COHESION : un projet international pour lutter contre les maladies affectant les populations les plus vulnérables
L’Université de Genève (UNIGE) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) associent une vingtaine de chercheurs d’instituts partenaires au Mozambique, au Népal et au Pérou, ainsi que de l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement et de l’Université de la Suisse italienne, pour aborder le double fardeau que représentent les maladies chroniques et les maladies tropicales négligées pour les populations les plus vulnérables. Financé par le Fonds national suisse (FNS) et la Direction du développement et de la coopération (DDC), le projet COHESION - pour COmmunity HEalth System InnovatiON - vise à évaluer la prise en charge actuelle des maladies chroniques et des maladies négligées dans les pays en voie de développement, à en comprendre les enjeux, et à développer, avec les acteurs locaux et en tenant compte des aspects culturels et de genre, des interventions adaptées au contexte propre à chacun des pays concernés. Des équipes pluridisciplinaires composées de médecins, d’économistes, de spécialistes des systèmes de santé ou encore d’anthropologues apporteront ainsi un soutien concret aux communautés touchées.
Si les maladies transmissibles figurent toujours parmi les causes les plus importantes de mortalité et de morbidité dans les pays à faible et moyen revenus, les relevés épidémiologiques montrent que les changements de mode de vie, notamment l’urbanisation, conduisent à une augmentation marquée des maladies chroniques - maladies cardiovasculaires, diabète, cancer et maladies respiratoires en tête. Par ailleurs, les affections chroniques engendrent, à long terme, d’importants frais de traitement, une invalidité et une perte de productivité pour le malade, ainsi que, fréquemment, de la discrimination envers les personnes atteintes et leur entourage. Ces maladies, qui affectent le plus souvent les populations les plus pauvres, constituent ainsi un lourd fardeau économique et social, non seulement pour les patients, mais également pour leurs familles, leur communauté, et les systèmes de santé.
« Les maladies non transmissibles et les maladies tropicales négligées ont trop longtemps été ignorées par la communauté internationale et par les organisations onusiennes. Mais la prise de conscience a heureusement eu lieu », indique David Beran, chercheur à la Faculté de médecine de l’UNIGE et aux HUG, qui coordonne le projet COHESION. « Pour que les interventions soient efficaces, une excellente compréhension des systèmes de santé et des contextes locaux est nécessaire. C’est la raison pour laquelle notre projet s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire, présente sur quatre continents. C’est ce caractère unique – tant au niveau des compétences que de la pluralité des pays impliqués - qui permettra d’obtenir un véritable effet sur la santé et le bien être des communautés avec lesquelles nous travaillerons», ajoute-t-il.
Les soins de santé primaire au cœur du projet
Le projet COHESION se déroulera en deux phases : la première visera à comprendre, grâce à une méthodologie diversifiée (revue de littérature, analyse des politiques globales et nationales, évaluation des systèmes de santé, entretiens qualitatifs, enquêtes quantitatives, etc.), les obstacles et les éléments favorisant la prise en charge des maladies chroniques et des maladies tropicales négligées. Dans un deuxième temps, sur la base des études menées dans les trois contextes représentatifs que sont le Pérou, le Népal et le Mozambique, il s’agira de développer, en partenariat avec les acteurs locaux et en tenant compte des aspects socio-culturels, des interventions adaptées aux communautés et aux structures de santé primaires de ces pays.
En effet, de multiples synergies peuvent être développées au niveau politique ainsi qu’au niveau des systèmes de santé et des structures de soins, pour optimiser la prise en charge préventive et curative des maladies non transmissibles et des maladies tropicales négligées, voire même d’autres problématiques sanitaires. François Chappuis, professeur à la Faculté de médecine de l’UNIGE et chef du service de médecine tropicale et humanitaire des HUG, s’enthousiasme : « Il est grand temps d’abandonner les approches verticales unidimensionnelles pour favoriser une approche beaucoup plus large et efficace, intégrées aux soins de santé primaire. »
Des solutions ancrées dans les pays
Le professeur Albertino Damasceno souligne l’importance d’un tel projet pour son pays, le Mozambique. « Si la lutte contre les maladies non transmissibles et les maladies négligées a récemment été reconnue comme prioritaire par le Ministère de la santé, elle est toujours en concurrence avec le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose qui ont bénéficié d’une plus grande attention, tant de la part des autorités locales que des bailleurs de fonds internationaux. COHESION va permettre d’identifier les contraintes et les lacunes sur le terrain et, enfin, favoriser une prise en charge plus complète de toutes les maladies affectant les Mozambicains, » indique-t-il.
Le Dr Jaime Miranda, du Pérou, renchérit: « Tout individu qui se rend dans une structure de soins attend un service de qualité. Que vous soyez atteint d’une maladie non transmissible ou d’une maladie tropicale négligée, en tant qu’utilisateur du système, vous attendez une réponse. Aborder les deux types de maladies conjointement, qui sont toutes deux chroniques, permet de mutualiser les ressources au-delà des approches sectorielles.»
COHESION, c’est :
•En Suisse: David Beran (UNIGE et HUG); Sandro Cattacin (UNIGE); François Chappuis (UNIGE et HUG); Claire Somerville (UNIGE); L. Suzanne Suggs (Università della Svizzera italiana).
•Au Mozambique: Albertino Damasceno (Eduardo Mondlane University, Maputo, Mozambique)
•Au Népal: Nilambar Jha, (B.P. Koirala Institute of Health Sciences, Dharan, Nepal)
•Au Pérou: Jaime Miranda, (Universidad Peruana Cayetano Heredia, Lima, Peru).
Contact: David Beran Suzanne SuggsSarah Lachat 076 346 28 89
27 mai 2016