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MORPHEUS: un projet européen sur la thromboembolie veineuse

Marc Righini, professeur au Département de médecine de la Faculté de médecine et médecin-chef du service d’angiologie et hémostase des HUG, fait partie des investigateurs et investigatrices d’un large projet de recherche clinique européen visant à développer une approche personnalisée de la prise en charge de la maladie thromboembolique veineuse, 3e cause de décès par maladie cardio-vasculaire dans les pays occidentaux.

Numéro 50 - octobre 2024

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© Istock. Représentation d’un caillot sanguin.

La thrombose veineuse profonde et l’embolie pulmonaire, qui composent la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) sont des maladies fréquentes avec une morbidité et une mortalité élevée. En présence d’un facteur de risque majeur, tel une chirurgie ou un traumatisme, il est bien défini qu’un traitement anticoagulant de courte durée, 3 mois est suffisant.

Cependant, près de la moitié des personnes souffrant de cette maladie ne présentent pas de facteur de risque particulier. «Actuellement, la MTEV est soignée par anticoagulant pendant 3 à 6 mois après un premier événement», indique Marc Righini. «Si les modalités du traitement anticoagulant sont bien connues, la nécessité de prolonger ce traitement chez les patients et patientes qui ont présenté une MTEV sans facteur de risque évident reste mal évaluée... Or, les anticoagulants ne sont pas anodins — avec des risques d’hémorragies potentiellement graves — et nous devons absolument affiner les recommandations de traitements afin d’offrir une prise en charge adaptée à chaque malade.»

Suivi très rapproché d’une cohorte pan-européenne

Le but du projet MORPHEUS est de créer une cohorte prospective de patientes et patients volontaires pour pouvoir assurer un suivi longitudinal prenant en compte un large éventail de données cliniques, d’imagerie, sociologiques, de qualité de vie, mais aussi de nombreux biomarqueurs sanguins, et notamment les profils d’ADN, d’ARN messager et de protéomique (soit l’ensemble des protéines produites par l’organisme). Ces données permettront de développer un outil informatique simple qui permettra de calculer de manière individuelle le risque de récidive thromboembolique veineuse et le risque de complication hémorragique pour chaque patiente et patient. «Nous avons en effet besoin de collecter et analyser une très grande quantité de données de tous types afin de pouvoir dégager des informations pertinentes quant aux facteurs de risque génétiques ou environnementaux pour ensuite personnaliser la prise en charge», détaille Marc Righini. Cet outil, qui devrait être disponible d’ici 4 à 5 ans, devrait grandement faciliter la difficile décision de l’arrêt ou de la poursuite du traitement anticoagulant.

€10 millions sur 5 ans

Soutenu à la hauteur de €10 millions, ce projet impliquera plus de 90 centres universitaires dans 15 pays européens. Le professeur Righini, qui a étroitement participé à la définition et à l’élaboration du projet, en coordonnera le volet suisse. «Au-delà des soubresauts politiques entre la Suisse et l’Union européenne, il est essentiel pour les institutions académiques suisses de poursuivre leur implication dans de tels projets aux côtés de nos collègues provenant des pays européens. Il en va de l’avenir de la recherche dans notre pays», souligne Marc Righini. Le Secrétariat d'Etat à la Formation, à la Recherche et à l'Innovation (SEFRI) assure une partie du financement au titre des mesures transitoires mises en place lors de la suspension des négociations bilatérales, ce projet ayant été approuvé il y a déjà quelques mois. Depuis juillet 2024, les chercheurs et chercheuses suisses peuvent à nouveau participer à certains appels à projets du Conseil européen de la recherche. 

Pr Marc Righini, Département de médecine, Faculté de médecine UNIGE

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