COVID-19: les symptômes persistent dans un tiers des cas
Des médecins genevois montrent que certains symptômes de la COVID-19 peuvent durer plus de six semaines, même sans facteurs de risques sous-jacents.
Depuis son apparition fin 2019, la COVID-19 interroge les médecins comme les personnes affectées par la variété et la durée de ses symptômes. Le virus entraîne, chez certain-es patient-es, une maladie qui se prolonge sur une durée inhabituellement importante. Le terme «COVID long» est alors utilisé chez les personnes qui continuent de signaler des symptômes plusieurs semaines après l’infection. Pour mieux comprendre ce phénomène, une équipe de médecins et épidémiologistes, de l’Université de Genève (UNIGE), des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de la Direction générale de la santé de l’État de Genève ont suivi près de 700 personnes positives au SARS-CoV-2 ne nécessitant pas d’hospitalisation. Six semaines après le diagnostic, 33 % d’entre elles souffrent encore de fatigue, de perte d’odorat et du goût, ou encore d’essoufflement et de toux. Ces résultats, à lire dans la revue Annals of Internal Medicine, appellent à mieux informer les patient-es et les médecins qui les suivent, et à rappeler que l’infection au SARS-CoV-2 n’est pas anodine.
Même si en quelques mois les connaissances médicales et scientifiques autour du SARS-CoV-2 ont été considérablement renforcées, plusieurs aspects de cette maladie restent mystérieux, notamment quant à l’évolution et des conséquences à long terme de ce nouveau virus. «Dès l’arrivée de la pandémie dans notre pays, nous avons été confrontés à de nombreuses questions», explique le professeur Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours des HUG et médecin-épidémiologue au Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE qui a dirigé ces travaux. «Nous avons mis sur pied dès le mois de mars le dispositif de suivi «COVICARE», afin d’offrir un suivi à distance aux malades pouvant être pris en charge de manière ambulatoire en l’absence de leur médecin traitant. Nous avons ainsi pu comprendre l’évolution de la maladie chez les personnes ne souffrant, pour la majorité d’entre elles, ni de facteurs de risques particuliers, ni d’une forme grave de la maladie.»
Des patient-es fatigué-es
Dans cette étude, 669 personnes ont été suivies: âge moyen 43 ans, 60% de femmes, 25% de professionnel-les de la santé et 69% sans facteurs de risque sous-jacents qui seraient liés à des complications de la COVID-19. À six semaines du diagnostic, près d’un tiers des participant-es présentaient encore un ou plusieurs symptômes liés à la COVID-19, principalement la fatigue (14 %), l’essoufflement (9 %) et la perte de goût ou d’odorat (12 %). De plus, une toux persistante a été rapportée dans 6 % des cas et des maux de tête dans 3 %.
La Dre Mayssam Nehme, cheffe de clinique dans l’équipe du professeur Idris Guessous et première auteure de ces travaux, décrit l’état d’esprit des malades: «Outre la pénibilité physique de leurs symptômes, beaucoup étaient très inquiets de savoir combien de temps allaient durer leurs symptômes. Certaines séquelles demeurent d’ailleurs sans réponse médicale claire. Dans l’état actuel des connaissances, il est important d’accompagner les personnes concernées et de les écouter», ajoute-t-elle. Dans cette optique, les HUG ont créé une consultation spécifique pour les cas de COVID-long afin d’améliorer leur prise en charge et les guider à travers le système de santé.
Mieux comprendre pour mieux informer
De fait, la persistance des symptômes doit être reconnue pour, d’une part, légitimer les préoccupations des patient-es face à une maladie nouvelle et inconnue et, d’autre part, optimiser leur prise en charge. « Cela passe par une campagne d’information auprès de la population et du personnel soignant, mais aussi plus largement auprès des employeur-es, des assurances et de la société en général. Il est essentiel que toutes et tous se rendent compte que même des personnes à priori en bonne santé peuvent se retrouver épuisées par la COVID-19, même plusieurs semaines ou mois après l’infection. Il faut s’en protéger le plus possible», concluent les auteur-es. L’étude se poursuit actuellement pour comprendre l’évolution à long terme de ces malades, en assurant le suivi de la cohorte à 3 mois, 7 mois et 12 mois après l’infection.
8 déc. 2020