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 Communiqué de presse 

Une équipe genevoise et un aspirateur découvrent une cause génétique de l'épilepsie

Le hasard fait curieusement les choses. C'est notamment parce que l'équipe de nettoyage passait l'aspirateur dans l'animalerie de leur laboratoire les lundis et jeudis, que le groupe d'Ueli Schibler, membre du Pôle de Recherche National Frontiers in Genetics et professeur au Département de biologie moléculaire de l'Université de Genève, a découvert que certaines modifications génétiques pouvaient provoquer chez les souris la survenue de graves crises d'épilepsie. Les gènes impliqués dans cette étude sont quasiment identiques chez la souris et l'homme et sont essentiels pour le fonctionnement de l'horloge biologique qui contrôle le cycle circadien de certains autres gènes. Cette étude est publiée aujourd'hui dans la revue Genes & Development.

Les cycles circadiens sont responsables des différences de rythme dans les processus physiologiques que connaissent les êtres vivants pendant une journée de 24 heures. Température du corps, taux d'hormone, fréquence cardiaque, autant de paramètres qui évoluent en fonction du temps.

C'est en étudiant trois gènes impliqués dans l'établissement de ces cycles circadiens et liés à une famille de protéines baptisées PAR bZip que l'équipe du prof. Ueli Schibler s'est par hasard aperçu que leur absence déclenchait chez les rongeurs de graves crises d'épilepsie. En effet, pour comprendre la fonction d'un gène, il est généralement très utile de créer des animaux transgéniques. En l'occurrence, des souris qui ne possèdent pas le gène étudié permettent d'observer ce que cette absence déclenche chez elles. C'est pour cette raison et pour comprendre les relations qui existent entre les trois gènes étudiés que les chercheurs ont généré trois sortes de souris à qui il manque un, deux ou trois gènes.

Question de ménage
En les suivant attentivement, l'équipe remarqua assez vite que les individus à qui l'on avait soustrait trois gènes, voyaient leur espérance de vie diminuer significativement. La moitié d'entre elles trépassaient avant deux mois et seul un cinquième vivait au-delà d'un an. Mais ce constat fait, la cause de ces décès précoces restait parfaitement inconnue.

C'est alors que deux collaborateurs d'Ueli Schibler, Fred Gachon et Pascal Gos, reprirent toutes leurs notes et leurs observations pour les analyser de la façon la plus fouillée possible. Ils découvrirent alors que les souris en question passaient plus souvent de vie à trépas les lundis et jeudis. Pourquoi ce cycle hebdomadaire? Quel processus biologique pouvait bien s'exprimer selon cette régularité? A force d'enquête, ils s'aperçurent que l'équipe de nettoyage passait l'aspirateur dans l'animalerie ces deux jours-là. Se pouvait-il qu'il y ait un rapport? A leur grande surprise, ils découvrirent que oui. En faisant l'expérience eux-mêmes, ils remarquèrent que le bruit de l'aspirateur provoquait de graves crises d'épilepsie chez les souris ne possédant plus les trois gènes. Une étude plus poussée encore révéla que ces mêmes rongeurs étaient souvent victimes de crises spontanées, sans le concours d'aucun bruit.

Au plan génétique, l'équipe genevoise a mis en évidence que l'absence des trois gènes en question induisait le mauvais fonctionnement d'un autre gène, Pdxk, et que cette dérégulation pourrait être impliquée dans ces phénomènes d'épilepsie. Dans les génomes de la souris et de l'homme, Pdxk se situe juste à côté du gène CstB. Ce dernier a été impliqué dans la maladie "Unverricht-Lundstrom", une épilepsie héréditaire chez l'homme. Il sera donc important de vérifier si la dérégulation de Pdxk chez l'homme pourrait également contribuer au développement de cette maladie. D'autre part, l'équipe du prof. Schibler s'attaque maintenant à l'étude du vieillissement accéléré qui semble aussi affecter ces souris modifiées.

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Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Ueli Schibler au 022 379 61 75


Genève, le 15 juin 2004