In vitro veritas - L’UNIGE ouvre la chaire Doerenkamp-Naef-Zbinden, consacrée au développement d’alternatives à la recherche sur les animaux
Grâce au soutien de deux fondations, la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE) innove en créant la première chaire helvétique dédiée au développement de méthodes alternatives à l’expérimentation animale. Cette structure de formation et de recherche voit le jour grâce au soutien conjoint de la Fondation E. Naef pour la recherche in vitro (FENRIV) et de la Fondation Doerenkamp-Zbinden, toutes deux engagées dans le développement de modèles ne recourant pas aux animaux. Titulaire de cette chaire, le prof. Pierre Cosson présentera sa leçon inaugurale publique le jeudi 5 mars prochain.
Comment trouver des alternatives à l’expérimentation animale sans pénaliser la recherche? Un premier pas dans ce sens vient d’être franchi à l’UNIGE grâce à une manne de 1,5 million de francs suisses, répartie sur une période de cinq ans, dont bénéficiera la Faculté de médecine. A noter que c’est le soutien conjoint des fondations E. Naef pour la recherche in vitro et Doerenkamp-Zbinden qui permettra de financer la structure de formation postgraduée et de recherche dédiée à cette problématique.
Une
première
en
Suisse
Pionnière en Suisse, cette chaire inscrit sa création dans le sillage de celle d’autres chaires similaires à l’étranger, comme aux Universités de Constance (Allemagne), d’Utrecht (Pays-Bas) et John Hopkins, à Baltimore (USA). Elle sera occupée par le prof. Pierre Cosson, chercheur en biologie cellulaire au Département de physiologie cellulaire et métabolisme de l’UNIGE.
«Aujourd’hui, la problématique n’est pas tant de se demander s’il faut ou non interdire l’expérimentation animale, explique le prof. Cosson, mais plutôt d’imaginer quelles sont les alternatives possibles à ces pratiques. Les modèles d’étude vertébrés restent privilégiés pour mener de nouvelles recherches. Il s’agit donc pour nous de développer des outils pour la recherche fondamentale qui n’utilisent pas d’animaux, mais qui soient aussi performants voire meilleurs quand cela est possible.»
Une recherche sur deux axes
Les recherches menées dans le cadre de la chaire Doerenkamp-Naef-Zbinden porteront sur deux axes: le développement d’outils de recherche alternatifs et la systématisation de techniques ne recourant pas à des animaux.
Dans le premier cas, il s’agit d’améliorer les outils actuels de la recherche fondamentale, en favorisant l’utilisation de modèles d’étude non vertébrés. Pour tester la virulence d’une bactérie, celle-ci est inoculée à un hôte, généralement une souris. Cette dernière tombe-t-elle malade? Quelle est l’évolution de l’infection? Les recherches dirigées par le prof. Cosson testeront la possibilité d’utiliser l’amibe comme hôte, plutôt que la souris. Plus satisfaisant du point de vue éthique, ce modèle est également bien plus facile d’utilisation, permettant d’effectuer des milliers de tests sans difficulté et à moindre coût.
Le second axe concerne la technique de fabrication d’anticorps in vitro, sans recours à des animaux. Si ces techniques existent aujourd’hui et ont prouvé leur efficacité, leur mise en place dans les groupes de recherche reste difficile, tant l’acquisition de la méthode est chronophage et représente une charge trop lourde pour un laboratoire aux ressources limitées. Les scientifiques visent dans ce contexte à systématiser la méthode afin de pouvoir ensuite la proposer aux autres groupes de recherche. Là aussi, les avantages sont nombreux: production plus rapide, logistique facilitée, etc.
Pour le prof. Cosson, «les premières collaborations pourraient démarrer d’ici à une année. A terme, c’est-à-dire d’ici à cinq ans, l’ensemble des laboratoires de l’UNIGE devrait avoir accès à des anticorps générés par des techniques in vitro.»
Deux fondations, des objectifs partagés
D’origine autrichienne, la Fondation Doerenkamp–Zbinden est née en 1982 sous l’impulsion de Hildegard Doerenkamp et de feu le prof. Gerhard Zbinden. Cette fondation soutient le développement d’une recherche biomédicale respectueuse des animaux et qui vise une réduction maximale de leur souffrance. D’origine genevoise, la Fondation E. Naef pour la recherche in vitro encourage, elle, les chercheurs et scientifiques à développer des moyens de recherche efficaces, mais alternatifs à ceux basés sur l’expérimentation animale. Son créateur, Egon Naef, a réuni de nombreux donateurs autour du projet de soutien de la nouvelle chaire.
Le prof. Cosson donnera sa leçon inaugurale «In vitro veritas: un système immunitaire dans un tube à essai» le jeudi 5 mars à 12h30, au Centre médical universitaire, auditoire C150. La conférence est ouverte au public.
Contacts: Pierre Cosson au 022 379 52 93
25 févr. 2009