Histoire
L’observatoire transfrontalier des inégalités sociales de santé est une initiative d’un groupe actif dans des structures sur le Grand Genève (Université de Genève, Groupe Santé Genève, association AIDES, Unité VIH des Hôpitaux Universitaires de Genève, Centre hospitalier Annecy Genevois). Ce groupe s’est constitué à la suite d’une clinique d’analyse sociale conduite par l’Université de Genève en 2020, et qui portait sur les enjeux de la lutte contre le VIH/sida à l’échelle transfrontalière franco-suisse. La perspective de ce groupe transfrontalier était alors de se saisir de cette échelle territoriale afin de mieux lutter contre le VIH/sida. Le présent observatoire est l’un des projets retenus comme prioritaire à opérationnaliser.
Cet observatoire repose sur deux piliers. Le premier pilier est celui des inégalités sociales de santé. La démarche de l’observatoire repose sur le constat que la lutte contre le VIH/sida ne peut pas être considérée par le seul prisme biomédical, mais doit tenir compte plus généralement des inégalités sociales auxquelles sont confrontées les personnes usagères des structures partenaires de l’observatoire. Ces personnes sont vulnérabilisées par une multiplicité de facteurs dépassant l’infection virale à laquelle elles sont exposé·e·s. Des déterminants comme l’origine, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou encore le niveau socio-économique nécessitent d’être mobilisés afin de mieux appréhender la dimension structurelle de ces inégalités.
Le second pilier sur lequel repose l’observatoire réside dans la dimension transfrontalière du territoire. La question des inégalités sociales de santé et notamment dans leur dimension territoriale se pose à l'échelle d'une agglomération transfrontalière comme le Grand Genève. Les mobilités transfrontalières des personnes rencontrées dans les accueils des structures partenaires, leurs actions de terrain, les diverses consultations, etc., imposent cette lecture du territoire, celle d'un territoire de santé à part entière (Charpentier, Roduit, et al., 2021; Roduit, 2020).
L’observatoire trouve ainsi son origine dans les constats de terrain des acteur·tricexs qui sont en première ligne dans la lutte contre le VIH et la volonté de celles et ceux-ci de parvenir dans un horizon le plus proche possible à une fin d’épidémie. C’est pour cela que l’observatoire s’inspire des principes de la recherche communautaire. C’est à dire une recherche en collaboration entre scientifiques et acteur·tricexs communautaires, qui s’inscrivent ensemble dans un partenariat équilibré. Les partenaires apportent chacun leurs propres expertises, et partagent les responsabilités. La recherche communautaire est issue des besoins des groupes concernés et vise à leur apporter une réponse en associant démarche scientifique et action. Elle a ainsi un double objectif : scientifique et d’utilité sociale (Demange, Henry, et al., 2012).