• Vie académique

Antoine Geissbuhler fait le point sur la première année de son décanat

Formation, recherche, accompagnement du personnel ou encore stimulation du débat participatif sont quelques thèmes que le doyen de la Faculté de médecine depuis un peu plus d’un an, Antoine Geissbuhler, avait à cœur de soutenir. Il fait le point sur les premières réalisations de son équipe et les projets majeurs à venir.

Numéro 50 - octobre 2024

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©UNIGE. Professeur Antoine Geissbuhler, doyen de la Faculté de médecine UNIGE

Professeur Geissbuhler, vous vouliez faire de la Faculté un lieu de débat participatif et mieux accompagner les carrières. Un premier bilan?

Stimuler le débat en favorisant la convivialité et la prise de parole est en effet un enjeu pour notre Faculté. Nous nous attelons avec mon équipe à dynamiser les différents organes de la Faculté, à commencer par le collège des professeurs et professeures.

Par ailleurs, l’une de nos préoccupations prioritaires est d'accompagner au mieux le personnel en situation de contrats précaires, en particulier le corps intermédiaire. Les professeures Martine Collart, puis Stéphanie Hugues, ont mené un état des lieux afin de comprendre à la fois l’ampleur de la question et les difficultés rencontrées par les personnes concernées. Une nouvelle commission, la Commission du corps des Collaborateurs/trices de l’enseignement et de la recherche (CoCER), a été créée afin de mieux suivre leur carrière. Bien entendu, les budgets actuels ne permettront pas de stabiliser tous les postes, mais cette commission met en place un processus transparent pour la recherche de solutions.

Rappelons que la recherche ne se limite cependant pas uniquement à l’académie. Nous vivons au cœur même de la Health Valley, un vivier d’innovation dans le domaine des sciences de la vie, de start-ups et d’opportunités industrielles. Notre rôle est également d’encourager les liens avec ces différents milieux.

Autre question centrale pour la Faculté: comment envisagez-vous les enjeux actuels de l’enseignement?

Au vu des mutations de notre société, de l’évolution de la démographie médicale et des métiers de la santé, ainsi que de l'irruption de l'intelligence artificielle, il est en effet indispensable de faire évoluer aussi bien les contenus d’enseignement que les manières d’enseigner. Le programme ENSI 23-27 a été lancé sous la houlette du professeur Mathieu Nendaz, vice-doyen en charge de l’enseignement pré-gradué et de l’identité professionnelle. Il comprend des projets de formation des enseignant-es, d’évolution des formats d’apprentissage et de développement des compétences et de l’identité professionnelle.

Cette réflexion portera également sur les modalités de sélection des étudiantes et étudiants en médecine humaine, un sujet complexe et sensible. La première année d’étude s’avère souvent difficile à vivre. Permet-elle de retenir celles et ceux qui feront les meilleur-es médecins dans dix ans? Les solutions testées ailleurs – qui vont du test d’aptitude, à l’entretien individuel voire au tirage au sort – n’apparaissent pas non plus comme la panacée. Alors, comment faire? Aujourd’hui, je ne peux pas répondre, mais il me paraît urgent de se pencher sur la question, l’esprit ouvert.

Vous voulez aussi mettre l’accent sur la médecine de premier recours, une préoccupation non seulement pour la Faculté, mais aussi pour la société?

La médecine de premier recours est un rouage essentiel d’un système de santé fonctionnel. On estime qu’il faudrait 40% à 50% de médecins de famille parmi le personnel médical pour renforcer et coordonner le système de soins. Or, à Genève, cette proportion se situe plutôt entre 20% et 30%.  
Comment adapter notre formation pour répondre aux besoins de la société? Avec le soutien de la Fondation privée des HUG, nous lançons à cette rentrée une mention en médecine de premier recours/de famille au master en médecine humaine, dans l’idée de permettre aux étudiantes et étudiants qui le souhaitent de découvrir ce métier, en privilégiant leur formation clinique dans des cabinets médicaux, et en les formant aux outils de demain, notamment ceux liés au numérique et qui transforme la pratique de la médecine de première ligne.

Cependant, si ces mesures peuvent stimuler l’intérêt des futur-es médecins, des éléments de carrière déterminants — le cadre de travail, les enjeux financiers, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée — sont hors de notre périmètre d’influence directe. La Faculté n’est pas la seule à devoir travailler pour amener des solutions, mais nous voulons faire notre part.

Un autre grand projet concerne la recherche en neurosciences…

Absolument. Le Campus Biotech se transforme et s’agrandit, avec une attention stratégique accordée aux neurosciences, à la santé mentale et au numérique, ainsi qu’à la valorisation de la recherche et de l’innovation dans ces domaines. Le regroupement des laboratoires de recherche est en cours, autour notamment du Centre Synapsy et du PRN Evolving Language. L’arrivée en avril 2024 d'outils diagnostiques de pointe comme l'IRM 7 Tesla et le magnétoencéphalographe (MEG) est utile à la fois pour la recherche et pour la prise en charge des patientes et patients des HUG. Nous assistons à la construction d'un continuum de la recherche, de la recherche la plus fondamentale jusqu'aux soins cliniques, sans oublier le soutien à l'innovation. Un écosystème de classe mondiale est en train d’y naître.
Je souhaite d’ailleurs qu’une telle dynamique se développe également au CMU, dans nos autres domaines d’excellence.

Plus largement, dans le domaine de la recherche, quels sont les grands travaux en cours?

Je souhaite mettre l'accent sur la recherche translationnelle avec plusieurs projets. Tout d’abord, la création de bourses «CONFIRM PRIORITY» octroyées par la Fondation privée des HUG pour soutenir des projets ambitieux impliquant des équipes de la Faculté et des HUG dans certains domaines prioritaires, comme le diabète et le métabolisme énergétique cette année, ou l'inflammation l’année prochaine. Dans la même idée, certains domaines de recherche devraient être mis en évidence dans de nouveaux centres facultaires. Je pense à la vaccinologie et aux virus émergents, au domaine de la recherche cardiovasculaire et enfin aux muscles et au mouvement. Les centres déjà existants ont prouvé leur utilité, à la fois pour créer des synergies entre les chercheuses et les chercheurs, mais aussi pour valoriser une identité forte et facilement reconnaissable.

La restructuration et le développement du centre de recherche clinique est aussi une de nos priorités actuelles, de même que l’autonomisation des départements dans le cadre de la réalisation de leurs ambitions stratégiques.

Un an, ça passe à toute vitesse! Nous avons la chance de vivre dans un riche écosystème qui foisonne de talents, de bonnes idées, d’opportunités, de projets et aussi de quelques défis. Et j'ai le grand privilège de pouvoir compter sur une équipe décanale engagée et motivée et plus largement sur toute notre Faculté pour construire ensemble la médecine de demain.

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