Le syndrome post-Covid résulte bien de l'infection
Une étude des HUG et de l'UNIGE confirme que ce syndrome est largement dû à l’infection par le SARS-CoV‑2 et dans une moindre mesure au contexte pandémique.
Des personnes testées pour le SARS-CoV-2 aux HUG ont été suivies par questionnaire, d’avril à juillet 2021, un an après leur infection par le variant Alpha. (c) HUG
Une étude des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE) répond à une question que se posent les experts du SARS-CoV-2 depuis l’apparition du syndrome post-COVID (aussi appelé COVID-long) : est-il dû à l’infection proprement dite ou à des effets indirects de la situation de pandémie et des mesures sanitaires ? L’étude confirme que les symptômes de ce syndrome sont largement dus à l’infection par le SARS-CoV‑2 et à une moindre mesure au contexte pandémique. Elle montre que les symptômes persistent après 12 mois et qu’ils ont un impact sur les activités de la vie quotidienne et la capacité de travail. Il s’agit de la première étude d’envergure sur le post-COVID à comparer un groupe de population infecté à une population avec un test PCR négatif sur une période d’un an. La publication, à découvrir dans la revue Journal of Internal Medicine, souligne l’importance de la mise en place d’une prise en charge appropriée.
Le syndrome post-COVID se caractérise par des symptômes de la maladie COVID‑19 persistants au moins trois mois après une infection au SARS-CoV-2. Devant la grande diversité des symptômes et le manque de connaissances sur ce sujet, les milieux scientifiques et médicaux souhaitent mieux en comprendre l’évolution et les causes exactes. Sont-elles majoritairement dues à l’infection proprement dite ou, au contraire, à des effets indirects induits par la situation de pandémie, notamment les mesures sanitaires de confinement et les conséquences sociales et économiques qui en découlent?
En comparant, une année après, les personnes testées positives au SARS-CoV-2 à celles testées négatives, les chercheurs et chercheuses des HUG et de l’UNIGE rapportent que 33,4 % des personnes infectées ont des symptômes résiduels légers à modérés, contre 6,5 % dans le groupe témoin. « Nos résultats confirment que la cause principale du post-COVID est bien l’infection par le virus, mais qu’il faut aussi considérer une part indirecte engendrée par la situation pandémique », précise la première auteure de l’étude, la Dre Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours des HUG.
Capacité fonctionnelle impactée
Des personnes testées pour le SARS-CoV-2 aux HUG ont été suivies par questionnaire, d’avril à juillet 2021, un an après leur infection par le variant Alpha. 1 447 personnes symptomatiques au moment du test ont été retenues pour l’étude, dont 20 % présentaient un test PCR positif et 80 % un test PCR négatif.
Les symptômes principaux rapportés par les participants et les participantes comprennent la fatigue, la dyspnée (gêne respiratoire), les maux de tête, l’insomnie et les difficultés de concentration. Les personnes infectées par le SARS-CoV-2 ont rapporté que ces symptômes impactaient leur capacité à mener les activités de la vie quotidienne dans 30,5 % des cas, contre 6,6 % pour le groupe témoin. Notamment, la productivité ou la capacité de travailler est jusqu’à trois fois inférieure chez les personnes infectées. La Dre Mayssam Nehme s’en inquiète : « Cette perte de capacité fonctionnelle atteint la vie sociale, professionnelle et personnelle. Elle pourrait donc avoir un coût non négligeable pour la société. » D’autant que tout le monde semble concerné : les hommes comme les femmes, les personnes en dessous de 60 ans et indépendamment d’antécédents médicaux ou psychiatriques.
Dégradation de la qualité de vie
La qualité de la santé psychologique s’est révélée faible dans les deux groupes, suggérant un impact global de la pandémie sur la qualité de vie, indépendamment de l’infection. Les niveaux d’anxiété et de dépression sont même plus hauts dans le groupe des personnes non infectées que dans celui des personnes infectées.
Réduire le risque
Les symptômes persistants affectent la capacité fonctionnelle jusqu’à 12 mois après l’infection. « Ces résultats confirment que l’affection à long terme est complexe, qu’elle peut avoir un impact sur le quotidien, et nous n’en apercevons certainement qu’une partie. Il est donc nécessaire de mettre en place une prise en charge adaptée, c’est-à-dire pluridisciplinaire compte tenu de la grande diversité des symptômes », indique le Pr Idris Guessous, médecin-chef du Service de premier recours des HUG et professeur associé au Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE.
Alors que le SARS-CoV-2 continue d’évoluer et de se propager, les milieux médicaux doivent continuer à surveiller les patients et les patientes et les encourager à éviter l’infection ou la réinfection, quels que soient leur âge, leur sexe et leur état de santé, afin de réduire le risque de contracter un syndrome post-COVID.
Souffrez-vous du Syndrome post-COVID ?
Les responsables de l’étude ont, par ailleurs, créé la plateforme RAFAEL en novembre 2021. Elle permet aux personnes de déterminer si elles présentent ou non des symptômes post-COVID et de les orienter dans le réseau de soins. RAFAEL est destiné à toutes les tranches d’âge.
Sur cette plateforme sont organisés, chaque mois jusqu’en juin, des webinaires. Ils permettent aux internautes d’échanger avec des médecins des HUG et d’autres spécialistes en lien avec cette problématique. Le prochain aura lieu le mercredi 6 avril 2022. Agenda des webinaires : https://post-covid.hug.ch/evenements-agenda
15 mars 2022