L'hépatite B terrassée par une nouvelle protéine - A l'UniGe, des chercheurs du Pôle Frontiers in Genetics éclairent les stratégies antivirales d'APOBEC3G
De par le monde, ce ne sont pas moins de 300 millions de personnes qui sont atteintes par le virus de l'hépatite B dont on estime aujourd'hui qu'il est le premier responsable de cancer du foie. Au Département de génétique et de microbiologie de l'Université de Genève, l'équipe du prof. Didier Trono vient de découvrir qu'une protéine contenue dans nos cellules est capable, sous certaines conditions, de s'opposer à la réplication et à la dissémination du virus. Ces travaux, réalisés dans le cadre du Pôle Frontiers in Genetics, font suite à des recherches effectuées sur le virus du SIDA par la même équipe qui avaient permis de faire la lumière sur cette protéine, baptisée APOBEC3G. Ils seront publiés dans la prestigieuse revue Science le 19 mars 2004. A voir toutes les épidémies qui courent le monde, on se dit que notre corps n'a guère d'armes pour se défendre contre les attaques des agents pathogènes en général et des virus en particulier. Rien n'est plus faux. L'évolution l'a doté, comme tous les autres organismes, de stratégies de défense éminemment complexes. Tellement complexes d'ailleurs que les chercheurs ne cessent d'en mettre en lumière de nouvelles. La découverte du prof. Didier Trono et de son équipe, destinée à être publiée dans le magazine Science du 19 mars prochain, ouvre des voies intéressantes vers de nouveaux horizons thérapeutiques. Réalisée dans le cadre du programme national de recherche Frontiers in Genetics à l'Université de Genève, elle porte sur une protéine baptisée APOBEC3G dont les scientifiques genevois viennent de découvrir qu'elle a la capacité d'agir sur un virus bien connu pour les dégâts qu'il provoque sur la santé humaine: l'hépatite B. Pour comprendre comment l'équipe est parvenue à ce résultat, il est utile de revenir en arrière de quelques mois. En 2002, Michaël Malim, du Collège Royal de Londres, annonce avoir identifié une nouvelle protéine en travaillant sur le virus du SIDA. Ce que lui et son équipe tentent de comprendre à l'époque, ce sont les mécanismes mis en place par ce rétrovirus létal pour échapper aux défenses pourtant musclées de notre système immunitaire. L'un des coupables les plus notoires est une protéine appelée VIF. Les Anglais enquêtent et découvrent qu'elle est principalement capable d'inhiber l'action d'une protéine de défense inconnue jusqu'ici et émise par la cellule en proie à l'infection. Ils la baptisent APOBEC3G. Reste à en éclaircir le rôle exact. A Genève, le laboratoire universitaire de Didier Trono s'intéresse de très près au virus du SIDA. A l'instar de tous les autres virus, celui-ci est incapable de se reproduire seul. Il est obligé d'utiliser la machinerie cellulaire d'un hôte. Généralement, il s'accroche sur la membrane d'une cellule, provoque son ouverture et y injecte son matériel génétique, un acide nucléique, la contraignant à fabriquer de nouveaux virus. Cet acide nucléique peut être un ADN ou alors, dans le cas des rétrovirus comme celui du SIDA, un ARN. Avec en main des protéines APOBEC3G et différentes souches virales, l'équipe genevoise tente de comprendre le rôle des premières. "Ce que nous avons mis en évidence, explique Didier Trono, c'est le fait que APOBEC3G est capable de bloquer nombre de rétrovirus en provoquant des mutations sur le matériel génétique qu'ils déposent dans les cellules au point que ceux-ci ne peut plus commander la réplication de nouveaux virus. " Le mal à la racine La mise en lumière des procédés employés par APOBEC3G pourrait à long terme permettre le développement de nouvelles réponses thérapeutiques. S'il existe bien un vaccin contre l'hépatite B, une grande partie des porteurs n'ont pu recevoir ce traitement prophylactique à temps et se voient infectés de manière chronique avec de grandes chances de développer une cirrhose ou, plus grave encore, un cancer hépatique. Cet aspect chronique pourrait refléter la difficulté qu'éprouve parfois APOBEC3G à lancer son action. Si cette hypothèse se confirme, il n'est pas interdit d'imaginer qu'un jour la thérapie génique permette de "doper" les cellules hépatiques avec des "vecteurs de transfert génétique" codant pour cette protéine, leur donnant ainsi le surplus d'énergie nécessaire à l'élimination du virus. Pour découvrir les activités du laboratoire du professeur Didier Trono, veuillez cliquer sur le lien suivant www.frontiers-in-genetics.org Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
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