Une protéine puissante contre la sclérose en plaques - La recherche ouvre une nouvelle voie pour traiter certaines maladies neuro dégénératives auto-immunes
Un groupe de chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) met en lumière le rôle thérapeutique d’une protéine dans le traitement de maladies neuro dégénératives du cerveau, dont relève notamment la sclérose en plaques (SEP). S’appuyant sur les résultats de recherches entreprises sur des souris atteintes d’une forme induite de SEP, l’équipe a pu observer que cette protéine atténue la gravité des attaques, qu’elle a le pouvoir de protéger les cellules du système nerveux central comme de favoriser le processus de réparation. Ces données, qui font l’objet d’un article dans le dernier numéro de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), ouvrent de nouvelles perspectives de traitements des maladies neuro dégénératives d’origine auto-immune, comme la SEP.
La sclérose en plaques est une maladie chronique et invalidante touchant le cerveau et la moelle épinière, qui comprend une composante auto-immune et neuro dégénérative. Elle se traduit par une dégradation progressive de la gaine enveloppant les cellules du système nerveux central appelée myéline. La destruction de cette enveloppe protectrice se traduit par une détérioration du système des câblages nerveux le long desquels circulent les signaux électriques de l’influx nerveux. Les symptômes qui en découlent sont variés et peuvent inclure notamment une faiblesse localisée, des fourmillements persistants ou une baisse de la vision. C’est au niveau de la réponse à l’inflammation qu’il faut chercher la cause de tels dégâts engendrés par un phénomène de confusion: le système immunitaire des personnes atteintes de SEP prend les protéines de la myéline pour des corps étrangers. Un tel mécanisme, qui relève de l’auto-immunité, focalise l’attention de nombreux chercheurs aujourd’hui.
Le potentiel thérapeutique d’une protéine
Si, jusqu’à présent, les traitements de la SEP et des maladies neuro dégénératives qui s’y apparentent reposaient sur des substances inhibitrices du système immunitaire, ils ne permettaient que partiellement de ralentir la progression de la maladie, de par leur action insuffisante sur la composante neuro dégénérative de la maladie. Pour l’heure, on ne peut donc pas guérir d’une SEP; seule l’évolution du mal peut être freinée. L’absence de traitement curatif motive les recherches de Patrice Lalive, qui s’intéresse au potentiel thérapeutique d’une protéine dénommée Hepatocycte growth factor (HGF). Ce groupe, œuvrant au Département de pathologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’UNIGE, développe notamment des projets avec des équipes du Département des neurosciences fondamentales de l’UNIGE.
Une protéine qui module, protège et répare
La protéine HGF, décrite initialement comme un facteur de croissance cellulaire, était déjà connue pour induire une mobilité et une transformation morphologique de certaines cellules, ainsi que la régénération de certains organes. C’est en y recourant dans un modèle de souris transgéniques souffrant d’une forme murine de SEP que les chercheurs ont pu observer la capacité de cette molécule à moduler l’attaque immunitaire. Au-delà de cette propriété immuno modulatrice, la molécule détient également la capacité de protéger les neurones, ainsi que l’oligodendrocyte, la cellule responsable de la formation de la myéline.
Les scientifiques ont ainsi pu démontrer que la surexpression de la protéine HGF dans le cerveau de souris transgéniques permet, lors des attaques de SEP, de moduler la force de ces offensives en inhibant les cellules inflammatoires rentrant dans le système nerveux. Enfin, les analyses histologiques pratiquées par ces spécialistes sur des coupes du système nerveux montrent une protection des cellules neuronales et de la myéline touchées lors de l’attaque. La protéine HGF aurait donc une triple capacité, à savoir la modulation de l’auto-immunité, la protection des cellules du système nerveux central ainsi que leur réparation en cas d’attaque. Ce travail, financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, fait, à l’UNIGE, l’objet de la thèse de Mahdia Benkhoucha.
Patrice Lalive envisage de développer la prochaine étape de cette étude sur un mode non seulement fondamental mais aussi clinique, avec des patients atteints de SEP ou de formes voisines de maladies neuro dégénératives: «Nous devrons vérifier si la protéine HGF est dotée du même trio de compétences: immuno modulatrices, protectrices et réparatrices, pour les cellules du système nerveux central chez l’homme». Les travaux de l’équipe genevoise, publiés dans la revue PNAS du mois de mars, sont un pas important sur le chemin des thérapies innovantes dans la SEP.
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