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L’UDREM fête 30 ans d’innovations en pédagogie médicale
Il y a 30 ans, la Faculté de médecine révolutionnait les études de médecine et créait l’Unité de développement et de recherche en éducation médicale (UDREM). Cette unité de soutien au curriculum a non seulement profondément aidé à transformer l’approche pédagogique, mais elle continue de soutenir l’innovation. L’intelligence artificielle, les changements sociétaux et la valorisation de l’enseignement sont quelques-uns des défis que la Faculté de médecine, avec l’aide de l’UDREM, se propose de relever.
Numéro 50 - octobre 2024
En 1994, la Faculté de médecine introduit une réforme majeure de son curriculum médical. «En s’inspirant des travaux menés à l’Université de Sherbrooke, au Canada, ainsi qu’aux États-Unis, à la Southern Illinois University, la Faculté de médecine de l’UNIGE passe alors de cours quasi exclusivement ex cathedra pour adopter des formats d’enseignements en petits groupes, participatifs et centrés sur un problème médical concret, le maintenant bien connu Apprentissage par problèmes (APP)», rappelle Mathieu Nendaz, vice-doyen de la Faculté de médecine en charge de l’enseignement pré-gradué et de l’identité professionnelle, et Directeur de l’UDREM. «L’UDREM est alors créée pour soutenir cette transformation. Une particularité qui a placé Genève à l’avant-garde de l’éducation médicale.»
2024 marque donc les 30 ans d’une réforme historique de la manière dont sont formées les futures et futurs médecins. De la mise en place opérationnelle à la recherche académique en éducation médicale, l’UDREM s’est profondément transformée au fil du temps. «Si cette unité existe encore aujourd’hui, cela signifie que l’évolution en matière d’enseignement de la médecine est permanente, et requiert une grande attention», souligne Marie-Claude Audétat, directrice adjointe de l’UDREM. «L’UDREM a ainsi accompagné les profonds changements qui ont impacté les études en médecine, et notamment la nouvelle structuration des études en Bachelor puis Master selon le système de Bologne, la modification des règlementations fédérales et bien d’autres changements auxquels il a fallu faire face. Sa richesse réside cependant dans l’expertise unique que nous avons développée dans les domaines de la recherche en pédagogie médicale, de l’amélioration des pratiques éducatives et du soutien à la formation des formateurs et formatrices. Une des forces de l’UDREM, c’est de parvenir à arrimer tous ces enjeux pour avancer vite, et bien.»
Un programme pour définir les stratégies de demain
Aujourd’hui, la Faculté fait face à de nouveaux défis: l’arrivée de l’IA, les aspirations nouvelles des jeunes générations qui forcent à une certaine remise en question, ou encore les outils de travail à distance dont l’impact sur la fréquentation des salles de classe fait réagir une partie du corps enseignant. «Même si la mise en place des APP répondait, déjà à l’époque, à la désertification des auditoires!», sourit Mathieu Nendaz. «Quoi qu’il en soit, les formats s’essoufflent. Aujourd’hui, nous devons réfléchir à de nouvelles approches pédagogiques, en visant toujours la collaboration et l’intégration, mais en renforçant aussi d’autres aptitudes, telles que la synthèse orale et l’apprentissage entre pairs.»
Depuis 2023, la Faculté de médecine travaille à définir les stratégies futures. Le programme «ENSI 23-27» a ainsi vu le jour. Deux grandes consultations impliquant toutes les personnes concernées — enseignantes et enseignants, spécialistes de l’éducation médicale et des nouvelles technologies, étudiantes et étudiants — ont permis de réfléchir ensemble et définir quatre grandes orientations: renforcer le continuum entre les années Bachelor et Master pour une approche longitudinale et intégrée faisant appel à des formats d’apprentissage variés; former et accompagner les formateurs/trices en milieu clinique pour assurer à toutes et tous une supervision de qualité; développer l’identité professionnelle et le sens du métier de médecin au travers d’activités explicites et de la mise en place de programmes de coaching; et enfin valoriser le rôle d’enseignant/enseignante au sein de la Faculté et en termes de carrières.
«Une stratégie très riche mais complexe!», souligne Marie-Claude Audétat. «Nous sommes à un moment important: les bouleversements mis en lumière par la crise du COVID montrent la nécessité de trouver un langage commun et renforcer les liens entre les enseignant-es et les étudiant-es.»
Un lieu de dialogue et de partage
En soutenant le développement du curriculum et en menant des recherches innovantes, l’UDREM contribue à maintenir l’excellence de la Faculté de médecine – dont le processus d’accréditation, à renouveler tous les 7 ans, recommence cet automne. De plus, la collaboration avec d’autres institutions, tant nationales qu’internationales, renforce cette dynamique. «Même si la difficulté réside dans le fait de maintenir nos efforts sur le long terme en évitant l’essoufflement», ajoute Marie-Claude Audétat. «La mention au master et le doctorat en éducation médicale que nous avons créés l’année dernière rencontrent déjà un joli succès auprès des étudiantes et étudiants, preuve que ces questions intéressent la relève!» En célébrant ses 30 ans, l’UDREM réaffirme donc son engagement au service de la Faculté de médecine, pour évoluer et innover et ainsi répondre aux besoins des nouvelles générations d’étudiant-es et d’enseignant-es, et, plus généralement, de la population qui compte sur la qualité des médecins formé-es à Genève.
Pre Marie-Claude Audétat, directrice adjointe de l’UDREM
Pr Mathieu Nendaz, vice-doyen de la Faculté de médecine en charge de l’enseignement pré-gradué et de l’identité professionnelle & Directeur de l’UDREM