Début janvier, au retour des vacances, près de 600 étudiantes et étudiants se réunissent dans les étages du Centre médical universitaire pour une semaine particulière. Futures et futurs médecins, pharmaciennes et pharmaciens, infirmiers et infirmières, diététiciennes et diététiciens, sage-femmes, physiothérapeutes, et techniciennes et techniciens en radiologie médicale: toutes et tous participent ensemble à une palette d’activités qui sortent du cadre habituel de leur curriculum d’étude. Escape game dans le réseau de santé genevois, jeux de plateaux, improvisation ou encore re-création de cas médicaux complexes, l’objectif principal est la formation aux facteurs humains, aux compétences de travail en équipe.

«L’une des clés de la sécurité des soins réside dans la capacité des équipes soignantes à communiquer entre elles de manière efficace. Or, se comprendre, s’écouter et travailler ensemble, entre différents métiers de la santé, cela s’apprend, et préférablement le plus tôt possible», explique le Dr Thomas Fassier, médecin urgentiste et co-directeur du CiS. «Il y a dix ans, l’idée de réunir au même moment sept filières de formation paraissait très improbable», abonde Patricia Picchiottino, sage-femme et co-directrice du CiS. «Cela est maintenant une réalité, et même une partie pérenne des programmes d’enseignement sanctionnée par l’obtention de crédits ECTS. C’est là l’un des accomplissements dont nous tirons le plus de fierté. Mais la formation interprofessionnelle a sa place tout au long de la carrière, que ce soit par suite d’un événement indésirable grave, pour former des formateurs et formatrices, ou selon les besoins que des équipes soignantes peuvent ressentir.»

Un continuum de formation unique

Initiatrices du projet, la Faculté de médecine de l’UNIGE et la HEdS ont été rapidement rejointes par les HUG et imad pour élargir le périmètre d’intervention du CiS bien au-delà des seules études pré-graduées. Aujourd’hui, les formations délivrées ont à la fois une dimension longitudinale - tout au long des parcours et carrières - et transversale, des soins hospitaliers aux soins communautaires. «Le CiS répond au besoin de préparer les professionnelles et professionnels de demain et entraîner celles et ceux d’aujourd’hui à une pratique de soins aux formes de collaboration très nouvelles telles que les maisons de santé, la télémédecine, ou encore la coordination de soins complexes de manière asynchrone,» explique Thomas Fassier. «Les nouvelles technologies, les changements sociétaux et les exigences complexes de notre système de santé forcent la médecine à évoluer de manière particulièrement rapide.»

L’une des raisons d’être du CiS est ainsi d’accompagner le personnel soignant dans ces changements qui vont bien au-delà de la simple pratique quotidienne. Pour nombre d’entre elles et eux, en effet, leur passage par le CiS est l’occasion d’une profonde réflexion sur leur propre posture professionnelle et leur rapport à autrui – collègues, malades et entourage.»  Dans un contexte où la collaboration devient essentielle, le CiS offre un espace où les barrières entre les disciplines sont levées. Et même, dans certains cas, un espace neutre où les équipes peuvent se parler plus facilement que sur leur lieu habituel de travail. «Les équipes de Curabilis, constituées de personnel soignant et de personnel de sécurité aux cultures professionnelles très éloignées, ont ainsi pu développer ensemble des méthodes de collaboration lors d’une session au CiS de manière beaucoup plus fluide», rapporte Patricia Picchiottino.

La simulation sous toutes ses formes

Le CiS constitue un véritable laboratoire d’expérimentation pédagogique, en témoignent les trois prix reçus de l’Académie suisse des sciences médicales et la Médaille de l’innovation de l’UNIGE, dont le CiS a été le lauréat en 2019. «Notre richesse vient de notre capacité à développer et combiner toute une palette d’outils selon le scénario à mettre en scène», indique ainsi Thomas Fassier. «Beaucoup connaissent nos mannequins haute-fidélité pilotés à distance, criants de vérité. Mais nous avons bien d’autres cordes à notre arc!»

La majorité des activités passent ainsi par la simulation humaine grâce à plusieurs centaines de patientes et patients simulé-es ou standardisé-es qui jouent un rôle dans un scénario précis, comme dans le cadre de l’examen fédéral de médecine humaine par exemple. Le CiS bénéficie aussi de patient-es instructeurs/trices et partenaires, qui, souffrant réellement d’une maladie, témoignent, enseignent au personnel soignant et participent parfois aussi activement à l’élaboration de la formation, sur le même modèle que d’autres partenariats en matière de recherche clinique ou de qualité des soins. D’autres dispositifs ont récemment été développés: e-learning, «shadowing interprofessionnel», qui consiste à se mettre dans l’ombre d’une autre personne — collègue, malade, famille — pour, pendant quelques heures, faire l’expérience d’un point de vue différent de la collaboration dans les soins.

Grâce à ses installations de pointe, ses équipes et ses partenariats actifs, le CiS contribue à façonner le paysage des soins de santé de demain et est devenu un acteur incontournable à Genève et en Suisse romande. Vivement ses 20 ans pour célébrer encore plus de nouveautés!

Patricia Picchiottino
Sage-femme et co-directrice du CiS

Thomas Fassier
Médecin urgentiste et co-directeur du CiS

Le CiS en images

Le CiS en quelques chiffres

• 21 membres du personnel
• Près de 200 formateurs et formatrices
• 300 patientes simulées et patients simulés
• 8'700 heures de formation en 2023, dont plus de la moitié avec simulation humaine
• 55'000 heures de formation délivrées en 10 ans
• Plus de 6'000 étudiantes et étudiants de niveau pré-gradué  ont reçu une formation en interprofessionnalité
• 350 personnes formées en tant que formateur ou formatrice en simulation
• Session interpro 2022: 180 tuteurs et tutrices ont encadré 1'386 étudiantes et étudiants de niveau pré-gradué