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Valoriser la recherche biomédicale: de la bonne idée à la concrétisation

Quelle est l’activité inventive de la Faculté de médecine? Selon les derniers chiffres fournis par UNITEC, près de la moitié des professeures et professeurs de la Faculté ont déjà eu recours à leurs services. Si entre l’annonce d’invention et sa valorisation, le chemin est long et semé d’embûches, il existe plusieurs structures de soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat, interne à l’UNIGE ou externes. De plus, la Faculté de médecine engage une réflexion stratégique pour mieux soutenir l’innovation née dans ses laboratoires.

Numéro 49 - juin 2024

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© iStock

Les recherches menées à la Faculté de médecine ont pour la plupart le même objectif, proche ou lointain: mieux comprendre les processus biologiques pour améliorer le diagnostic ou les thérapies des pathologies dont souffrent la population. Mais pour avoir un réel impact, les résultats de recherche doivent être valorisés. « Nous avons récemment mené avec UNITEC une enquête pour mieux connaître nos compétences en innovation et commercialisation », détaille Serge Ferrari, vice-doyen en charge de la recherche translationnelle et de la valorisation. « Les nombres de déclarations d’invention et de dépôts de brevet sont très réjouissants. La suite, c’est-à-dire la commercialisation au travers d’une licence d’exploitation d’une invention ou de la création de startup, l’est un peu moins. »

Le dépôt d’invention à UNITEC est une première étape indispensable. Mais le plus intéressant vient ensuite. Si 87 professeur-es actuellement en fonction à la Faculté de médecine ont déposé un total de 97 brevets — soit un quart du corps professoral, une très belle performance — il n’y a eu que 57 licences, et 10 startups. Comment la Faculté et le Décanat pourraient encourager ces esprits innovateurs à aller plus loin? Les besoins ne se situent pas au niveau des inventions, ni au niveau du brevet, où UNITEC intervient, mais bien aux étapes suivantes.

«Les compétences de la recherche et celles de la commercialisation, de l’analyse du marché à la levée de fonds en passant par les aspects opérationnels, financiers et juridiques ne sont pas les mêmes », souligne Serge Ferrari. « Nous avons identifié deux barrières principales à ce passage du brevet à la réalisation: la possibilité de sortir du laboratoire de recherche académique pour s’installer dans des locaux adaptés aux étapes suivantes de développement en vue d’une commercialisation, et l’indentification d’investisseurs prêts à s’engager financièrement. Ce sont sur ces deux aspects que le Décanat aimerait articuler des propositions concrètes.»

Un aperçu des soutiens existants

Des structures visant à soutenir la valorisation de la recherche sont présentes à plusieurs niveaux. Au sein de l’UNIGE, UNITEC, le bureau de transfert de technologie, est là pour les équipes de l’UNIGE, des HUG et de la HES-SO Genève dès l’annonce d’invention. Le Service de soutien à la recherche a quant à lui la mission d’aiguiller les chercheuses et chercheurs pour identifier la bonne source de financement dans la myriade de mécanismes existants. La Fondation privée des HUG dispose également de financements directs pour l’innovation. Ensuite, aux niveaux régional et national, plusieurs organismes publics et privés apportent financements, expertises et compétences entrepreneuriales.

Innosuisse est l’agence fédérale pour l’encouragement à l’innovation. Elle a pour objectif de financer des projets qui auront un impact positif sur la société, et notamment des startups. Elle fait le lien entre le secteur de la recherche et du développement et celui de l’économie pour accélérer le passage de la recherche vers l’économie au travers de trois domaines d’intervention: la mise en œuvre de projets d’innovation, le réseautage, et enfin le coaching, avec un financement qui dépasse les 500 millions, et qui dervait augmenter. « La politique fédérale est très favorable à l’innovation, mais l’UNIGE et les HUG n’ont déposé que peu de projets. Il faut en profiter, d’autant que dans le domaine des sciences de la vie, le taux d’acceptation des projets est de 40%», encourage Serge Ferrari. 

La FONGIT s’engage pour l’entrepreneuriat

La FONGIT, la Fondation genevoise pour l’innovation technologique, organisme à but non lucratif soutenu par le Canton de Genève, est une plateforme d’innovation qui permet aux entrepreneurs/euses de transformer une idée en modèle économique. La FONGIT naît de l’envie d’un entrepreneur qui, après plusieurs succès mais aussi quelques échecs, a décidé d’aider les autres à ne pas faire les mêmes erreurs que lui. Aujourd’hui, dirigée par Antonio Gambardella, elle soutien près de 200 startups. Fournissant des espaces de bureau et laboratoires, un réseautage au travers d’événements réguliers et un soutien administratif, la FONGIT, dont l’ambition est de créer une valeur économique et sociale à Genève, prend une participation pouvant aller jusqu’à 5% de l’actionnariat pour participer directement au financement de startups.

« L’entreprenariat reste un choix d’exception », indique Antonio Gambardella. « La FONGIT est aussi là pour évaluer et soutenir le passage assez délicat de la recherche et l’entreprenariat. » Des plans de développement au sein du Campus Biotech, lieu iconique de l’innovation en sciences de la vie, visent à y fédérer toute une palette de parties prenantes pour y créer un pôle d’entrepreunariat en sciences de la vie. La masse critique et de la communauté sont en effet essentielles pour favoriser la croissance d’un écosystème de startup. Concrètement, la FONGIT et ses partenaires mettront des espaces de travail à la disposition des startups dans ce lieu unique pour favoriser les interactions et accélérer le développement des sciences de la vie dans la région.

L’effort sera forcément collectif

« Nous sommes à un moment stratégique de soutien à l’innovation », rappelle Serge Ferrari. « Le Décanat cherche avant tout à rassembler ce qui existe pour stimuler un véritable élan. Comment soutenir nos équipes? Les réflexions sont en cours, avec la FONGIT et avec la Fondation pour recherches médicales (FMR), pour dérouler des actions concrètes à toutes les étapes de la recherche. »

Renforcer les opportunités de rencontre avec toutes les parties prenantes de cet écosystème inventif, y compris des investisseurs, allouer des locaux à coût limité grâce à la FMR et augmenter la capacité d’accueil de jeunes pousses au sein de la Tulipe, organiser des sessions de speed-funding pour favoriser les rencontres entre des investisseurs locaux et les équipes académiques, beaucoup de choses sont possibles. « Une profonde réflexion va s’engager, notamment pour évaluer l’engagement concret que pourrait prendre la Faculté de médecine. Le cercle vertueux de la valorisation et la collaboration avec le secteur des biotech doit être encouragé, y compris au travers de partenariats précoces afin d’évaluer rapidement la possibilité d’application des travaux menés dans nos laboratoires. »

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