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 Communiqué de presse 

Une découverte "phéromonale"

L'équipe du prof. Ivan Rodriguez, du Département de zoologie et de biologie animale de l'Université de Genève, en collaboration avec le groupe du prof. Marie-Christine Broillet de l'Université de Lausanne, vient d'identifier la première paire phéromone-récepteur chez un mammifère. Les phéromones sécrétées par les animaux jouent en effet un rôle primordial dans le comportement et la survie d'une même espèce. Jusqu'à présent, les chercheurs avaient localisé le lieu de perception des phéromones dans un organe appelé voméronasal, mais aucun n'avait pu démontrer quels récepteurs étaient spécifiquement en charge de cette perception. Les résultats de l'équipe genevoise publiés ce mois dans la revue Nature Neuroscience apportent un important élément de réponse en démontrant que ce sont les V1r - une importante famille de récepteurs localisée dans l'organe voméronasal - qui fonctionnent comme récepteurs à phéromones chez la souris.

Présentes dans la salive, la sueur et d'autres sécrétions, les phéromones sont des molécules produites par un animal, qui lorsqu'elles sont perçues par un individu de la même espèce, vont déclencher une réaction innée et modifier son comportement ou son état endocrinien, généralement lié à la reproduction. Pour la souris, comme pour pratiquement tous les mammifères - à l'exception notable des grands singes et de l'homme - les phéromones jouent un rôle important, voire indispensable à la survie de l'espèce.

Toutefois, s'il était connu que tous ces animaux possèdent un organe situé dans la cavité nasale, appelé organe voméronasal, qui capte ces messagers chimiques, l'identité des récepteurs spécifiquement chargés de les percevoir était encore ignorée jusqu'à la découverte du groupe du prof. Ivan Rodriguez, du Département de zoologie et de biologie animale de L'Université de Genève. En effet, les chercheurs genevois, en collaboration avec l'équipe du prof. Marie-Christine Broillet de l'Université de Lausanne, viennent d'identifier la première paire phéromone-récepteur chez un mammifère. Ils ont démontré que ce sont les V1r - des récepteurs très spécifiques que l'on trouve dans l'organe voméronasal - qui fonctionnent comme récepteurs à phéromones chez la souris. L'organe voméronasal est constitué de neurones directement connectés au cerveau et qui contiennent ces V1r.

La démonstration du rôle des récepteurs V1r dans la perception des phéromones a été faite grâce à une génération de souris transgéniques. Celles-ci ont permis de visualiser les neurones sensoriels qui expriment un récepteur donné, en devenant vert fluorescent. Les neurones colorés provenant de ces souris ont alors été isolés, et leur réponse électrique potentielle à diverses phéromones mesurée. Cette opération a ainsi permis d'identifier une phéromone qui active ces neurones. Les chercheurs ont ensuite pu montrer que la disparition du récepteur exprimé dans ces neurones, en l'occurrence le V1r, entraînait l'incapacité de ces neurones à reconnaître la phéromone en question.

Ces recherches sont d'un intérêt particulier, sachant que l'être humain possède quelques gènes codant pour des récepteurs très similaires au V1r de souris, mais dont le rôle nous échappe encore.

Un jeune chercheur distingué

Le prof. Ivan Rodriguez, du Département de zoologie et biologie animale de la Faculté des sciences, fait partie des 23 "jeunes chercheurs" sélectionnés en 2002 par l'EMBO (l'Organisation européenne de biologie moléculaire) pour recevoir des fonds supplémentaires destinés à sa recherche en neurobiologie. Cette organisation est soutenue par 22 pays du vieux continent ainsi que par Israël et la Turquie. Elle compte 1100 membres, des scientifiques parmi lesquels 30 qui ont reçu le prix Nobel de médecine et de physiologie ou de chimie. Basée à Heidelberg en Allemagne, l'EMBO est à la biologie moléculaire ce que le CERN est à la physique des hautes énergies.

Cette découverte majeure sera publiée dans la revue Nature Neuroscience, dans le courant du mois de décembre 2002 et sur leur site internet aujourd'hui sous www.nature.com/neuro/

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Ivan Rodriguez , tél. 022 702 52 17


Genève et Lausanne, le 18 novembre 2002