Chers collégiennes et collégiens,

Je suis heureux de vous accueillir dans notre Université, qui deviendra, je l’espère, votre Université. Certains sont venus de loin et ont dû se lever très tôt ce matin pour assister à cette journée. Je pense particulièrement aux élèves confédérés. Je salue également avec plaisir les élèves des écoles privées, les jeunes étrangers de la communauté internationale, vivant à Genève et les lycéens français habitant près de nos frontières.

Je remercie enfin chaleureusement les membres de la communauté universitaire qui ont œuvré pour que cette journée remplisse ses promesses.

Certes, votre préoccupation la plus immédiate à vous, collégiens, est bien sûr de réussir votre maturité ou votre baccalauréat, mais vous avez raison de vous soucier dès maintenant de votre avenir et de rassembler toutes les informations possibles pour choisir vos études futures en connaissance de cause.

Transition entre le statut de collégien et celui d’étudiant
J’aimerais vous rendre attentifs au saut qui existe entre le statut du collégien et celui de l’étudiant. L’université est , en effet, une institution qui a des règles et des coutumes très différentes de celles du collège. Ce qui vous frappera au départ, c’est l’immensité des lieux, la nécessité de vous déplacer passablement d’un bâtiment à l’autre pour suivre vos cours, de fréquenter des auditoires bondés, de n’avoir pas forcément très vite un contact personnalisé avec vos professeurs. Vous risquez de vous sentir seuls. Il vous faudra vous armer de courage surtout durant les trois premiers mois qui sont les plus difficiles. C’est pourquoi, avoir préparé un projet bien défini contribue à supporter les quelques vicissitudes du début.

Pour faciliter ces trois premiers mois, cruciaux pour la réussite de vos études, il existe une brochure, que certains d’entre vous ont déjà reçue, intitulée " 3 clés pour l’Université " qui a le mérite de rassembler en peu de pages tous les renseignements de base pour un bon départ.

La gestion du temps est peut-être le problème le plus difficile auquel vous serez confronté. Quand vous commencerez l’université, vous ressentirez une certaine ivresse devant votre nouvelle liberté, car personne ne vous reprochera de ne pas assister aux cours, c’est devenu votre propre affaire et vous devrez apprendre à gérer cette nouvelle autonomie, en alternant judicieusement loisirs et temps d’étude.

Dans certaines facultés, comme le Droit ou la Médecine, le programme de la première année est fixé à l’avance, mais dans d’autres facultés, comme les Lettres ou les Sciences économiques et sociales, vous aurez la responsabilité d’échafauder vous-même votre programme, donc de devoir définir ce que vous avez envie de faire, comment, dans quels délais, bref de planifier vos études à court, moyen et long terme en gardant présent à l’esprit dans quel but ultime vous faites tout cela.

Qu’est-ce que l’Université de Genève peut vous apporter aujourd’hui ?
Définir ce que l’université peut vous apporter aujourd’hui, n’est pas chose aisée. L’université est une grande institution qui remplit des missions multiples, quelques unes allant de soi comme la formation , d’autres sont moins visibles comme la contribution à la recherche, au développement des connaissances, à la progression de l’esprit humain.

Certains parmi vous viennent chercher à l’université la formation à une profession. Et l’université est, par excellence, le lieu de formation des meilleurs professionnels : économistes, gestionnaires, psychologues, médecins, avocats, professeurs aussi bien que scientifiques de haut vol. Au surplus, vous trouverez à l’Université de Genève des enseignements et une formation offerts dans des domaines interdisciplinaires, par exemple celui des relations internationales, une problématique proche de la vie des Genevois du fait de la présence à Genève des sièges de multiples organisations internationales

Mais, même si elle consacre ses forces à former des jeunes cadres destinés à remplir les fonctions les plus complexes de la vie et de la cité modernes, la tâche éducative de l’université est plus vaste encore. Au risque de vous surprendre et peut-être même de vous choquer, permettez-moi d’insister sur ce point, l’université n’est pas une école professionnelle, c’est l’école de l’esprit et de la culture. " Science sans conscience n’est que ruine de l’âme " a dit le philosophe. En ces temps troublés, ce vieil adage prend tout son sens.

La mission de vos professeurs ne consistera pas seulement à vous apprendre, tâche déjà noble et difficile, mais surtout à vous " apprendre à apprendre " , et à vous fournir les instruments qui feront de vous des êtres libres.