle essentiel dans le système de santé. Sous la direction du Pr Idris Guessous et de la Pre Dagmar Haller, le CeMPR se concentre principalement sur la formation et la recherche pour accroître l'attrait de cette spécialité médicale souvent méconnue et stimuler une relève encore insuffisante.
Numéro 46 - décembre 2023
Issu d'une collaboration étroite entre l'Institut universitaire de médecine de famille et de l'enfance (IuMFE) de la Faculté de médecine et le Service de premier recours des HUG, le CeMPR répond à un constat alarmant: à Genève, seulement un quart des médecins choisissent de se spécialiser en médecine de famille, alors que 50% seraient nécessaires pour répondre aux besoins de la population et assurer la pérennité du système de santé. «Comment encourager nos jeunes collègues dans cette voie? La question n'est pas récente, mais le CeMPR vise justement à y apporter des réponses novatrices», souligne la Pre Dagmar Haller. «Le soutien que nous recevons aujourd'hui, notamment des autorités politiques, démontre l'urgence de renforcer la médecine de proximité.»
Nombreux en effet était le public présent pour accompagner la naissance du CeMPR, soulignant l'importance cruciale des objectifs portés par ses équipes. «L'un des enjeux majeurs consiste à renforcer l'académisation de la médecine de premier recours en développant plus d'axes de recherche spécifiques et en garantissant une continuité dans le cursus, y compris post-gradué. La création du CeMPR a ainsi pour ambition d'assurer l'avenir de cette spécialité à Genève et en Suisse et de renforcer le système de santé au travers de liens durables entre l'université, l'hôpital et la cité », ajoute Idris Guessous.
Proximité, humanisme et innovations technologiques
À l'heure où la population vieillit et où l’accent est mis sur les soins ambulatoires, la demande en médecins de premier recours augmente. L’une des forces du CeMPR est d’être immergé dans une société dont il ressent les besoins auxquels il souhaite répondre de manière forte et engagée. Le Centre représente également une médecine en constante évolution, notamment avec le rôle croissant des technologies numériques et de l'intelligence artificielle dans la pratique clinique. Les outils de collaboration et d’interconnexion entre professionnel-les vont probablement transformer durablement le quotidien des médecins. Le CeMPR veut ainsi contribuer au développement de modèles innovants, efficaces et attrayants. «Il s’agira de créer des ponts entre la médecine de ville, l’hôpital et le monde académique pour inspirer de nouveaux modèles de médecine centrés sur les patient-es et répondant à leurs attentes.»
Un cursus de formation clairement défini
La mutualisation des actions et des compétences permettra, par exemple, le renforcement de stages dès les premières années d'études jusqu'à la spécialisation, au travers notamment d’une meilleure formation des enseignant-es et une meilleure continuité entre les différents stages, et grâce au réseau de plus de 250 médecins de ville établi par l'IuMFE au fil des ans. L'un des objectifs du CeMPR est de construire un parcours de formation clair et cohérent pour les étudiant-es, comprenant une part importante de formation en cabinet. «Cela commencera très tôt dans les études grâce à une mention en médecine de premier recours», indique Idris Guessous. «Cette mention dans le cursus de médecine humaine sera introduite dès la rentrée académique 2024, avec un financement de la Fondation privée des HUG. » L'objectif est également d'offrir davantage d'opportunités de formation post-graduée dans des cabinets médicaux pour une immersion directe dans la réalité du métier: avec le soutien de la Direction générale de la santé, le Centre pourra développer les places de formation en cabinet pour les internes en formation post-graduée.
Si la pénurie de médecins généralistes ne sera bien entendu pas résolue par le seul CeMPR, il concrétise des efforts importants pour garantir à toutes et tous un accès à des soins d’excellence sans rien perdre de l’humanisme qui constitue le cœur d’une relation forte entre les médecins et leurs patient-es.