«La recherche avance et les applications cliniques suivent peu à peu. Nous commençons à mieux comprendre les mécanismes biologiques et environnementaux sous-jacents, ce qui nous permettra de développer de nouvelles approches thérapeutiques, plus adaptées et personnalisées, pour ensuite les tester dans la réalité clinique» détaille Camilla Bellone, professeure au Département des neurosciences fondamentales et coordinatrice du Centre Synapsy. «Nos travaux ont ainsi permis de réévaluer les classifications habituelles des troubles psychiatriques comme l’autisme, la schizophrénie ou encore la bipolarité pour prendre en compte la grande hétérogénéité des symptômes et des besoins des patientes et patients.»

En commun, un défaut synaptique?

Les troubles psychiques sont-ils inscrits dans nos gènes, ou sont-ils la conséquence des expériences de vie? «Les deux causes sont en fait intimement liées», indique Stefan Kaiser, professeur au Département de psychiatrie, médecin-chef du Service de psychiatrie adulte des HUG et vice-coordinateur du Centre Synapsy. «Une prédisposition génétique rend plus ou moins vulnérable à certains troubles qui pourront se déclarer ou non selon les parcours de vie des individus concernés.»  

Malgré les importantes différences entre les troubles psychiques, la plupart semblent avoir un point commun: un défaut de connectivité des synapses, les points de contact entre les neurones par lesquels transitent les informations. En connectant les neurones, les synapses sont à la base des grands réseaux de neurones qui composent les aires du cerveau, et constituent donc la clé de la transmission des informations entre les neurones. «Des défauts de connexions synaptiques peuvent donc avoir des conséquences multiples sur le fonctionnement du cerveau», souligne Camilla Bellone «le Centre Synapsy tire justement son nom de cette hypothèse». 

Au Campus Biotech, un pôle international en développement

Le Campus Biotech s’agrandit pour accueillir des infrastructures de pointe pour la recherche en neurosciences et la prise en charge des patientes et patients. Ce lieu unique réunit les chercheurs et chercheuses, médecins et expert-es en technologies pour relever ensemble les défis les plus complexes de la santé mentale au travers d’une alliance inédite allant de la recherche la plus fondamentale jusqu’à la clinique. «Nous voulons ainsi unir les neurosciences fondamentales à la recherche clinique en psychiatrie, avec pour objectif d’apporter des solutions concrètes aux personnes souffrant de troubles mentaux. Nous devons promouvoir cette collaboration étroite entre les disciplines, former les futures générations de neurobiologistes et de médecins, et renforcer les liens entre la recherche académique et les besoins de la société», insiste Stefan Kaiser.

«Les Célébrales» pour échanger avec le public

L’un des objectifs du Centre Synapsy est aussi la déstigmatisation. Et pour cela, instaurer un dialogue où chacun et chacune peut témoigner, partager ses expériences, ses craintes et ses espoirs est essentiel. «L’impact des troubles psychiques sur les individus et la société ne fait qu’augmenter, il est donc plus que nécessaire de transmettre ces messages porteurs d’espoir», précise Camilla Bellone. 

Pour renforcer le dialogue sur la santé mentale, les membres du Centre Synapsy partageront le temps d’un après-midi et d’une soirée leur recherche au travers d’ateliers didactiques, d’expositions, de conférences et de tables rondes. Des artistes engagé-es, et des concerts sont aussi au programme. Le 5 octobre, un véritable festival s’organise pour parler sans tabou de la santé mentale.